Résumé :
Deux peuples extraterrestres se vouent une guerre sans merci depuis des centaines d’années. Soucieux des répercussions des combats, ils décident de trouver une alternative aux batailles. La Terre sera l’enjeu décisif de ce conflit. Un Darkan et un Astonien participeront, et devront mener un duel sans pitié sur notre bonne vieille planète. Wesley croyait être un jeune homme normal, jusqu’au jour où son professeur de biologie lui révèle ses origines extraterrestres et ses pouvoirs surnaturels. Tout bascule alors lorsqu’il se sait investi d’une mission allant contre ses principes. Il doit se battre à mort contre le Darkan, pour sauver les gens qu’il aime. Face à des alliés féroces et un être à la cruauté inimaginable, il n’aura de son côté que son professeur et un alien bien étrange et pourvu de mystères… Sa tâche est claire, mais c’est sans compter ses sentiments bien humains qui font battre son cœur pour Orélia…
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Extrait :
01
Galaxie : Pégase
Planète : Aston
Année : 3152 depuis création de l’Alliance
La porte magnétique s’ouvrit sur les pas pressés de Kathan. Lorsque la porte se referma, l’homme chercha des yeux sa femme dans l’appartement. Son regard commença par se poser sur les canapés du salon, mais la pièce principale était vide et les lumières éteintes, seules les photos accrochées aux murs diffusaient un peu de lumière, reconstituant d’un côté les vacances sur la planète Biexar l’année précédente, de l’autre la demande en mariage que Kathan avait faîte à Siriva des années auparavant.
L’homme, dont le regard était quelques secondes plus tôt si dur, se retrouva attendri, lorsqu’il se remémora ces doux souvenirs. D’ailleurs il n’eut aucun mal à s’en rappeler, car la photo améliorée repassait en boucle la scène : il avait invité Siriva dans son restaurant préféré le jour de son anniversaire, et au lieu de proposer un toast en levant son verre, il lui demanda sa main en levant une bague.
J’aurais aimé pouvoir tenir ma promesse, mon amour, pensa Kathan.
Bien qu’il savait cela inutile, il chercha sa femme dans la cuisine, mais il ne faisait que repousser l’échéance, lorsqu’elle avait peur, il n’y avait qu’un endroit où Siriva se réfugiait.
Kathan poussa la porte déjà entrouverte de la chambre récemment meublée.
Les murs, qui changeaient de couleurs au gré des émotions, avaient pris une teinte des plus sombres, de celles qui gisent dans les abîmes.
Sa femme, lui tournant le dos, observait à travers la baie vitrée géante les lumières immortelles de la ville qui ne dormait jamais. Elle tourna alors la tête vers le berceau qu’elle faisait rouler d’un côté et de l’autre, accordant à son enfant un sourire triste, le sourire d’une mère inquiète.
- Ma chérie…
Siriva se retourna, et garda le silence, pendue aux lèvres de son mari pour connaître la sentence.
- Je suis désolé, le conseil a pris une décision, continua-t-il.
Kathan baissa les yeux, ne pouvant retenir un sanglot.
- Il doit partir. Lorsque les Darkans feront leur premier pas, il sera prévenu… Mais c’est maintenant qu’il doit partir.
Siriva garda le silence pendant un instant, tourna la tête vers le berceau, et s’effondra en pleurs et en cris.
- Non, mon bébé ! Il ne peuvent pas, ils… Ils n’ont pas le droit ! hurlait-elle.
Le bébé s’était réveillé et s’était aussi mis à pleurer. A chacun de ses cris, un éclair venu de nulle part traversait le ciel avec plus de force que le précédent.
Kathan s’accroupit au côté de sa femme, et la prit dans ses bras pour tenter de la consoler.
- Pourquoi, pourquoi lui ? sanglotait maintenant Siriva. Pas mon petit Wesley. Pas mon chéri. Mon Wesley.
- Il a été choisi, tu sais pourquoi, mon amour.
Mais alors qu’il disait cela, Kathan lui-même pleurait.
- NOOOON ! cria Siriva dans une longue plainte.
02
Galaxie : Voie Lactée
Planète : Terre
Année : 2006 selon le calendrier terrien
- Non !
Encore une fois, ses draps étaient trempés de sueur. Pour la troisième fois cette semaine, il avait fait le même cauchemar, toujours la même version d’un rêve horrible auquel il ne comprenait rien.
Ce n’est pas comme si c’était la première fois que je faisais un cauchemar, mais celui là ! Wahou…
Les trois fois, il s’était réveillé au même moment : sur les cris de cette pauvre femme. Pourtant il ne connaissait pas ces gens, et ce lieu si…
Futuriste, et ils semblaient maîtriser magie et technologie…
Alors qu’il se repassait pour la énième fois l’étrange songe dans la tête, il tira nonchalamment ses draps et tais d’oreillers trempés et les jeta dans la corbeille à linge sale de sa chambre, avant de réinstaller de nouveaux sets propres.
C’est vrai, toutes ces lumières, et cet appartement à plusieurs centaines de mètres du sol.
Il ouvrit ses volets, assistant au magnifique levé de soleil sur la plaine, bientôt les vacances seraient là… La plage.
Et ces gens si bizarrement accoutrés, enfin, tout le cauchemar est étrange, mais ces murs magiques, ces artifices si déconnectés de la réalité, pensait il en s’habillant.
Il sortit de sa chambre et dévala les escaliers pour s’asseoir à la table haute de la cuisine où son petit déjeuner l’attendait.
- Bonjour chéri, dépêche toi de manger, tu ne veux pas être en retard pour le lycée, intima sa mère qui nettoyait la poêle qui avait servi à faire frire les œufs.
Mais l’adolescent ne disait rien, trop occupé à analyser son rêve et manger ses toasts.
- Tu pourrais me dire bonjour, moi qui t’ai fait ton petit déjeuner ! se plaignait sa mère.
Ces personnes, je ne les connais pas pourtant j’ai l’impression de les avoir déjà vues, pensa-t-il, n’accordant toujours aucune attention à sa mère.
- Tu m’écoute, dis ? demanda cette dernière.
En photo peut-être ?
La femme commençait à devenir furieuse :
- Réponds moi ! Wesley !
03
- Pardon M’man, j’ai encore fait un cauchemar, expliqua Wesley.
La femme reprit son calme.
- Oh désolé chéri, c’est au moins la deuxième fois cette semaine, non ?
- La troisième en fait, mais qui garde les comptes, hein ? plaisanta-t-il avant d’avaler une fourchetée de jaune d’œuf.
En lui servant son jus d’orange, sa mère, comme à son habitude, parlait sans s’arrêter, de peur d’être interrompue probablement. Ce qui réduisait la conversation à un monologue des plus étranges :
- Ton père est parti tôt se matin, il avait une réunion. Tu as vu ce soleil, les beaux jours sont devant nous, d’ailleurs je crois que les cerises seront en avance cette année. Tu es content j’imagine, plus que deux jours avant que tu partes en colonie à la plage, excité ?
Wesley n’émit qu’un « hum hum » dépourvu d’émotion avant de mettre assiette et couverts dans l’évier, et de prendre son sac. Il déposa un baiser sur la joue de sa mère et ouvrit la porte, pour se diriger vers son arrêt de bus.
- Dix sept ans, vraiment l’âge ingrat ! plaisanta sa mère pour elle-même.
Arrivé au lycée, le cauchemar n’avait toujours pas quitté ses pensées, mais il dut se détourner du sujet lorsqu’il arriva dans sa classe de biologie. Il s’assit comme à son habitude à côté de son ami Jerry et s’empressa de sortir ses affaires, car le professeur Herzoli – qu’il avait depuis trois ans maintenant – le fixait intensément.
Etrangement, son regard continua de s’attarder sur le jeune, même une fois qu’il eut sorti ses cours. Wesley regarda autour de lui, cherchant la raison de cette considération appuyée, mais rien d’anormal ne s’était produit dans la classe.
Le professeur se détourna enfin, et commença son cours, laissant libre cours à la discussion à voix basse des deux amis.
- T’as du vraiment l’énerver, Wes ! fit Jerry en cachant sa bouche de la main.
Wesley ne put s’empêcher de sourire.
- Tu l’as dit ! A coup sûr j’ai loupé mon interro d’hier.
- Tu as mieux dormi cette nuit ? interrogea Jerry.
Le sourire quitta le visage de Wes, alors qu’il lui racontait comment il avait vécu de nouveau le même cauchemar étrange.
- Je comprends vraiment rien… Enfin, si ça peut te rassurer ! plaisanta Jerry.
Wesley haussa les épaules. Quelque soit la situation, son ami avait la capacité de lui remonter le moral et de lui faire oublier ses problèmes.
A la fin du cours, le professeur exigea une discussion avec Wesley. La porte fut fermée et ils se retrouvèrent à deux dans la pièce. Mr Herzoli semblait tendu, nerveux… Ce qui apparaissait comme une réaction exagérée, même pour une très mauvaise note en biologie.
- Il est temps, dit simplement le professeur.
Wesley ne comprenait rien, cela ressemblait de moins en moins à son professeur.
- Heu, très bien… Temps pour quoi ?
Mr Herzoli se contenta de baisser tous les stores, ne laissant à la pièce que l’éclairage artificiel des néons. Cela lui donnait un aspect lugubre, spécialement avec les squelettes de tous types de mammifères, étendus sur le plan de travail.
L’inquiétude du jeune homme augmenta d’un cran. Il avait lu, comme tout le monde, ces histoires horribles de tueurs d’enfants qui se faisaient passer pour des professeurs afin de mieux approcher les élèves.
Wesley essaya d’adopter un ton rassuré :
- Vous pouvez répondre s’il vous plait, j’aimerais comprendre !
Mais sa voix montait anormalement dans les aigus sous le stress. Le professeur, tourna la tête vers son élève, et un rictus de compassion se forma sur son visage.
- Vous avez raison d’être inquiet, mais rien de mauvais ne va vous arriver… Pour l’instant. Prêtez attention à tout ce qui va vous être dit maintenant, le sort de beaucoup de monde en dépend. Et particulièrement le votre…
Soudain, alors que Wesley allait répliquer, un halo d’un blanc subjuguant, entoura le corps du professeur. La lumière était si forte que le jeune homme dut lever son bras et détourner la tête pour ne pas être aveuglé.
L’éclat baissa en intensité, mais une lueur blanche émanait toujours du professeur.
Le jeune homme se mit à le fixer, en proie à la terreur.
Mais ce n’est pas Mr Herzoli !
- Bonjour mon fils, lança l’homme entouré de lumière.
04
Wesley se précipita vers la porte : l’unique issue de la classe. Mais l’étranger leva son bras. Une table, comme propulsée, traversa la classe pour se retrouver devant la porte.
Je suis bloqué, pensa le jeune homme.
- Je ne te veux aucun mal Wesley, au contraire.
- C’est très rassurant venant d’une personne qui vient d’expédier une table à travers la pièce sans même la toucher ! ironisa Wesley en restant en arrière.
Il tentait de donner le change, pourtant chacun des muscles de son corps était tétanisé par la peur. La scène qui se jouait sous ses yeux ne pouvait être réelle, il devait être en train de rêver.
Ou alors, ce que j’ai mangé ce matin ne passe vraiment pas…
- Assieds toi, s’il te plait. Il faut que je te raconte une longue histoire, demanda l’homme.
’Peux pas, j’ai cours de maths !
Le cœur de Wesley battait la chamade dans sa poitrine. Il jeta un dernier coup d’œil vers la porte bloquée.
Puis, résigné, le jeune homme attrapa une chaise dans le fond de la classe et s’assit, veillant à garder ses distances de l’étrange personnage qui avait pris la place de son professeur de biologie, et qui brillait toujours d’une lumière irréelle…
- Ton conditionnement a dû commencer depuis peu, sous forme de rêves.
Par cette phrase, l’homme capta toute l’attention de Wesley.
- C’était pour te préparer à ce que le conseil a appelé « La Révélation ». Je m’appelle Kathan, nous sommes un peuple extraterrestre : les...
- Nous ?! interrompit le jeune homme.
L’étranger sourit tristement.
- Laisse moi parler s’il te plait, je sais que cela devrait prendre du temps, mais nous n’en avons que peu. Toi, moi, et des milliards d’autres personnes sommes extraterrestres. Nous appartenons à une planète nommée Aston. Il y a plus de 3000 ans, nous avons fondé avec 12 autres planètes la grande Alliance, dans un espoir d’entente et de paix. Cependant, il s’agit également d’une Alliance que ton peuple d’adoption caractériserait de « militaire ». Nous sommes en guerre mon fils, depuis bien avant la création de l’Alliance. La planète Darkan, et d’autres peuples qui lui sont alliés forment l’Institution, leur version de l’Alliance si tu préfères. Ils s’opposent à la paix et ne cherchent que le profit, le désordre, tel est leur dessein pour tout l’univers. La guerre totale a duré longtemps. Nous avons combattu avec notre arme principale : les capacités mentales, ce que par ignorance, les Terriens appellent magie ; mais également par la technologie. Je te laisse imaginer combien de millions de personnes, toutes espèces confondues ont trouvé la mort dans cette guerre. Il y a seize ans de cela, un marché a été conclu, certains l’appellent le pacte avec le Diable. Pour stopper les victimes, une décision a été prise : la victoire sera attribuée à la conversion d’une planète : la Terre. Un émissaire de l’Alliance et un membre de l’Institution ont été choisis pour se battre sur Terre, pour déterminer à quel camp cette petite planète bleue s’allierait, et accorderait la victoire. Tu as été sélectionné pour tes capacités mentales hors du commun, tu es l’élu de l’Alliance, un Astonien… Mon fils.
Dans une plainte, Kathan tomba à genoux.
Par réflexe, le jeune homme se hissa de sa chaise et se rapprocha de l’alien pour tenter de l’aider.
- Je ne peux plus maintenir la connexion pour longtemps. Ecoute bien, des centaines d’espèces extraterrestres vivent ici sur Terre, certaines amies, d’autres non ; mais les Terriens sont trop bornés pour voir la vérité en face. Tu seras aidé, mais méfie toi de tout le monde. Tu devras vaincre l’élu de l’Institution, envoyé sur Terre en même temps que toi, je peux seulement te dire que c’est un Darkan, et tu dois, à terme, rallier la Terre à l’Alliance pour gagner cette guerre. Attention, le Darkan ne sera pas ton seul opposant, ils ont beaucoup d’alliés. Haaa !
Une pointe de douleur transperça le corps de Kathan. Il tendit sa main pour lancer une boule d’une luminosité pure sur Wesley. La sphère pénétra le corps de l’étudiant.
- Je viens de te rendre tes pouvoirs, ils se développeront avec le temps. Apprends à les maîtriser, ils avaient été bridés en attendant le premier pas de l’Institution, il a été fait. Le Darkan est ton antonyme, mais vous êtes attirés l’un par l’autre tel une charge plus et une charge moins, vous vous retrouverez souvent au même endroit. Wesley, ton professeur est un membre de l’Alliance, tu peux lui faire confiance, il t’aidera. Je dois partir, les grands mages ne peuvent plus maintenir la liaison, cela demande trop d’énergie. Sache une dernière chose : ta mère et moi n’avons pas voulu çà, nous sommes désolés.
Il posa quelque chose sur la table du professeur.
- Nous t’aimons. Et j’aimerais tellement avoir plus de…
L’apparition fut coupée : le halo de lumière disparut, et le professeur tomba sur le sol.
Wes attendit quelques secondes, comme paralysé. Finalement, il se dirigea vers Mr Herzoli qui semblait avoir perdu connaissance. A force de regarder des séries médicales stupides – selon sa mère – à la télévision, il avait appris quelques trucs. Ainsi il posa sa main sur le cou de son professeur et s’assura que son pouls était toujours présent, de même il vérifia qu’il respirait toujours.
Mais un objet capta son attention, il délivrait de la lumière sur le bureau. C’était l’objet déposé par Kathan. Wes s’en saisit.
On dirait une photo… Mais c’est étrange : elle est rétro éclairée et agit un peu comme un film qui passe en boucle.
Mr Herzoli commençait à reprendre conscience. Wesley ficha la photo dans sa poche et aida son professeur à se relever. Il trouva un verre qu’il rinça et le remplit d’eau.
- Tenez Mr Herzoli, vous allez bien ?
- Merci, mais maintenant que tu connais la vérité, tu peux m’appeler par mon nom : Salatar. Je vais t’aider à développer tes capacités. Nous nous retrouverons tous les jours pendant les vacances, pour t’entraîner, et je répondrai aux nombreuses questions que tu dois avoir.
Le jeune homme hésita.
- Mais, demain c’est les vacances, je pars après demain en colonie sur la plage… Je veux pas de tout çà, ni capacités, ni devoirs autres que des exercices de bio ! Et j’ai déjà des parents, c’est quoi cette histoire de tarés ! cria-t-il.
Son ton avait commencé à monter au fur et à mesure qu’il s’était repassé la scène étrange dans son esprit.
- Je comprends que tu sois troublé. Nous allons parler maintenant si tu veux, et je te ferai un mot pour tes autres cours. Nous nous verrons également demain, avant que tu partes, pour t’initier aux diverses pratiques mentales.
Wesley prit une profonde inspiration. C’était de la folie. Mais une chose était certaine, le professeur ne le laisserait pas tourner les talons maintenant…
Autant entrer dans son jeu…
L’étudiant acquiesça finalement.
- Je viens de Zira, la 13ème planète de l’Alliance, la dernière à s’y être ralliée, il y a quelques 3167 années exactement. Tout d’abord, cette histoire de parents : les humains avec qui tu passes tes journées ne sont pas ta famille.
- Pas ma famille ?! hurla Wesley qui avait de nouveau perdu son calme.
La famille ce n’est pas le sang ! C’est les personnes qui sont là quand on est mal, les deux personnes qui vous veillent quand vous êtes malades, celles qui vous préparent avec amour votre petit déjeuner ou partent avec vous en vacances !
Son petit speech lui semblait ridicule. Comment convaincre son professeur sans entrer dans son délire ? Pour conclure, il ajouta :
- La famille, ce sont les personnes qui sont là !
Il ponctua son « là » par une frappe de la main sur le bureau. Mais alors qu’il fit cela, une onde circulaire s’échappa du point d’impact sur la table pour renverser les bureaux sur le sol et flanquer les chaises contre les murs. Salatar même fut projeté en arrière et tomba à la renverse.
- Dans ce cas, tu as deux familles, reprit calmement son professeur avant de se relever. Et au moins, me voilà convaincu que l’Alliance a choisi la bonne personne !
Wesley, choqué, recula et fixa sa main avec effroi.
Je… j’ai, enfin c’est moi qui ai…
Son regard incertain passa de sa paume à l’homme devant lui. Finalement, ses épaules retombèrent.
- Ok, je vous écoute.
- Bien, normalement tu dois me voir différemment désormais : sentir comme une odeur… dans ta tête.
Le jeune homme réfléchit, se demandant pendant un instant si Salatar n’en profitait pas un peu pour se moquer de lui. Il s’approcha de lui.
Incroyable, de la…
- Menthe ?
Salatar sourit :
- C’est effectivement l’arôme psychique des Ziriens – les personnes venant de Zira. Touts les êtres ont un parfum singulier, selon la planète sur laquelle ils sont nés… Maintenant que tu as récupéré tes pouvoirs, tu t’es élevé au dessus des Terriens dont la race est encore trop jeune pour développer de telles capacités mentales. Tu pourras discerner les espèces, et apprendre à te méfier des odeurs que tu sens ! Mais tu seras aussi reconnu comme non Terrien. Fais également attention à tout ce à quoi tu penses, tu as bien vu : tes émotions te contrôlent si tu les laisses faire, expliqua-t-il en montrant le désordre qui régnait dans la salle de classe.
Wesley ne put qu’acquiescer.
- Bon, tu devrais y aller. Une dernière chose… Ne parle de cela à personne, les Terriens ne sont pas encore prêts : ni à tes amis, pas même à ta famille.
- Mais je ne peux pas mentir aux personnes que j’aime ! ragea l’étudiant.
- Tu ne feras que les mettre en danger si elles sont au courant, pour celles qui te croiront, bien entendu…
L’adolescent quitta la salle sans un mot. Une sonnerie retentit, la deuxième depuis qu’il était entré dans cette maudite pièce.
- Enfin là ! fit Jerry, ça fait deux intercours que je viens, tout çà pour une interro ratée ?!
Wesley regarda son ami dans les yeux, puis se détourna après quelques secondes de réflexion. Et, fuyant le regard de Jerry répondit :
- Ouais, incroyable, pas vrai ? Deux heures de sermons pour une petite interro ratée !
05
Quand Wesley rentra chez lui, il avait le moral dans les chaussures.
Bien sûr, l’idée de pouvoirs magiques, pardon mentaux, est tentante, mais pas les devoirs qui vont avec ! Et pourquoi mes parents ne sont pas venus ici avec moi ? Après tout, Salatar est aussi un alien, ça ne l’empêche pas de vivre sur Terre. Comme beaucoup d’autres extraterrestres selon ses dires…
L’idée de ne pas être un Terrien lui posait déjà problème, alors imaginer en plus que ses parents n’étaient pas sa vraie famille !
Lorsqu’il entra dans sa maison, il était décidé à connaître le fin mot de cette histoire, il ne voulait plus être utilisé.
Plus de mensonges, plus de manipulations : maintenant je veux la vérité !
- Salut M’man, salut P’pa ; pourquoi ne m’avez-vous jamais dit que j’étais adopté ?
Loïs, sa mère écarquilla les yeux alors que ses deux mains plongées dans des gants de cuisine pendaient le long de son corps.
- Wesley, je suis très fatigué, s’il te plait, épargne moi ce genre de blagues de mauvais goût, fit son père.
Leur fils adoptif s’attendant à ce genre de répliques, avait prévu un test à toute épreuve :
- Pourquoi n’a-t-on pas de photos de moi quand je suis né ? Je veux dire, c’est ce que les parents font, non ? Alors pou…
- Mais chéri, qu’est-ce qui t’a mis une idée pareille dans la tête ? On a un album complet sur ta naissance. Suis moi je te les montre de suite, proposa sa mère.
Wesley eut un mouvement de recul, étonné que cela soit possible.
Loïs alla chercher les photos et revint quelques instants plus tard avec un album sous le bras.
- Tu pouvais pas nous faire ta crise d’adolescence comme tout le monde : avec des boutons sur le visage ! râlait Marc.
Ses parents lui montrèrent toutes les photos de sa naissance, décrivant pour chacune d’elle le lieu exact et le moment. Ainsi, ses grands parents maternels et paternels étaient venus le voir dès l’accouchement.
C’est l’amour sur leur visage à tous.
Wesley ne sut comment réagir :
- Pardon, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris.
Ses parents lui sourirent avec indulgence, ils s’étaient posés des questions également à son âge.
Enfin rien de ce genre quand même !pensa Wesley.
La soirée se passa sans autres problèmes et ses parents oublièrent vite la réaction étonnante de leur fils, un peu trop vite même.
Dès qu’il eut fini de manger, le jeune homme se retira dans sa chambre pour réfléchir tranquillement.
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? On se fiche de moi ! J’ai la preuve que je suis né sur Terre, à moins que…Quel genre de peuple jouerait avec les esprits ?
Wes était sous le choc de cette révélation. Des faux souvenirs avaient dû être implantés dans sa famille d’adoption…
Et est-ce que je veux appartenir à un tel peuple ? Mais qu’est-ce que je raconte, c’est pas comme si j’avais le choix !
Le seul côté positif qu’il évaluait, à la fin de cette journée, était l’éventualité de développer des pouvoirs. Ne pouvant attendre le lendemain, il passa la soirée à tenter de faire tourner un crayon sur lui même.
Bon, ok, j’imagine le crayon qui tourne, tout est question de concentration…
Wesley avait posé sa main à une dizaine de centimètres de l’objet et le fixa.
Le crayon se mit à tourner lentement, puis gagna très vite en vitesse. Tout à coup, il décolla même du sol. Changeant de position, Wes plaça sa main sous le crayon, s’efforçant de conserver son attention.
Cool !
Soudain, l’objet pris d’une frénésie, accéléra de plus belle avant de fuser, hors de contrôle, dans le mur.
THACK !
Le simple crayon à papier, sous l’effet de l’énergie insufflée par le jeune homme avait échappé à tout contrôle et s’était enfoncé dans cinq centimètres de mur en plâtre.
Pas cool…
Wesley n’avait même pas eu le temps de suivre le mouvement, tant il avait été rapide.
Si ma tête avait été sur sa trajectoire, elle aurait littéralement éclaté comme une pastèque trop mûre.
Je vois d’ici la page du journal « Un ado tué par son crayon gris, photos chocs en page 3 ».
Finalement, le meilleur aspect de toute cette histoire ne lui parut plus aussi séduisant. Le jeune homme essaya de retirer – de ses mains cette fois, pour ne pas aggraver la situation – le crayon du mur, mais en vain, il était trop enfoncé dans la paroi…
Espérons que maman ne remarque rien.
Repus d’aventures malencontreuses pour la journée, le jeune homme avisa bon d’aller se coucher…
06
Galaxie : Pégase
Planète : Aston
Année : 3152 depuis création de l’Alliance
Dehors, on aurait cru que l’Apocalypse était arrivée : les éclairs qui déchiraient la nuit conféraient au dôme de l’Alliance une atmosphère lourde et chargée en électricité. On ne parvenait même pas à discerner le ciel derrière les nuages noirs. Le déluge n’avait cessé depuis plusieurs jours…
Depuis que nous l’avons enlevé à ses parents…pensa le représentant d’Aston, cela témoigne au moins de la puissance de cet enfant. Nous n’avons pas fait d’erreurs dans notre choix, la prophétesse disait vrai.
- Représentant, les grands mages et l’enfant sont arrivés, prévint un assistant, il hésita : si je peux me permettre monsieur ?
- Tu as toute mon attention.
- Déchoir le bébé de ses pouvoirs et l’envoyer sur Terre va prendre une énergie considérable à la meilleure armée de l’Alliance… Considérant l’étendue des pouvoirs de l’enfant. N’est-ce pas dangereux ? Si l’Institution attaquait, nous serions sans défense.
Le représentant d’Aston conserva le silence un instant.
- C’est un risque que nous devons prendre, il y a déjà eu trop de victimes dans cette guerre, expliqua-t-il en s’avançant vers la salle.
A leur entrée, les lumières du dôme prirent vie en même temps, dévoilant le conseil des 13. Un immense espace restait vacant puisque les ministres n’avaient pas été conviés à l’envoi.
La troupe des mages prit place au centre du dôme, alors que les représentants s’étaient assis en hauteur sur leur siège respectif. Ils purent alors observer les dizaines de mages : aucun d’entre eux ne se ressemblait, il y a avait des Humanoïdes hommes et femmes, mais également des sorciers lycanthropes plus ou moins couverts de fourrure. On notait la présence d’autres êtres, mélanges d’animaux originaires des 13 planètes de l’Alliance.
Ils formaient pourtant le groupe de personnes les plus puissantes de toute l’Alliance. Alyorta, leur chef druide, et membre des plus influents, avait sur ses épaules une cape noire et inspirait le respect au premier coup d’œil.
- Représentants, nous sommes prêts, mais avec tout le respect que je vous dois… commença Alyorta.
Il lança au bébé qui hurlait dans son berceau un regard hautain.
- Pourquoi envoyer un simple enfant alors que vous pourriez envoyer comme élu un mage puissant ?
Le président du conseil prit la parole :
- Il n’est pas de ton ressors de questionner les décisions du conseil. Mais si tu prêtes attention aux conditions climatiques actuelles, tu te rendras compte que cet enfant recèle beaucoup plus en lui qu’il n’y parait. Alors qu’il n’a pas encore fêter son premier anniversaire…
Le puissant mage regarda avec effroi le temps à l’extérieur, les nombreux éclairs, la pluie diluvienne depuis des jours…
Non, un enfant de moins d’un an ne peut pas avoir le pouvoir de… Il doit y avoir moins de dix personnes capables d’un tel prodige, dans cette salle. Et nous sommes pourtant les plus puissants de l’Alliance !
- L’énergie n’est rien sans la sagesse qui l’accompagne, déclara simplement un représentant.
- Bien, je pense qu’il est temps de commencer mes amis, proposa le représentant d’Aston.
Sans un mot, les dizaines de mages formèrent un cercle autour de l’enfant, dont les pleurs seuls résonnaient dans le bâtiment. Alyorta s’adressa à ses frères d’armes :
- Nous devons brider ses pouvoirs, il en sera ainsi jusqu’au jour de la Révélation.
Les extraterrestres acquiescèrent, ils s’écartèrent tous et fermèrent leurs yeux. A l’unisson, ils levèrent leurs bras les uns vers les autres.
Seuls quelques centimètres séparaient un mage de ses deux comparses sur les côtés. Sous l’effort de la concentration, des étincelles traversaient les mains quasi-jointes des aliens. Puis le courant s’intensifia : de véritables éclairs parcouraient les bras et les corps des mages, tournant inlassablement sur le cercle que formait la troupe.
Lorsqu’elle jugea l’intensité de l’énergie déployée suffisante, le cercle d’énergie se resserra autour du berceau de l’élu. Le bébé fut pris au centre d’un tourbillon de lumière. Un halo baignait le bébé qui pleurait inlassablement.
Soudain le flux se dissipa, la tornade d’énergie s’arrêta. A l’extérieur, la foudre avait cessé, les nuages s’effacèrent, et la ville retrouva son ciel pavé d’étoiles.
- Ses pouvoirs sont bridés, annonça Alyorta.
- Bien, il est temps de l’envoyer sur Terre, maintenant. Puis vous construirez des souvenirs à sa famille d’adoption, ordonna un représentant.
Un assistant entra dans le dôme, et traversa la salle vers l’ambassadeur d’Aston.
- Les parents du petit ont demandé s’il pouvait emporter cela avec lui, expliqua-t-il en lui tendant une photo.
- Non, trancha l’Astonien. Il n’a le droit de conserver aucun contact avec ce monde avant le jour de la Révélation.
Il déchira la photo et les deux morceaux tombèrent… Deux morceaux où continuait de se jouer une scène émouvante : la première fois que Wesley était rentré avec ses parents chez eux, peu après l’accouchement.
- Envoyez le sur Terre, exigea le conseil.
Le même rituel fut accompli, mais alors que l’énergie parcourait les mages, chacun d’eux envoya un faisceau vers l’enfant. Un cercle de lumière bleu s’ouvrit sous le berceau : un portail dans l’espace. On discernait une chambre, au travers de la fenêtre irréelle. Enfin, le berceau bascula. Le portail se referma, l’énergie disparut.
- L’élu est sur Terre, dans sa famille d’accueil, leur mémoire a été adaptée, délara Alyorta, haletant.
Les mages avaient été vidés de leurs pouvoirs par ces deux derniers exploits. Ils transpiraient à grosses gouttes. Plusieurs tombèrent même à genoux.
- Nous avons accompli notre part du pacte, annonça un représentant.
Un autre prit la parole :
- Le conseil vient de recevoir un message, l’élu de L’institution est un Darkan, il vient aussi d’être envoyé sur Terre. La partie a commencé.