J.O. : La Cause des Flammes

Mes Chers Compatriotes,

Au moment où nous prenons l'antenne, la Flamme Olympique vient encore de nous passer sous le nez, dans tous les sens du terme. Comme pour 2012.

En effet, précédé d'une forte odeur de bœuf aux oignons et de raviolis de crevette à la vapeur flambés au Mei-Kwei-Lu, le grill portatif chinois est passé à toute allure devant nos yeux ébaubis, porté par une athlète handicapée dont les freins venaient de péter, mais qui brandissait bien haut ce symbole de la contestation ridicule branchouille de l'olympisme de l'olimpysme des J.O. (ce qui prouve qu'il lui restait au moins un bras, du moins à ce moment-là). Après avoir

grillé l'arrêt chez France Télévisions dont tous les grévistes avaient pourtant interrompu leur mouvement social d'une certaine catégorie de personnel afin de soutenir le mouvement de RSF (Rigolos Sino-Fâchés), le Précieux Brûlot a été mis à l'abri dans un au-tocard de la compagnie Gros-Derche (enfin, c'est ce que j'ai cru lire…). Le cortège s'est ensuite dirigé vers le centre de Paris et - plus précisément - au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré pour transmettre le flambeau à un jogger portant un T-shirt aux couleurs de la marque Rolex qui a convoyé le Noble Symbole jusqu'au 6 de la même rue, à savoir la boutique Prada, où il s'est arrêté pour faire quelques emplettes. Pendant tout ce (bref) trajet, pour des raisons de sécurité, le sommet de la flamme ne dépassait pas les épaules des gardes du corps judicieusement disposés autour de l'athlète. A ce niveau du parcours, la Flamme Sacrée a été "brièvement éteinte pour des raisons techniques" (un coup d'extincteur en pleine poire et un seau d'eau dans la tronche).

Après qu'un CRS eût ramoné la femme ranimé la Flamme du jogger au moyen de son mégot de Gitane maïs, le Saint Objet est arrivé à l'Hôtel de Ville. Et c'est là qu'un dangereux excité a osé un odieux attentat : surgissant d'une file à vélo restée sans surveillance, l'individu - juché sur un Vélib' aux couleurs de l'Élection Présidentielle 2012 et revêtu d'un T-shirt portant l'inscription "Fuck London 2012, j'avais le meilleur dossier" - s'est rué, la bave aux lèvres, sur la rôtissoire controversogène en mugissant un message obscur : "A bas la bravitude, Ségo salope !". Le dénommé Bertrand D. est à l'heure actuelle encore interrogé par la Police des Jeux (Olympiques) qui tente de décrypter son slogan ésotérique. Aux premières informations, il semblerait que le forcené ait tenté de ravir la Flamme Olympique pour organiser des Jeux à Paris, fin 2011, pour des raisons de vengeance personnelle qui ne pourraient que nuire à l'Entente Cordiale.

La Préfecture de Police indique que l'itinéraire de la torche olympique a été modifié, au niveau de l'Hôtel de Ville de Paris, à la suite d'une décision des organisateurs (moi, j'ignorais que ce fut RSF qui organisât le parcours).

Quant aux supporters de Marie-Jo Perec - qui devait faire partie du relais - ils n'ont pas été déçus par leur championne : fidèle à ses habitudes, elle a illico sauté dans un avion pour rentrer chez elle.

Après une déclaration très ferme du Président du Collectif PQNLALTNMCVQMECOVPADBCARNA (Pour Qu'on Nous Lâche Avec Le Tibet Non Mais C'est Vrai Quoi Merde Et comment On va Pouvoir Acheter Des Baskets Chinoises Au Rabais Nous Alors ?), la Flamme reprend son périple sans autre péripétie. Les manifestants pro-Tibet

ont été refoulés du côté du Quai d'Orsay. Uncle Bern Kouchner se terre dans les caves, retranché derrière une barricade d'une céréale asiatique que nous ne citerons pas.

Communiqué de la Mairie de Paris : Pour 2012, préparez-vous à boycotter les J.O. de Londres, qui occupe honteusement l'Irlande du Nord, vaillamment défendue par les Moines de Sainte Guinness.

Dernière nouvelle : Un communiqué de Nicolas Bruni-Sarkozy, en direct de l'Élysée, après sa douche (suite au joggo-portage de Flamme que vous savez). Il serait question de mobiliser le Mouvement de Libération de la Flamme pour faire porter icelle par Ingrid Bétancourt qui sera ensuite transférée par Falcon spécial

(on en a plein) jusqu'au voilier Ponant où elle retrouvera d'autres otages. Le céréal-killer José B. les accueillera avec du pop-corn OGM et des steaks de dauphin radio-actifs victimes d'une marée noire (c'est bon ? j'ai fait le tour ?). Le fier navire - après une escale au Tibet (comment ça, c'est pas au bord de la mer ? mais vous n'êtes jamais contents, alors ?) - livrera tout le bazar à Pékin où tout le monde sera prié de se démerder tout seul (parce que moi, ça va bien, merci, non mais ho !).

Bien à vous,

Jacques