Saison 6, 13 épisodes (fin de série) // 4 640 000 tlsp.
Le parcours de Private Practice est tout de même unique en son genre : contrairement à des Experts et autres NCIS, qui n'ont eu de cesse de partouzer, engendrant des bébés clônés, elle est le fruit d'un accouchement miraculeux. Lorsque la rousse flamboyante Addison Forbes Montgomery est arrivée au Seattle Grace, elle n'était pas très sympathique, elle cassait l'ambiance et il n'était pas question qu'elle reste. Mais son séjour s'est finalement prolongé, Shonda Rhimes sentant qu'il y avait là un personnage à creuser, auquel le public devenait de plus en plus réceptif jusqu'à sincèrement s'y attacher. Et Kate Walsh avait tout d'une star, ses perfomances dépassant les espérances. Le succès de Grey's Anatomy étant ce qu'il était, ABC a suggéré l'idée de la décliner avec un spin-off, des dollars plein les yeux. La créatrice est arrivée avec l'idée de ce cabinet spécialisé dans la fertilité, loin de la pluie battante de Seattle mais sous le soleil éclatant de L.A., où tout le monde coucherait, évidemment, avec tout le monde. Parce que la patte Shonda, c'est d'abord ça. Le double épisode backdoor pilot introduit en fin de saison 3 en a laissé plus d'un perplexe. Mon amour pour Addison était tel que j'y ai vu personnellement quelques maladresses, mais surtout beaucoup de potentiel. Je me souviens avoir pensé très fort à Ally McBeal à l'époque. Il y avait un peu de cela dans les rapports humains et l'excentricité. Car oui, on ne s'en souvient pas forcément après six saisons de drames intenses et de larmes, mais Private Practice à la base, c'était léger, décomplexé et l'ascenseur parlait ! Je ne me suis jamais remis de sa disparition dès le premier épisode de la saison 1 d'ailleurs. Jamais. J'attendais même un clin d'oeil dans le final, mais il n'est pas venu. Toujours est-il que la série s'est muée rapidement en un show plus adulte, plus sérieux, et qu'à partir de la saison 2, elle s'est assumée comme un soap mélodramatique larmoyant, usant de grosses ficelles pour nous toucher, quitte à enchaîner les tragédies et faire de ses héros des guerriers. Parmi les événements les plus marquants qui auraient dû les pousser au suicide collectif : le vol du bébé de Violet à même son ventre; la mort soudaine mais héroïque de Dell, laissant sa fille orpheline puisque sa mère avait ouvert le gaz quelques épisodes plus tôt; le viol de Charlotte, bien entendu, qui reste l'un des moments de télévision les plus forts qu'il m'ait été donné de voir, j'en tremble encore; et la mort de Pete en début de saison 6, qui n'a eu d'intérêt que pour son impact sur Violet puisque son absence n'a absolument rien changé à la dynamique de groupe. Et Addison dans tout ça ? Plus les saisons ont passé, moins elle a été au centre des intrigues, comme si les scénaristes s'étaient rendu compte qu'ils n'avaient plus tant de choses à dire sur elle, ou bien que les autres personnages méritaient une place plus importante. Private Practice est devenue un véritable ensemble show, et en a tiré beaucoup de force.
C'est sans doute en partant de ce constat simple que la dernière saison a été articulée. Après un Season Premiere offrant des séquences à chacun des héros, les épisodes suivants se sont concentrés plus particulièrement sur chacun d'entre eux, un à un, avec quelques distorsions temporelles à la clé, parfois perturbantes mais nécessaires. Il y a eu de bonnes idées, mais tous n'ont pas été réussis. Je pense tout particulièrement à The Next Episode, dans lequel Sam -l'ennuyeux Sam- était la star d'un pilote de télé-réalité. Le format était original, mais le résultat n'était pas du tout à la hauteur. Et c'est d'autant plus dommage que l'excellente Alfre Woodward était présente en guest dans le rôle de la mère de Sam. Elle méritait mieux que ces scènes téléphonées où l'émotion était trop forcée pour passer. C'est peut-être à cause de cet épisode que j'ai ensuite eu beaucoup de mal à supporter Sam, jusqu'à finalement reconsidérer qu'il ne fallait surtout pas qu'Addison le choisisse lui in the end ! L'épisode de Violet, Mourning Sickness, était perturbant mais fun. Toute la bande a fini l'enterrement de Pete dans une baignoire, à fumer des pétards. Même l'épisode de Jake, qui n'est pas un personnage que je porte particulièrement dans mon coeur tant la perfection qu'il est censé représenter m'angoisse, m'a plu. Les quelques scènes avec sa femme morte étaient poignantes. Celui de Cooper était vraiment amusant. Il commentait l'action, pendant que Charlotte partait dans ses grands délires, sa grossesse étant une mine d'or pour les auteurs. Pourtant, son épisode à elle, Georgia On My Mind, m'a un peu déçu. J'ai beau adorer le personnage -c'est certainement celui qui me manquera le plus- ils ont vraiment trop forcé le trait sur ce coup-là. Elle était vraiment insupportable sur son lit d'hôpital ! Les petites scènes dansées formaient un bonus sympathique. Le Good Grief consacré à Addison était intéressant puisqu'il y était question de la mort de Mark Sloane et comment la nouvelle a été reçue par l'héroïne. J'ai beaucoup regretté que Patrick Dempsey ne fasse pas le voyage jusqu'à Los Angeles à cette occasion, mais je suis à peu près sûr qu'on l'a proposé à l'acteur et qu'il a refusé, parce que c'est une grosse feignasse. Déjà, quand sa soeur Amelia était au plus mal, Derek n'a pas bougé le petit doigt. Et ça ne ressemble pas à Shonda de ne pas le faire intervenir... En parlant d'Amelia, j'ai adoré son épisode Good Fries Are Hard To Come By. Tout était complètement prévisible vis à vis de sa relation avec James (Matt Long), un personnage qui n'a été introduit que pour elle et ça se voyait beaucoup, mais le quasi huis clos a vraiment fait son effet. Ils étaient super mignons tous les deux, super touchants. J'aurais presque envie que Shonda nous les colle dans Grey's Anatomy, mais je crois que je le regretterais vite.
Malgré cette narration particulière tout au long de la saison 6, il s'est dégagé quelques grandes intrigues plus ou moins fortes, développées sur la longueur. Il y a d'abord eu le cancer de Sheldon, que je n'ai pas trouvé très bien traité, mais c'est sans doute parce que je ne peux pas m'empêcher de comparer avec Parenthood qui a eu son équivalent cette année et qui a fait ça très très bien. Et puis aussi parce que c'était un grand manque d'inspiration que de coller au personnage une telle histoire. Les scénaristes n'ont jamais vraiment su quoi faire de lui. Du coup, on ne s'est jamais impliqué émotionnellement dans ses aventures, notamment avec son ex-femme fantôme, finalement rencontré mais sans intérêt. Sa relation avec une autre malade a permis de sauver un peu ses scènes sur la fin, mais cétait très classique. Sheldon a aussi été au centre d'une storyline "polémique" avec son patient pédophile. Private a toujours aimé aborder ce genre de sujets épineux, sans donner de leçon. C'était encore une fois très intéressant. Le deuil de Violet a souvent été abordé en filigrane. Mais il était surtout question de reconstruction, de redonner un sens à sa vie, ce qu'elle a fini par trouver dans l'écriture. C'était mignon de terminer la série par un débat sur le titre de son livre... Private Practice. Jolie idée. Et puis c'était super de suivre sa dernière patiente, dont le cas était très significatif. Elle la suivait depuis 5 ans, mais la jeune femme était désormais fin prête à affronter le monde, à goûter à la vie. Cela ne pouvait que résonner en Violet. En plus, elle était interprétée par l'excellente Sarah Ramos de Parenthood. C'était "amusant" de la voir presque dans le rôle de son frère dans la série de NBC. Il y avait en tout cas des similitudes dans le comportement. La seule chose que je trouve dommage, c'est que ce ne soit pas une patiente que l'on ait rencontré avant. Elle sortait un peu de nulle part. Les triplés de Cooper et Charlotte ont aussi beaucoup fait parler. Je suis ultra fan de ce couple, j'ai donc pris mon pied à les voir se chamailler une dernière fois. Ils forment au bout du compte une superbe famille, très moderne. Le retour de Naomi dans le final m'a fait plaisir, je me suis rendu compte qu'elle avait quand même manqué à la série. Les auteurs sont allés vers la facilité en la recasant avec Sam, mais c'était une évidence à laquelle ils ne pouvaient pas échapper compte tenu du fait qu'il était hors de question de le remettre avec Addison. Je n'en retire ni satisfaction ni déception en somme. Je me souviendrais juste de la séparation avec Stephanie, qui était bien plus émouvante que prévu. C'était quand même assez étrange de mettre à ce point en avant le couple Sam/Naomi dans le dernier épisode. Addison était trop en retrait à mon goût...
L'héroïne termine cependant la série sur la note positive qu'elle méritait. C'eut été un sacré constat d'échec que de la voir finir célibataire. Mère, certes, mais célibataire quand même. J'ai appris à accepter Jake au fur et à mesure de la saison. De toute façon, un peu comme un grand frère protecteur, je crois qu'aucun homme n'aurait trouvé grâce à mes yeux. Alors ce sera Jake. L'arrivée de Henry au sein de son foyer et son combat pour le garder, que ce soit face à la mère biologique ou face aux autorités, n'a pas toujours eu la force que j'attendais, mais c'était plaisant à suivre, émouvant parfois. Je me souviens tout particulièrement de l'histoire de son mentor mourant, qui n'avait jamais rencontré la fille qu'elle avait abandonné à sa naissance. Le parallèle n'était pas subtile pour deux sous, mais ça a super bien fonctionné quand même. J'ai versé ma larme. Qu'adviendra-t-il désormais d'Addison ? La retrouvera-t-on un jour au Seattle Grace ? J'imagine que la tentation sera grande pour Shonda, mais doit-elle résister ? Je suis partagé. J'ai toujours dit que je voulais qu'elle revienne dans Grey's Anatomy à terme. Qu'elle devienne même Chief de l'hôpital. J'adorerais ça. Mais maintenant que j'ai vu la fin de Private Practice, cela ne me semblerait pas logique du tout. Addison a changé, elle n'aspire plus aux mêmes choses. Elle a revu ses ambitions à la baisse pour se concentrer sur sa famille et son époux. Revenir à Seattle, ce serait prendre le risque de tout faire voler en éclat, vu tout ce qu'il s'y passe. Ce serait un retour en arrière pour elle. Mais n'est-ce pas ça la vie en même temps ? Avancer, se cogner, reculer et repartir de plus belle ? La vie ne s'arrête jamais sur une photo de mariage. Elle continue et ne reste pas belle et heureuse à l'infini... J'espère de tout coeur revoir Addison un jour. Elle va me manquer. Avec elle, j'ai appris que faire des erreurs, c'est aussi grandir.
// Bilan // L'ultime saison de Private Practice n'était certainement pas la meilleure, mais elle s'est bien défendue. Ce n'était pas la saison de trop, comme on pouvait le craindre. Elle a pris le temps de faire ses adieux à chacun des héros et leur a offert à tous un happy end. Et on ne peut pas s'en plaindre : ils en ont tellement bavé pendant toutes ces années ! La vie va continuer sans nous à l'Oceanside. On est heureux de les laisser s'en aller, mais comme toujours lorsqu'une série que l'on a aimé s'arrête, il y a aussi une pointe de tristesse et de nostalgie. In which we never stopped loving Addison.
// Bonus // La formidable scène "I Don't Feel Like Dancing" !
Je partage ton avis sur la saison, ce n'était pas la saison de trop, et j'ai vraiment aimé qu'un épisode soit consacré à chaque personnage. C'était original.
J'ai vraiment adoré celui consacré à Cooper. Quelle belle famille il a !
J'ai trouvé cependant le final très décevant. Il n'a pas fourni l'émotion à laquelle je m'attendais. Les scènes se succédaient, sans trop de lien. Le mariage d'Addison en début d'épisode a je trouve été bâcle.
Dommage de dire ainsi au revoir à Private Practice.