Dernière modification le 26-01-2013
Estelle Vereeck, Docteur en chirurgie-dentaire, auteur d'ouvrages sur les dents parus aux éditions Luigi Castelli
Conclue le samedi 19 janvier 2013 à Genève, le texte de la convention adoptée par l'ONU visant la réduction des pollutions par le
mercure, cible essentiellement l’orpaillage, les émissions des centrales thermiques à charbon (plus gros pollueurs) et les travaux d’extraction.
Le texte prévoit également une réduction de l'usage des amalgames dentaires mais sans toutefois fixer d'objectifs chiffrés ni d'échéances. Chacun des pays
ratifiant la convention doit s'engager à mettre en œuvre au moins deux des mesures de la liste annexée au traité : détermination d'objectifs nationaux de réduction des amalgames dentaires,
campagnes d'information, déremboursement des amalgames au mercure, prévention des caries, recherche de matériaux alternatifs…
Amalgames dentaires au mercure : le commencement de la fin ?
"C'est le commencement de la fin des amalgames dentaires dans le monde" se réjouit MT Bender, directeur du Mercury Policy Project,
ONG américaine de lutte contre le mercure dentaire.
Cependant, l'Organisation Mondiale de la Santé estime qu'en dépit du mercure, neurotoxique, reprotoxique, perturbateur endocrinien,
mutagène…, les amalgames ont une balance bénéfice/risque qui reste favorable dans un certain nombre de cas. L'agence onusienne estime également que les composites, à base de silice et de résine,
matériaux alternatifs aux obturations métalliques à base de mercure, sont plus coûteux et moins durables dans le temps.
Pour JL Eiselé, directeur exécutif de la Fédération Dentaire Internationale (FDI), l'abandon des amalgames au mercure se
fera "naturellement" pour des raisons esthétiques à partir du moment où "on disposera d'un matériau alternatif facile d'utilisation et stable".
Les dentistes français attachés à l'amalgame dentaire
Il faut croire que ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, du moins en France, puisque, à ce jour, les dentistes français restent les
plus gros consommateurs de mercure dentaire dans l'Union Européenne en employant l'amalgame dentaire une fois sur deux pour les obturations de carie. Les dentistes français consomment à eux seuls
le tiers des 55 tonnes de mercure posées chaque année dans la bouche des européens.
On peut s'interroger sur les motivations d'un tel attachement à un matériau, toxique non seulement pour le patient qui le conserve en
bouche de longues années, parfois une vie entière, mais aussi pour le dentiste exposé, ainsi que son personnel, aux vapeurs mercurielle, au point parfois de tomber malade du mercure. Est-ce parce que l'amalgame dentaire est de pose rapide et facile, qu'il est résistant tout en étant peu onéreux, dans un pays où les
soins dentaires dits conservateurs (c'est à dire préservant la dent et sa vitalité) restent le parent pauvre de la dentisterie face aux implants et à la prothèse autrement plus rémunérateurs mais aussi plus mutilants
?
Amalgames dentaires : commencement de la fin ou simple signal ?
Si pour MT Bender, la convention onusienne annonce le commencement de la fin des amalgames au mercure, de son côté le directeur de la
FDI y voit simplement un "signal" rappelant à la profession sa responsabilité en matière d'environnement. Et la santé du patient, docteur ?
Attention : la dépose ou retrait d'un amalgame dentaire libère autant de mercure que sa pose. Dépose des amalgames
dentaires, précautions et matériaux alternatifs : le Pratikadent
Source
Le Monde - 21-01-2013
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