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Egypte : le pays s’enfonce dans la violence sur fond d’islamisation

Publié le 26 janvier 2013 par Ralph

Egypte : le pays s’enfonce dans la violence sur fond d’islamisation 

Egypte, Le Caire. Samedi 26 janvier 2013. Crédits photo : Reuters/Amr Abdallah Dalsh

NICE, par Ralph Bechani
Avec Yusri Mohamed et Yasmine Saleh à Port-Saïd et au Caire (Reuters)

Une trentaine de personnes dont deux policiers ont été tuées et plus de 300 blessées samedi dans des affrontements à Port-Saïd. Ces nouvelles violences ont éclatées après la condamnation à mort de 21 Égyptiens pour leur implication dans des violences suite à un match de football le 1er février 2012 dans cette ville située au nord-est du pays.

Ce jour-là, de nombreux spectateurs ont péri piétinés et des témoins ont rapporté que certaines victimes avaient été jetées du haut des tribunes.

Samedi, des tirs ont été entendus aux abords de la prison où sont détenus la plupart des accusés. Des témoins ont vu des hommes prendre d'assaut deux commissariats. Des émeutiers ont incendié des pneus sur la chaussée, soulevant des colonnes de fumée noire au-dessus de la ville.

SATISFACTION AU CAIRE

Les familles des victimes ont en revanche explosé de joie dans l'enceinte du tribunal lorsque le juge Sobhy Abdel Maguid a lu les noms de 21 personnes, la plupart originaires de Port-Saïd, dont le cas était "transmis au grand mufti", autrement dit condamnées à mort dans la mesure où la peine capitale est examinée en Egypte par la plus haute instance religieuse du pays.

Au total, 73 personnes sont inculpées, parmi lesquelles 61 sont accusées de meurtre avec préméditation après la plus grande tragédie de l'histoire du football égyptien. Les douze autres, dont neuf policiers, sont soupçonnées d'avoir contribué au déclenchement des violences.

Le verdict concernant les autres accusés sera annoncé le 9 mars, a déclaré le juge.

Les émeutes de Port-Saïd surviennent interviennent au lendemain du deuxième anniversaire de la révolution, marqué là aussi par des violences entre manifestants et policiers. Selon plusieurs sources elles ont fait neuf morts et plus de 530 blessés.

A l'appel de l'opposition laïque et libérale, des milliers de manifestants sont descendus vendredi dans les rues du Caire, d'Alexandrie, de Suez ou encore d'Ismaïlia.

Ils accusent les Frères musulmans, vainqueurs de toutes les élections organisées depuis le renversement d'Hosni Moubarak, de vouloir imposer un régime autoritaire fondé sur la loi islamique et de trahir ainsi les idéaux de la révolution. Ils leur reprochent aussi leur incapacité à relancer une économie plongée dans le marasme.

Egypte : le pays s’enfonce dans la violence sur fond d’islamisation

Des opposants au président égyptien Mohamed Morsi fuient les gaz lacrymogènes de la police antiémeute près de la place Tahrir, au Caire. 25 janvier 2013. Crédits photo : Reuters/Amr Abdallah Dalsh

Certains manifestants continuaient samedi au Caire à lancer des pierres en direction des cordons de police.

"Nous voulons changer le président et le gouvernement. Nous en avons assez de ce régime. Rien n'a changé", a déclaré Mahmoud Souleïmane, un manifestant de 22 ans sur la place Tahrir du Caire, épicentre du soulèvement de 2011.

En réaction aux violences de vendredi, le président Mohamed Morsi a prévenu que l'Etat n'hésiterait pas à "traquer les criminels et à les traduire en justice". Il a exhorté les Egyptiens à exprimer leur point de vue de manière pacifique, conformément aux principes de la révolution.

Le chef de l'Etat, issu des Frères musulmans, a réuni ce samedi le Conseil national de défense, composé des principaux ministres et des responsables des services de sécurité.

Dans un communiqué, les Frères musulmans ont pour leur part accusé des "gens corrompus" et des médias partiaux d'alimenter la colère et les violences.

Le Front de salut national (FSN), qui regroupe l'opposition, a en revanche déclaré à la télévision qu'il tenait Mohamed Morsi responsable de la situation.

Le FSN rassemble des formations disparates qui, après leurs échecs électoraux successifs face aux Frères musulmans, ont décidé d'unir leurs efforts contre le projet de Constitution élaboré par une assemblée dominée par les islamistes. Malgré cette union, les Egyptiens ont approuvé cette Constitution par référendum en décembre.

Sur son compte Twitter, l'opposant Mohamed ElBaradeï affirme que "l'Egypte ne retrouvera pas son équilibre si ce n'est par le biais d'une solution politique transparente et crédible, par un gouvernement de salut national pour rétablir l'ordre et réparer l'économie et avec une Constitution pour l'ensemble des Egyptiens".

Le FSN a appelé à de nouvelles manifestations vendredi prochain et elle menace de boycotter les prochaines élections législatives, possiblement en avril, si ses exigences ne sont pas entendues.

Hélène Duvigneau et Bertrand Boucey pour le service français (Reuters)


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