Magazine Cinéma

Les Invisibles – critique

Par Tedsifflera3fois

Alors que le mariage homosexuel déchaîne les passions, provoquant manifestations et contre-manifestations et faisant ressortir les propos homophobes les plus absurdes, Les Invisibles est nominé au César 2013 du meilleur documentaire. Un film certes imparfait, mais qui a le mérite de donner la parole à des amoureux qu’on voit peu et qui aiment pourtant d’autant plus fort.

Synopsis : Des hommes et des femmes, nés dans l’entre-deux-guerres, se racontent. Ils n’ont aucun point commun sinon d’être homosexuels et d’avoir choisi de le vivre au grand jour.

Les Invisibles - critique
Deux sujets se mêlent dans Les Invisibles : la façon pour les homosexuels de vivre leur homosexualité (notamment il y a 30, 40 ou 50 ans) et la sexualité des plus de 70 ans.
Le premier devient passionnant notamment quand il est question d’engagement et de revendications. Aux deux tiers, le film s’accélère et s’enflamme pour la formidable aventure collective que fut la libération sexuelle et la lutte contre une société conservatrice et stigmatisante.

Le second thème du film est plus intime, plus personnel. Sébastien Lifshitz laisse à chaque témoin une vraie place pour s’exprimer, pour se raconter, pour souffrir à l’écran, quitte à se retrouver à côté du sujet (comme cette femme pleurant le temps qui passe devant les murs d’une gare qui seuls gardent le souvenir de son père). Ici, chacun démontre que les êtres humains, qu’ils aient 20, 40, 60 ou 80 ans, ont en eux une incroyable envie d’amour et de plaisir, une force d’aimer qui résiste formidablement au temps. Les témoins choisis sont admirables car ils ne se résignent jamais à être vieux. Certes ils sont invisibles, certes la société cantonne l’amour à la jeunesse (comme elle le cantonne souvent à une relation entre un homme et une femme), mais leur ardeur n’en est pas moins là. Et ils nous le disent, dans des confessions face caméra souvent émouvantes.

Dommage alors que le film ne convainque qu’à moitié, la faute à un rythme plutôt mou, à une volonté de mise en scène trop appuyée, avec ces longues mises en contexte convenues. On préfère retenir la liberté de ton et la liberté de vie de ces beaux personnages. On préfère retenir que l’amour à 70 ans peut rester vif et passionnel. On préfère retenir ce merveilleux vent de contestation et d’affirmation de soi qui existait dans les années 70, dont l’esprit a aujourd’hui disparu et dont il ne reste plus que les acquis, dans une société sans engagement de masse et qui se renferme sur ses valeurs conservatrices.

Note : 5/10

Les Invisibles
Un film de Sébastien Lifshitz
Documentaire – France – 1h55 – Sorti le 28 novembre 2012


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tedsifflera3fois 2088 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines