Comme d’autres, je me suis réjoui de la libération de Florence Cassez. Sa condamnation à 60 ans de geôle mexicaine était bien dure et entachée de trop d’irrégularités pour être crédible. Pour autant, est-on sûr qu’elle est innocente des actes qui l’ont amenée à être condamnée ? Et surtout, dans le doute, fallait-il l’accueillir en grandes pompes comme si elle était une héroïne des temps modernes ?
Loin de moi l’idée de dire qu’elle est coupable ou qu’elle ne l’est pas. Je n’en sais rien. Je sais seulement qu’elle a été effectivement en couple avec M. Israël Vallarta Cisneros, chef d’un gang très violent, Los Zodiaco. Je sais qu’elle a été arrêtée en 2005 dans le ranch du dit Israël et qu’on y a retrouvé armes de gros calibre et otages séquestrés ! Je sais qu’une des otages, Mme Cristina Ríos Valladares, a reconnu Florence Cassez comme étant une de ses ravisseuses. Je sais aussi que cette arrestation aurait été mise en scène et filmée par la police mexicaine, ce qui est un des vices de forme ayant finalement conduit à sa libération.
Je sais encore que les parents de la française ont toujours déclaré qu’ils ignoraient tout des activités criminelles d’Israël Vallarta Cisneros au point de ne l’avoir jamais rencontré, alors que des photos démontrent clairement le contraire.
Je sais qu’elle a donc été condamnée, en deux temps, à soixante années de prison et qu’elle a été libérée pour vices de forme dans la procédure, sans que les juges se prononcent sur le fond de l’affaire et donc sur son éventuelle culpabilité.
Tout cela est très bien relaté, avec beaucoup de discernement, à charge et à décharge, sur la page Wikipédia consacrée à l’affaire. Cette présentation ne permet évidemment aucunement de se prononcer définitivement sur la culpabilité de cette jeune femme, sans doute de toute façon embarquée dans une affaire qui l’a dépassée. Comme malheureusement beaucoup trop de femmes, victimes de l’amour qu’elles vouent à un homme qui n’en vaut pas la peine. À cet égard, la jolie Florence Cassez est sans doute de toute façon une victime. Et je continue à me réjouir de sa libération.
Fallait-il pour autant l’accueillir avec tant de fastes, tant politiques que médiatiques ? On peut en douter d’autant plus qu’au même moment, le corps de Yann Desjeux, l’otage français tué sur le site gazier d’In Amenas en Algérie, a été lui aussi rapatrié en France, dans une indifférence quasi généralisée. Pourtant, il semble que cet homme, ancien membre des forces spéciales françaises, se soit comporté en héros, en rassurant les otages, en détournant d'eux l'agressivité des ravisseurs, et en parvenant même à désamorcer le détonateur de la charge explosive de la ceinture avec laquelle les terroristes l’avait attaché. Son corps a été accueilli dans l’intimité de sa famille, avec la seule présence de la ministre déléguée des Français de l’étranger.
Deux poids, deux mesures qui posent question. Quelles sont les réponses ?