Avec : Goldie Hawn, William Atherton, Michael Sacks, Ben Johnson, Gregory Walcott, Steve Kanaly, A. L. Camp, Jessie Lee Fulton...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 1 heure 48.
Date de sortie : 12 juin 1974.
Synopsis : Clovis Poplin s'apprête à être libéré de prison. Mais sa femme l'incite à s'évader pour aller récupérer leur enfant dans la ville de Sugarland. S'engage alors une course poursuite effrénée entre le duo, qui prend en otage un policier, et les autorités.
Bande annonce originale
"Il l'avait pris mais il s'en serais jamais servi."
Juste après "Duel" (qui était à la base un téléfilm avant d'être exploité au cinéma), j'ai continué mon cycle consacré à Steven Spielberg avec "Sugarland express", premier long métrage destiné directement au cinéma du cinéaste. Le pitch me plaisait bien mais ne l'ayant jamais vu auparavant, je ne savais pas trop à quoi m'attendre.
Et c'est peut être pour ça qu'au début j'ai été un peu déstabilisé par ce film. En lisant le résumé sur mon dvd, je pensais avoir le droit à un thriller assez intense et au lieu de ça, le scénario écrit par Steven Spielberg, Hal Barwood et Matthew Robbins à plus tendance parfois à virer à la parodie. Basé sur des faits réels qui se serait déroulé au Texas en 1969, le film n'en ai pas moins très intéréssant je trouve justement grâce à ce traitement qui m'a beaucoup surpris.
Avec de grosses facilités et des scènes plutôt cocasses, le film nous dresse un portrait assez touchant de deux grands mômes qui vont vite se faire dépasser par ce qui se passe autour d'eux. Pas mauvais pour un sou, ils évoluent dans une autre dimension mais n'en reste pas moins très touchant dans leur quête pour retrouver leur enfant que l'on à placer à la protection de l'enfance. Très vite, cette cavale qui pourrait prêter à sourire va prendre des proportions énormes. Des dizaines de voitures de police vont se retrouver à leurs trousses dans une course poursuite qui dépassera rarement les 50 km/heure.
A travers ses scènes qui vire parfois au grand guignol (comme la voiture que l'on va pousser jusqu'à la station service), le long métrage va cependant nous tenir en haleine du début jusqu'à la fin. D'une part parce que l'on sympathise très vite avec nos deux héros et avec le flic qui les accompagne mais aussi parce qu'à travers ce voyage, le film va dresser un bilan assez sanglant de notre société. Ça va passer des moyens disproportionnés que met en œuvre la police jusqu'à l’enlèvement parfois brutal d'un enfant à son foyer adoptif en passant par la dure réinsertion des anciens prisonniers ou encore l'abus de l'utilisation des armes.
Bien sûr, tout ceci n'est pas non plus traité de façon philosophique mais l'enchainement de ses différentes situations dresse un parallèle très intéréssant je trouve entre ce qu'une société accepte ou pas et jusqu'où elle peut aller parfois. Du coup, si l'humour est assez présent dans la folie de nos deux Bonnie et Clyde déjanté, il l'est aussi dans la folie du monde qui l'entoure à mes yeux comme lors de la scène où des citoyens se prennent pour des policiers où bien la foule qui peut être amené parfois à accueillir Lou Jean et Clovis comme si c'était des rock stars.
Succès mitigé à sa sortie en salles, j'ai en tout cas eu pas mal d'affection pour ce film où une certaine naïveté et une certaine innocence se dégage. Il y à un côté enfantin que j'ai trouvé très touchant et que j'ai grandement apprécié. Si je n'ai pas eu le film que j'espérais au début en insérant mon dvd dans mon lecteur, j'ai en tout cas été vite surpris et trouvé l'ensemble assez original même si tout n'est pas parfait. La fin n'en reste pas moins poignante je trouve et rehausse un peu plus ce film dans mon estime en prenant quelques risques et en se démarquant un peu du reste du long métrage ce qui en fait vraiment un petit film à part à mes yeux loin de la simple facilité qu'il peux dégager au premier visionnage.
Goldie Hawn de son côté fait une très bonne Lou Jean Poplin. Je connais assez mal cette actrice je dois reconnaître mais je l'ai bien aimé dans ce registre où elle incarne très bien la femme enfant qui est dans un monde à part. Si tout prends des proportions énormes, c'est souvent à cause de son personnage mais l'actrice réussi à nous le rendre touchant que ce soit lorsqu'elle se met à collectionner des timbres qui lui permettront de faire des cadeaux à son enfant où lors de la scène finale. La comédienne dégage une fraicheur et une joie de vivre qui colle parfaitement avec ce film.
La jaquette de mon dvd met Goldie Hawn en haut de l'affiche comme ci elle était seule mais à ses côtés on retrouve un William Atherton en Clovis Poplin très bon lui aussi. L'acteur s'impose bien à l'écran sans pour autant être trop charismatique ce qui est une bonne chose pour retranscrire la tendresse de son personnage qui à déjà un peu plus la tête sur les épaules mais qui par amour va vite se laisser dépasser dans cette histoire. On peut pas vraiment parler d'un leader naturel mais la volonté qu'il va mettre à satisfaire sa femme va rendre ce rôle assez touchant je trouve et le comédien va l'interpréter avec beaucoup de justesse.
Ce duo porte le film sur ses épaules. Totalement décalé, leurs personnages ne se rendent pas forcément compte de ce qu'ils font mais entre les deux, il va y avoir un bon équilibre d'apporter grâce à Michael Sacks que j'ai également trouvé très bon dans la peau de l'officier de police Slide. Dès sa première apparition il m'est apparu sympathique et j'ai beaucoup aimé son évolution au fur et à mesure qu'il côtoie notre couple de héros dans sa cavale en tant qu'otage. Par moment, il y à là encore des moments où il en fait peut être un peu trop mais le comédien s'en sors globalement bien et complète au final très bien ce trio.
Dans le rôle du grand chef de police qui va se lancer aux trousses de nos faux bandits, Ben Johnson en Capitaine Harlin Tanner est vraiment bon. Très charismatique, il s'impose assez vite à l'écran sans jamais pourtant voler la vedette à Lou Jean et Clovis. L'acteur s'en sors remarquablement bien sans jamais trop en faire dans la surenchère. Il possède aussi un personnage que j'ai beaucoup apprécié pour son côté posé qui reconnait tout de suite le côté paumé de ses deux mômes inconscient. Bien sûr, le côté flic au grand cœur peu parfois faire sourire mais le comédien reste cohérent avec le film et joue bien le jeu.
Pour le reste de la distribution, je n'ai pas grand chose à dire. Chaque acteur joue avec la même légèreté et si personne n'a semblé sortir du lot pour moi, personne n'a été foncièrement mauvais non plus. Gregory Walcott en officier de police Mashburn fait un bon suppléant à Tanner et les autres seconds rôles m'ont aussi bien plu sans que je trouve quoique ce soit à redire.
Derrière la caméra, pour son premier long métrage destiné au cinéma Steven Spielberg livre un excellent travail. Dès le début de sa carrière, le célèbre réalisateur faisait déjà preuve d'un grand talent. Le film ne regorge pourtant pas d'une identité visuelle forte mais il possède malgré tout des plans assez originaux et bien maitrisé qui font qu'on n'est pas face à un film qui se contente d'être trop linéaire dans sa mise en scène. Certains angles de vues sont très plaisant et d'autres appuies un peu plus les propos du film en les caricaturant pour les rendre ridicule comme l'armada de voitures policières qui vont assister à la course poursuite la plus calme que j'ai pu voir au cinéma.
Très rythmé et très fluide, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde en tout cas et j'ai beaucoup apprécié le travail qui à été fait dans ce long métrage. On sens bien le côté film américain des années 70 et même si parfois le récit où la mise en scène peuvent avoir pris un coup de vieux, ça reste en tout cas très agréable à suivre. J'ai beaucoup apprécié la route qui est prise ainsi que les différents décors qu'on nous propose. Voir ses vieilles voitures (de police entre autres) m'a aussi beaucoup amusé et beaucoup plu tandis que j'ai trouvé les différents costumes de nos personnages assez bien choisis en fonction de leur caractère respectifs.
La photographie est assez soigné et sans tombé dans la surenchère, j'ai trouvé ça visuellement très sympathique. Il y à quelques scènes aussi (comme le dernier plan ou la scène d'ouverture avec le générique) où j'ai trouvé la lumière bien pensé. C'est pas toujours très original mais ça s’intègre bien à ce film. Quant à la bande originale, la musique composée par John Williams m'a elle aussi semblé bien pensé dans son choix de mélodie même si ce n'est pas la partition que je préfère de ce compositeur.
Pour résumé, si j'ai été un peu déstabilisé au début par le traitement fait de "Sugarland express", ce fut en tout cas pour moi une très bonne surprise que je découvre tardivement. J'ai beaucoup aimé l'innocence et la naïveté de cette histoire avec sa fin assez poignante. Flirtant parfois avec la comédie, le long métrage de Steven Spielberg, qui signe là un bon boulot dès ses débuts cinématographique, n'en ai pas moins très intéréssant quand on tente de voir au delà de la simple cavale de bandits paumés. Des bandits bien interprété par un duo Goldie Hawn - William Atherton très tendre auquel Michael Sacks s'intègre à merveille. Pas forcément novateur, le film vaux quand même le détour je trouve et il y à fort à parier que je le reverrais avec beaucoup de plaisir même si la suite nous prouvera que Steven Spielberg peut faire beaucoup plus fort en terme de spectacle.
Ce que j'ai aimé :
- La naïveté et l'innocence qui se dégage du récit
- Le regard assez cynique sur la société
- Des personnages haut en couleur très attachant
- Un très bon duo entre Goldie Hawn et William Atherton
- Michael Sacks très bon aussi
- Une belle mise en scène
- Des plans assez bien pensé
Ce que j'ai moins aimé :
- C'est parfois à la limite de la parodie