Qu’en est-il des croyances et des superstitions sur la scène ? Le saviez-vous, il existe des tas de mots tabous au théâtre... Des mots qu’on redoute et qu’on ne prononce pas !... De la dignité voyons, chère Dominique ! Ne portez jamais de vêtement vert sur la scène, vous en tomberiez malade comme Molière, vêtu couleur chou de Bruxelles le jour de la dernière du « Malade ». Merde, le texte se digère mal ! Dites « merde ! » aux acteurs, et, pour évaluer le succès du spectacle, comptez donc le nombre des chevaux arrêtés devant le théâtre. Le crottin est le signe du succès : merde et trois fois merde ! La scène est un bateau, ouvert à tous les équipages, pourvu qu’ils ne parlent pas de corde, mais de guinde ou de boute... La corde, c’est bon pour les marins condamnés à la pendaison !
Habiter le personnage... Changer de peau et plonger dans cette combinaison kakie que déploie Dominique. La méthode du crapaud... Croa-croa... Habiter l’épaisseur du vêtement kaki, jouer d’abord le crapaud hideux et maladroit puis, sous le coup de baguette magique de l’art, émerger en acteur, dire les mots légers du grand répertoire et piloter, en cet uniforme d’aviateur improbable, le vieux coucou d’Hamlet ou le tank soviétique d’Antigone.
Soigner son hygiène, ne pas indisposer le partenaire... lui dire les mots qui parfument l’espace, ceux qui réveillent Juliette et qui lui donnent envie de rejoindre dans l’Azur romantique un corps qui ne soit pas souillé ! Trouver la bonne musique, la musique intérieure, celle qui sort l’acteur de sa tour d’ivoire et qui l’amène à palpiter bien au-delà de la terre ferme, là où le monde est un théâtre et où les hommes ne sont que des acteurs...