En Lombardie, près de 7 médecins sur 10 sont objecteurs de conscience et dans certaines régions du sud de l’Italie comme la Basilicata, ils sont 9 sur 10. Tous les mardis à l’hôpital Mariano Comese, une messe est dite dans la chapelle de l’établissement pour les âmes des enfants assassinés. Dans cet établissement de la périphérie de Côme, comme dans toutes les autres structures hospitalières publiques de cette province lombarde, tous les médecins refusent de pratiquer les avortements. Une animatrice du Planning familial s'inquiète :
"les médecins de la génération de 1968 en ont marre ou prennent leur retraite et, parmi les nouveaux diplômés, le pourcentage d’objecteurs est de plus en plus important".
Avorter devient de plus en plus difficile. L’IVG est légale dans les 90 jours après l’arrêt des menstruations. Au-delà, un avortement thérapeutique est possible, seulement en cas de péril «grave» pour la santé physique ou mentale de la mère. Et la loi 194 (Loi pour la tutelle sociale de la maternité et pour l’interruption volontaire de la grossesse) est désormais au cœur du débat électoral. Les législatives ont lieu dimanche.
Elu depuis 15 ans à la tête de la Lombardie, Roberto Formigoni dirige Communione e liberazione. Il a la main sur le secteur de la santé qui, décentralisation oblige, dépend presque totalement des autorités régionales. Il n’y a plus aujourd’hui en Lombardie un seul patron d’hôpital public favorable à l’IVG. Avant d’obtenir le certificat pour une IVG, il faut impérativement faire une échographie pour que la femme puisse voir l’embryon qu’elle porte. Puis il y a un délai de réflexion de 7 jours. Les autorités lombardes ont en outre émis l’an dernier un décret imposant la sépulture des fœtus, ce qui implique de leur donner un nom.
Le Centre d’aide pour la vie (CAV), très actif dans les hôpitaux, est animé par des volontaires catholiques, et reçoit les femmes qui veulent avorter. Sur les 1 400 femmes reçues l’an dernier, 90 % ont finalement décidé de garder l’enfant. Le centre donne de 160 à 300€ à celles qu’il prend en charge, ainsi qu’une assistance durant un an après la naissance de l’enfant. Son budget (1,5M€ par an) est alimenté par des dons privés et, depuis un an, le centre reçoit des aides de la région et de la mairie.
Paola Bonzi, tête de liste du mouvement Aborto, no grazie (Avortement, non merci) lancé par Giuliano Ferrara, indique :
"Il n’est pas nécessaire d’abolir la loi 194 mais il faut l’appliquer dans son intégralité avec ce qu’elle prévoit d’aide à la maternité".
Paolo Sorbi, président milanais du Mouvement pour la vie et actif soutien du CAV, se félicite des résultats d’«un travail de fourmis» qui a permis de reconquérir «l’hégémonie culturelle».
Travail de fourmis et combat culturel, le combat pour la vie n'est pas seulement une affaire électorale.
Michel Janva (source : un article fielleux et pro-mort de Libération)