Un accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États-Unis est une bonne idée, même si cela plaide en faveur du retrait britannique.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni.
Les hauts responsables européens prétextent souvent que le marché unique européen est dû en grande partie à la Grande-Bretagne, une preuve de plus d’une plus grande influence à Bruxelles que l’on imagine. Cela m’a toujours paru être un argument soulignant notre propre défaite. S’ils ont raison – si le marché unique n’était pas arrivé sans la Grande-Bretagne – cela impliquerait que la tendance naturelle qu’auraient eu les autres membres de l’UE aurait été d’aller vers plus de protectionnisme. Si fondre notre politique économique dans l’UE a rendu celle du continent plus ouverte, il est certain que la nôtre l’est beaucoup moins.
Ah, me diront les supporters de l’UE, mais on ne peut avoir d’accord de libre-échange tout seul. Il faut jouer cartes sur table sinon l’autre partie ne sera pas intéressé. Ça semble plausible, mais il se trouve que c’est faux. Les États de petite taille sont les plus grands casseurs de barrières. Les deux économies les plus ouvertes et les plus compétitives dans le monde, selon le récent Index sur la Liberté Économique sont Hong Kong et Singapour.
Dans les années 90, l’Estonie a suivi un parcours similaire, réformant les barrières douanières et les subventions et tailladant les taxes. La stratégie a fonctionné : croissance et investissement ont déferlé. Mais l’UE était horrifiée, et ils ont clairement fait comprendre à Tallinn qu’il lui faudrait une économie plus réglementée pour correspondre aux « acquis communautaires » de l’UE. À minuit le 1er mai 2004, le jour où l’Estonie a rejoint l’UE, ils furent obligés d’appliquer des droits de douane à près de 14 000 produits qui entraient auparavant sans taxes dans le pays.
Somme toute, la Suisse dispose d’une politique d’échange bien plus libérale que l’UE. Dans la grande majorité des cas, quand l’UE signe un accord de libre échange avec un pays non-européen, la Suisse fait juste un suivi, ré-appliquant l’échange clause par cause. Mais lorsque la Suisse trouve Bruxelles excessivement protectionniste, elle est libre d’aller plus loin. Par exemple, les Suisses ont signé un accord de libre-échange avec le Canada et sont en cours de négociation avec la Chine. Pour la Grande-Bretagne, les opportunités seraient encore plus grandes en raison d'un pourcentage bien plus important de nos échanges avec des États hors de l'UE : 56%, contre 26% pour la Suisse.
Ne vous méprenez pas : un accord de libre-échange UE-USA est vraiment dans les intérêts de tous les participants. Un tel marché a été le but de chaque gouvernement britannique depuis qu’elle est membre. Je me souviens de Leon Brittan annonçant son intention d’en garantir un lorsqu’il était commissaire aux échanges, et Malcom Rifkind disant à peu près la même chose lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères. Possible que le plan réussisse finalement – avec, bien sûr, de nombreuses exonérations et autres distorsions. En fait, je ne serais pas étonné si le Premier ministre se prononçait en ce sens.
Alors qu’un traité de libre-échange transatlantique est souhaitable et opportun, son accord aussi mesuré soit-il affaiblit la position favorable à l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE. Si Bruxelles signe un accord de libre-échange global avec les États-Unis, la Turquie, la Suisse, le Mexique, le Pérou et autres, cela devient de plus en plus difficile de prétendre que cela romprait un accord existant avec le Royaume-Uni. Il devient clair que, dans tout scénario réaliste, la Grande-Bretagne reste un membre d’une zone de libre-échange européenne. La question est celle de l’appartenance ou non à un État européen.
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Sur le web.
Traduction : Virginie Ngo pour Contrepoints.