Preuve que ces visites et ce genre de musée apportent beaucoup, on peut non seulement y admirer des trésors patrimoniaux de cette ancienne culture, mais on y apprend également énormément, pour peu que l'on ne soit pas un spécialiste de ces questions, évidemment.
Comme mes connaissances en histoire et cultures du monde ont été essentiellement acquises de manière autodidacte - je n'ai eu qu'un cours d'histoire (du Canada) dans ma formation académique - il est toujours absolument merveilleux pour moi de me retrouver devant un pan complet de l'histoire du monde que je connais peu, et pas seulement dans un livre, ou dans un cours aride, mais bien devant des pièces maîtresses de cette culture. C'est le cas de l'empire assyrien et de la collection du British Museum.
Parmi les nombreuses pièces du musée, les bas reliefs en plaques murales sont absolument spectaculaires. Représentations d'esprits protecteurs (comme c'est le cas ici) sous des formes d'humains à têtes d'animaux, scènes de palais ou description de conquêtes, scènes guerrières, les panneaux antiques nous racontent la vie et l'histoire de cet empire...
Une fascinante mise en parallèle. La reproduction de gauche date de 1849, lors de la découverte de l'entrée du palais de Nimrod. Les archéologues ont fini par découvrir que la tête illustrée sur l'image, n'était que la partie excavée d'une pièce gigantesque; un lion ailé à tête d'humain, qui était lui-même partie d'une paire de créatures sculptées pour garder la porte monumentale du palais. La photo de droite montre ce même gardien, aujourd'hui exposé au musée. L'image donne l'échelle de cette grandiose sculpture. Quelques autres gardiens du même genre se retrouvent aujourd'hui dans divers musées (Louvre, MET), certains sont des chevaux ailés, d'autres des boeufs à tête d'homme, le British Museum en expose quatre de ce genre.
Quelques stèles permettent également de découvrir des pans de l'histoire des assyriens. L'écriture (cunéiforme) étant largement utilisée, on a pu en apprendre énormément sur cet empire grâce à l'archéologie. Et c'est aussi d'une grande beauté; j'aime bien les chameaux et les lions qui chassent l'antilope, sur celle-là.
Je suis toujours bouche bée devant une réalisation aussi exceptionnelle que cette créature mystique. La présence du texte en cunéiforme ajoute à la fois du mystère - pour un oeil amateur tel que le mien - et de la beauté. Savoir que la sculpture en question remonte à des millénaires fourni la perspective nécessaire à prendre la vie avec un grain de sel en sortant de là.
Même si certaines pièces sont un peu moins bien préservées que d'autres, on ne peut qu'y admirer les détails, comme ici, dans les cheveux et la barbe du personnage, ou encore l'habile représentation de sa tête, qui se termine par une bouche et un oeil de poisson. Notez également la main et le bracelet, en bas à droite.
Un autre exemple aussi splendide, avec les mains et les détails de la barbe... ainsi que le fait qu'il est accompagné de deux singes en laisse.
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La plupart des pièces du British Museum proviennent des fouilles et découvertes dans l'ancienne ville de Nimrod, qui était située non loin de Assur, la ville-état qui donne son nom à la culture et l'empire assyrien. La cité aurait prospéré autour de l'an 1000 avant J.C, pour atteindre son apogée avant la chute de l'empire, quelques 600 ans avant J.C.
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Je termine ce trop court survol avec la réédition d'une photo publiée dans mon premier billet de 2013:
Il s'agit d'un lion colossal, qui gardait l'entrée du temple d'Ishtar, à Nimrod, qui date d'environ 2900 ans. Une fois de plus, on peut voir qu'il est couvert d'écriture cunéiforme. Sur cette photo, j'ai voulu accentuer l'échelle du lion en le captant avec la petite fille devant lui, qui semble captivée par une telle présence.
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(*) Lors de cette visite récente, j'ai aussi songé à nouveau à la discussion sur les musées et les pièces qui viennent de l'étranger. Dans le cas de ces sculptures assyriennes, il y a fort à parier qu'elles n'auraient pas survécu à la modernité à leur emplacement original (aujourd'hui en Iraq). Pas qu'elles auraient nécessairement été détruites par les iraquiens, mais il est fort possible que les nombreux conflits dans la région auraient fini par détruire ces pièces (conflits impliquant également des occidentaux, devrions nous préciser).
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