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1er février – 30 mars 2013
vernissage jeudi 31 janvier -18h30
Liu Bolin est un artiste chinois passe-muraille, souvent qualifié d’« homme invisible ».
(Re)connu internationalement, sa performance la plus spectaculaire, «Hiding in the city» (se cacher dans la ville), est une série photographique qu’il a entreprise en 2005. La méthode est immuable : tel un phasme, cet insecte qui doit sa survie en imitant des brindilles afin de se fondre dans son environnement, Liu Bolin se dissimule soigneusement dans un décor urbain, public, culturel, touristique. Parfaitement immobile, il fait entièrement corps, se dissout contre un mur, un linéaire de supermarché, un kiosque à journaux.
Puis, sur le point de disparaître, il se fait photographier. Tel le lecteur cherchant Charlie, le spectateur scrute les photos pour débusquer l’artiste, happé par le monde qu’il met en scène.
Incorporation, assimilation, désintégration. Englouti par le système autoritaire qu’il dénonce, Liu Bolin laisse une trace qui reflète les dictatures politique ou consuméristes, où tout le monde se fond dans la masse avant l’inéluctable disparition.
politique, celle de l’hyper transparence comme preuve de résistance à un état qui se veut totalitaire et contrôlant tout, nous exposons le travail d’un autre artiste chinois, Liu Bolin, qui fait le choix de l’image de la disparition et de sa mise en scène ».
Liu Bolin dit « l’idéologie fut écrite, puis elle a été effacée puis réécrite, et de nouveau effacée. »
Ainsi, l’individu se perd. Il doit oublier tout de sa culture, de son savoir, de son passé, être vierge à un nouveau régime, neuf face à de nouvelles propositions …
Le travail de Liu Bolin se fait en deux temps. Celui de la visibilité, de la mise en scène de l’individu. C’est une performance, un spectacle. Il se « fait peindre » à l’image de son environnement quel qu’il soit (lieux de consommation, de patrimoine, de nature, de tourisme, de culture …). Le dispositif est visible, public. Il se met en spectacle, se fait voir. C’est le temps de la réalisation du dispositif de l’œuvre.
Le deuxième temps est celui de l’œuvre proprement dite : la photographie, en série limitée. C’est donc une exposition de photographie à laquelle nous sommes conviés. Et sur chaque image, la disparition de l’individu dans son environnement, sa fusion avec ce qui l’entoure. Il disparaît, il n’est pas. Ne bouge pas, n’apparaît pas, n’a pas de traits particuliers, de signes distinctifs … Il n’est presque plus là, tout entier happer par le monde qui l’entoure, l’englobe, l’engloutit. Il semble disparaître dans un système qu’il soit politique ou de consommation, toutes « croyances » sont ici renvoyées dos-à-dos.
Passé le moment du jeu « mais où est-il ? », la photographie, ici métaphore d’une dangereuse attitude au monde, celle du divertissement avant toute chose, de vient un miroir angoissant, notre reflet disparu dans le tout du monde contemporain.
Sylvie Corroler-Talairach, directrice de la Fondation Espace Ecureuil.
Une exposition en partenariat avec Made in Asia
Fondation espace écureuil pour l’art contemporain, 3 place du Capitole – 31000 Toulouse 05 62 30 23 30 | caisseepargne-art-contemporain.frdu mardi au samedi de 11h à 19h30 | 1er dimanche du mois de 15h à 19h30