Quelques peintres français du XXe siècle

Publié le 11 novembre 2011 par Jigece

Voici un zoom sur quelques peintres français que j’aime tout particulièrement et quelques unes de leurs plus belles œuvres.

Balthus

Balthasar Kłossowski (de Rola), dit « Balthus » (Paris, 29 février 1908 – Rossinière, Suisse, 18 février 2001) est un peintre figuratif français d’origine polonaise. Il est le frère de l’écrivain Pierre Klossowski.
« La meilleure façon de commencer est de dire : Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures », telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques.
Le Roi des chats – titre d’un de ses autoportraits – a en effet toujours souhaité s’entourer d’une aura de mystère, ce qui a sans aucun doute contribué à occulter sa personnalité et son œuvre aux yeux du grand public. Rare et discret, il l’est en effet dès sa naissance, un 29 février ; un anniversaire qui fait aussi partie de la « légende Balthus ». Balthus naît à Paris, mais sa famille, du fait de ses origines, se réfugie en Suisse lors de la Première Guerre mondiale. Ses parents se séparent peu après et Balthus passe son enfance avec son frère Pierre dans la région de Genève, près de leur mère. Celle-ci rencontre Rainer Maria Rilke alors que le jeune Balthasar Klossowski a 11 ans. Le garçon publie son premier livre de dessins, Mitsou, sous l’impulsion de ce mentor, lorsqu’il a quatorze ans. Durant son adolescence, il rencontre les nombreuses relations de sa mère et de Rilke qui viennent lui rendre visite : André Gide, Maurice Denis, Pierre Bonnard.
De retour à Paris en 1924, il y suit l’enseignement de Bonnard et de Vlaminck.
Il expose en 1934 une série de tableaux mettant en avant des jeunes filles à la pose équivoque, thème qui fera sa célébrité.
En 1936, il s’installe Cour de Rohan (quartier de Saint-Germain-des-Prés) où il résidera plusieurs années. Il se marie en 1937 avec Antoinette de Watteville (1912-1997), qui lui sert de modèle dans plusieurs toiles, dont La Toilette (1933, Centre Pompidou, Paris) ou La montagne, 1936.
En 1961, Balthus est nommé directeur de l’Académie de France à Rome, à la Villa Médicis, par André Malraux. Setsuko Idata, jeune étudiante japonaise dont il est amoureux, l’y rejoint. Elle lui sert à son tour de modèle dans plusieurs tableaux dont La Chambre turque (1963-66, Paris, Centre Georges Pompidou). Il l’épouse en 1967 au cours d’un voyage au Japon.

Son œuvre peinte est relativement peu abondante puisqu’on ne compte qu’environ 300 peintures, dont beaucoup ne sont pas datées. Balthus est un artiste méticuleux, certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés et après avoir fait de nombreuses études préparatoires.
Il est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l’idée de l’innocence perdue à l’adolescence. Il est néanmoins dommage que ces quelques tableaux aient laissé dans l’ombre le reste de son œuvre, pourtant beaucoup plus intéressante, avec des tableaux comme Les joueurs de carte (1948), mon tableau préféré de Balthus (visible ici). Et être un artiste figuratif à une époque où l’abstraction était reine ne l’aida pas non plus (Bernard Buffet connut, en France, le même ostracisme)…

Rémi Blanchard

Rémi Blanchard, né en 1958 à Nantes et mort à Paris en 1993, est un peintre français. Membre de la Figuration libre, premier mouvement en France à avoir réconcilié l’art contemporain et le grand public, il fait partie des artistes de la même génération que Keith Haring, Jean-Michel Basquiat ou Robert Combas.

Issu d’une famille nombreuse (neuvième d’une famille de onze enfants), baigné dans un milieu catholique ouvrier, Rémi Blanchard passe son enfance entre Nantes et la Vendée. Il se lie rapidement d’une amitié admirative avec le critique et romancier Bernard Lamarche-Vadel, qu’il côtoie en tant que professeur aux Beaux-Arts de Quimper. Celui-ci le fait venir à Paris en 1980 et le montre dans l’exposition « Finir en beauté », qu’il organise dans son loft de la rue Fondary (Paris XVe) en 1981. Si la liste des artistes retenus n’est pas suffisamment cohérente pour définir une école patentée, se dégagent pourtant des personnalités telles que Robert Combas, Hervé Di Rosa, François Boisrond et, donc, Rémi Blanchard, taiseux et perpétuellement tombé de la lune. Rejetant l’enseignement minimaliste et peu incarné des écoles d’alors, ces artistes vont bousculer l’iconographie réaliste… Un temps aussi célèbres que des pop stars, ils exposent partout en France, aux États-Unis et ailleurs : à New York, pour « Statements New York 82. Leading contempory Artists from France » et chez Holly Solomon (1982) ; à Nice pour « L’Air du Temps. Figuration Libre en France », organisée par Marc Sanchez et Ben, qui lance véritablement l’appellation Figuration libre (1982) ; à l’Espace Lyonnais d’Art Contemporain (1983) ; au Groninger Museum pour une Importante exposition « Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa » (1983) ; au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (« 5/5 : Figuration libre, France/USA », avec Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, entre autres – 1984)…
De 1982 à 1993, Rémi Blanchard expose et séjourne régulièrement à San Francisco (influences de Kerouac, des Beatniks, …) et au Japon (deux de ses dernières compagnes et muses sont japonaises). Lauréat d’une bourse « Villa Médicis hors les murs », il séjourne également huit mois à New York en 1985, à l’atelier PSI où il réalise notamment de grands formats sur toiles libres.

Toutefois, l’œuvre de Rémi Blanchard occupe une place à part, tant son iconographie diffère de celle de ses amis, surtout urbaine, portée sur la bande dessinée, le graffiti, le rock, les mass-média. Lui écarte toute violence pour s’attacher au registre des contes et légendes. Avec ses figures, des bêtes souvent, mais aussi beaucoup de personnages, toujours stylisées et dessinées au gros trait noir, avec ses couleurs vives et franches, le monde imaginaire de Blanchard affiche un côté naïf (qu’il revendiquait) et enfantin. C’est l’idée de « nomadisme » qui caractérise son éthique et son esthétique. Étrangement, la ville y est absente. Au mieux, elle offre ses fenêtres comme autant de regards ouverts sur l’ailleurs. Tout comme celle de Miró, l’œuvre de Rémi Blanchard est celle d’un peintre comme celle d’un poète. Ludique, poétique et touchante.

Si sa production fut assez importante, il n’en reste au final qu’une partie : le 10 février 1990, un incendie ravage l’un des deux entrepôts situé le long du canal de l’Ourcq à Paris XIXe, où Rémi Blanchard et d’autres artistes ont leur atelier. Il assiste impuissant au brasier dans lequel il perd un nombre important de ses oeuvres, toutes ses archives, ainsi que son chat, qu’il avait souvent représenté ; une perte qui le bouleverse. Il meurt trois ans plus tard, d’une overdose, alors qu’il rentrait d’un séjour au Japon. Il avait 34 ans.
Présidée par l’une de ses soeurs et sise dans la poterie de l’un de ses frères, « Le Méjou-Roz » à Ploénour-Lanvern (près de Quimper), l’association des amis de Rémi Blanchard tente depuis une dizaine d’années de recenser ses tableaux, qui seraient au nombre de quatre ou cinq cents.

Bernard Cathelin

Bernard Cathelin, peintre et voyageur, nait à Paris en 1919. Il suit des études classiques aux lycées Carnot et Janson-de-Sailly de Paris, puis au lycée Emile Loubet de Valence. En 1939, il s’engage volontairement et devient élève-pilote.
Après la guerre, en 1945, il devient élève à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, puis, de 1947 à 1953, professeur l’atelier Colarossi de préparation au concours d’entrée à cette même école.
Il reporte ensuite plusieurs prix : prix Blumenthal en 1950 ; prix Emile Lowe en 1953 ; prix Othon Friesz en 1958. Tounjours en 1958, le New York Herald Tribune lui consacre la couverture de son supplément du dimanche.
De 1962 à 1982, Bernard Cathelin voyage énormément : Pérou, Nicaragua, Equateur, Brésil, Mexique, Guatemala, Venezuela, URSS, Cambodge, Ceylan, Inde, Birmanie, Népal, Tahiti, Italie, Antigua, Saint-Martin et, en 1980, au Japon, pays dont Bernard Cathelin dit qu’il « est le pays qui m’a le plus enrichi, que se soit du point de vue formel ou du point de vue spirituel ». La venue de Cathelin au Japon a d’ailleurs développé son inspiration. L’artiste a apprécié certains sentiments japonais comme le recueillement, l’intimité, ou la sobriété. Il y a peint certainement ses plus beaux tableaux, notamment sur la Villa impériale de Katsura au printemps (voir ici ou ci-dessus), des œuvres aux grands aplats géométriques et poétiques qui ne sont pas sans rappeler Nicolas de Staël. Sa peinture est d’ailleurs particulièrement appréciée au « pays du soleil levant ».

Bernard Cathelin a de fortes attaches dans la Drôme où ses racines maternelles le ramènent tous les étés dans la propriété familiale des Rebattières, près de Valence. Il doit à sa mère son envie de peindre, notamment les bouquets : « Il y avait toujours dans notre maison une telle profusion de fleurs que j’ai eu très vite l’envie de les peindre, non comme des fleu-fleurs, mais comme des portraits ». Le résultat est tout simplement prodigieux !
Bernard Cathelin a été décoré de la légion d’honneur par le Président de la République, François Mitterrand, en 1995. Il s’est éteint le 17 avril 2004.

Jean Jansem

Jean Jansem (de son vrai nom Ohannes Semerdjian) est né en 1920 dans une famille arménienne de Seuleuze, en Turquie. Fuyant les persécutions, sa famille rejoint Salonique, en Grèce, alors qu’il n’a que deux ans. Il y passe son enfance, et arrive à Paris fin 1930. En 1934, il commence à suivre des cours du soir à Montparnasse (notamment à l’atelier de La Grande Chaumière), puis entre à l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris, dont il sort diplômé en 1938. Il poursuit par un stage à l’Ecole Nationale des Beaux Arts, Paris.
En 1939, c’est sa première participation au Salon des Indépendants.
Dès 1957, sa carrière devient internationale. Il expose en Italie, en suisse, en Angleterre et surtout aux Etats-Unis (à la prestigieuse Galerie Hervé de New York).
En 1969, une rétrospective de ses œuvres a lieu à Tokyo, et son travail est, depuis, régulièrement présenté au Japon où il jouit d’une grande renommée. Deux musés portant son nom seront d’ailleurs ouverts dans ce pays, en 1992 et 1993, à Tokyo (Ginza Jansem Museum) et à Nagano (Azumino Jansem Museum).
En 1978, ouverture de la Galerie Matignon à Paris, dédiée à son œuvre.
Il est fait Chevalier des Arts et des Lettres en 1997 et Chevalier de la Légion d’Honneur en 2003.

S’inspirant à ses débuts de peintres comme Goya ou Pieter Brueghel, Jean Jansem a constamment navigué, au fil de sa longue carrière de plus de soixante ans, entre réalité et illusion, cherchant toujours l’expression la plus profonde. Marquée par des drames puissants (exode et massacre des arméniens, Deuxième Guerre Mondiale), son œuvre est riche, d’une grande cohérence, mais surtout profondément humaine. Car au-delà de ses indéniables talents de dessinateur, de coloriste et de sa maîtrise technique, c’est l’originalité de son regard qui interpelle le spectateur : derrière les visages diaphanes, les corps décharnés, les personnages de carnavals, de ferias, Jansem peint l’Homme et recherche sa vérité, qu’il exprime dans une forme picturale figurative et expressionniste qui n’est pas sans rappeler James Ensor.
« Ce qui m’intéresse c’est la vérité, celle de l’homme. La vérité de soi-même par rapport au monde. »
« Qu’est ce que la réalité ? La réalité est une chose indéfinissablement fluide. On a commencé à faire de la peinture pour rendre la réalité. Mais, au dix-neuvième siècle, ce fut la débandade pour les adeptes de cette théorie. La photographie restituait beaucoup mieux la réalité. Mais on peut exprimer des choses bien différentes avec la peinture. Par exemple, traduire émotionnellement la réalité du monde extérieur. […] Quand il s’agit d’exprimer les choses au-delà de l’objectivité, le dessin et la peinture ne suivent plus aucune règle. Quand je vois une tête, ou seulement un mur, si j’ai envie de peindre c’est pour retrouver l’émotion que j’ai éprouvée en les regardant. Il faut que je rende le personnage au moins aussi fort qu’il m’est apparu. […] Si je n’ai pas vu une chose, je ne la sens pas. Je ne pourrais pas faire de dessins sur la guerre, par exemple, si je n’y participais pas. Ce n’est pas l’imagination mais la chose vue qui est importante pour moi. »

La vie se transpose alors sur la toile de Jansem en comédie dramatique, parfois violente, tragique, parfois plus douce, mais toujours dans cette oscillation permanente entre réalisme et fiction. « Le langage de Jansem est ininterrompu depuis plus de soixante ans qu’il transmue dans le secret de son atelier, dessin et couleurs, matière et lumière, en un charnel enchantement. Dans son exigence d’une vraie représentation incarnée, Jansem élève sa peinture à hauteur d’homme. »

Jean Leppien

Jean Leppien est un peintre français d’origine allemande (Lünebourg, 1910 – Paris 1991).
Étudiant au Bauhaus en 1929, il suit notamment les cours élémentaires de Kandinsky. L’année suivante, il intègre l’académie fondée par Itten à Berlin où il se familiarise avec les techniques de la photographie, notamment aux côtés de Lazlo Moholy-Nagy.

C’est cette activité de photographe – entre autres – qu’il exerce pour survivre quand il rejoint Paris en 1933 à la suite de l’arrivée au pouvoir des nazis. Il y fait la connaissance de Suzanne Ney, une juive hongroise, elle-même photographe.
Il s’engage à la déclaration de la guerre auprès des armées françaises (dans la Légion étrangère). Démobilisé après la défaite, il rejoint Sorgues (près d’Avignon) où Suzanne, fuyant Paris, s’est réfugiée. Il l’épouse le 16 août 1941 – le maire ayant été suspendu par un décret de Pétain, ils sont unis, après intervention du préfet, par un responsable de délégation, antisémite virulent qui, pour marquer sa désapprobation, retire son écharpe tricolore. Ils vivent à Sorgues, plus ou moins dans la clandestinité – généreusement hébergés à la ferme des Confines -, jusqu’à la rafle du 21 mars 1944 « par mesure de sûreté concernant les juifs », où Suzanne, qui travaille en qualité d’ouvrière agricole chez Paul Avril à Châteauneuf-du-Pape, est arrêtée. Envoyée d’abord au camp de Drancy, elle fait partie du convoi 72 du 29 avril 1944 pour Auschwitz.
En voulant se renseigner sur son sort auprès de la Gestapo, Jean Leppien est arrêté à son tour, questionné durant une semaine puis envoyé en forteresse près de Nuremberg. Libéré par les alliés le 25 avril 1945, il est rapatrié à Paris, pensionnaire de l’hôtel Lutetia, où il retrouve Suzanne quelques jours plus tard, miraculeusement sortie vivante du camp d’Auschwitz.

Dans la France d’après-guerre, la peinture abstraite est en plein essor. Bien que toute son œuvre antérieure soit perdue – détruite par les nazis comme étant l’expression d’un art dégénéré -, il renoue avec la peinture et se lie d’amitié avec Alberto Magnelli, Jean Deyrolle, Michel Seuphor et Aurélie Nemours. Il adopte d’abord une facture à la fois géométrique et matiériste, fondée sur la rencontre sinueuse de grandes lignes courbes. Les formes se simplifient ensuite pour explorer des rectangles, puis des cercles qui donnent lieu à de nombreuses variations chromatiques. Ces cercles, concentriques ou centripètes, sont travaillés dans l’épaisseur d’une couche onctueuse de matière picturale qui confèrent à l’œuvre une présence lumineuse et charnelle.
Il expose au premier Salon des Réalités Nouvelles (1946) et devient membre du comité. Il y exposera jusqu’à sa mort.
En 1949, il s’installe dans le sud de la France (à Roquebrune Cap Martin) où il crée avec sa femme un commerce d’objets insolites dénommé « la Boutique de Roquebrune village ». Il est naturalisé français en 1953.
Ses œuvres sont représentées dans de nombreuses collections publiques françaises. Il s’est également fait un nom comme médiateur entre l’art allemand et l’art français.

Léopold Survage

Léopold Frédéric Léopoldovitch Stürzwage ou Léopold Survage est né le 31 juillet 1879 à Moscou et mort le 31 octobre 1968 à Paris.
Il perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. A la sortie du lycée il entre dans la fabrique de pianos de son père de 1897 à 1900 et devient apprenti facteur de pianos. Fasciné très jeune par le dessin et la peinture, il entre en 1901 à l’école des Beaux-Arts de Moscou chez Constantin Korovine et Leonid Pasternak,et visite la collection privée de Chtchoukine : Manet, Gauguin, les Impressionnistes, Matisse etc. ; il y rencontre Larionov, David Bourliouk. En 1903 il peint sa première œuvre connue à ce jour, Moscou, et participe à diverses expositions. Entretemps son père, ruiné, liquide ses affaires et, avec le peu d’argent qui lui reste, part pour Paris à l’été 1908.
Il entre comme facteur de pianos à la Maison Pleyel, et suit les cours de l’Académie Matisse et de l’Académie Colarossi. Premières expositions à partir de 1911 et, en 1913 il peint les principes du « Rythme coloré » (200 toiles) par lequel il cherche une analogie entre la forme visuelle colorée et la musique – et dont il cherche, en vain, à faire un film d’animation. Il montre ces toiles au Salon des Indépendants de 1914 et Appolinaire écrit un article sur le sujet.
Il fait partie du Groupe de Puteaux, constitué dès 1911 autour de Jacques Villon, Gleizes, Marcel Duchamp, Kupka, Léger, Picabia, afin de développer un autre cubisme. Puis, avec Archipenko et Albert Gleizes, il crée en octobre 1919 « La Section d’Or » dans le but de faire connaître au public les œuvres d’artistes novateurs de toutes nationalités en organisant des expositions accompagnées d’auditions musicales et littéraires dans tous les pays où résident des membres délégués chargés de la propagande. La première exposition a lieu à Paris en mars 192O, à la Galerie de la Boetie. Elle réunit des artistes comme Archipenko, Braque, Gleizes, Gontcharova, Larionoff, Léger, Survage, Jacques Villon… Les expositions suivantes ont lieu à Rotterdam, La Haye, Arnhem, Amsterdam, organisées par le journal « De Stijl », avec la participation de Mondrain et Van Doesburg. La Section d’or se rend ensuite à Anvers et Bruxelles, puis en Allemagne, avec des peintres comme Klee, Feininger, Campendonk…
Dès 1922, il travaille pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev et exécute les décors et les costumes de l’Opéra-bouffe de Stravinski, Mavra. En 1927 un article de Samuel Putnam sur Survage dans le Chicago Evening Post précède une exposition particulière à Chicago aux Chester Johnson Galleries. C’est alors une carrière internationale qu’il poursuit en multipliant les expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger. Il effectue également des dessins de tissus pour la maison Chanel. Il est naturalisé français en 1927 et est fait Officier de la Légion d’honneur en 1931.
Si certains ont voulu faire de Survage un second couteau du cubisme, il s’avère qu’il était un esprit libre et talentueux qui a su trouver sa propre voie, originale et élégante. A sa mort, en 1968, il laisse derrière lui une oeuvre riche de plus de mille toiles et d’innombrables dessins.

Maria Elena Vieira da Silva

Maria Elena Vieira da Silva est née à Lisbonne le 13 juin 1908 et morte à Paris le 6 mars 1992. Artiste peintre, elle appartient à l’École de Paris.
Son père meurt lorsqu’elle n’a que 2 ans mais sa mère encourage ses dispositions artistiques précoces : dès l’âge de onze ans, elle commence l’apprentissage du dessin et de la peinture à l’Académie des beaux-arts de Lisbonne.
Vieira da Silva s’installe en France en 1928 (« Du port de Lisbonne on partait autrefois pour découvrir le monde ; à Paris, on le découvre sur place à chaque instant »), où elle étudie la peinture avec Fernand Léger, la sculpture avec Antoine Bourdelle et la gravure avec Stanley Hayter et Johnny Friedlaender, tous des maîtres dans leur discipline. Elle se marie en 1930 avec le peintre d’origine hongroise Arpad Szenes. Cette même année, elle expose pour la première fois ses peintures à Paris. En 1932, perfectionniste, elle fréquente l’Atelier de Bissière à l’Académie Ranson. Ce dernier lui fait rencontrer Jeanne Bucher, la célèbre marchande de cette époque.
C’est au milieu des années 30 que Maria Helena Vieira da Silva élabore son style en forme de patchwork, inspiré des azulejos de son pays natal, qui la rendra mondialement célèbre. Après un bref séjour à Lisbonne et une période passée au Brésil durant la Seconde Guerre mondiale, elle vit et travaille à Paris le reste de sa vie. Elle crée aussi des tapisseries et des vitraux.
Vieira da Silva est naturalisée française en 1956 et reçoit le Grand Prix National des Arts du gouvernement français en 1966 (elle est la première femme à être ainsi distinguée). Elle est également nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1979.