Le film de l’humoriste Dany Boon, qui raconte les aventures d’un fonctionnaire de la Poste (Kad Merad) muté autoritairement dans le Nord, a ravi avec 17.405.832 spectateurs le record détenu par la comédie sur l’Occupation de Gérard Oury avec Louis de Funès et Bourvil, de 17.270.676 entrées.
Il devient ainsi le film en langue française le plus vu dans l’Hexagone depuis 1945, année où le Centre national de la Cinématographie (CNC) a commencé à compiler ces chiffres.
“Il y a deux choses qui sont marrantes : le record datait de 1966, je suis né en 1966, et je tourne actuellement avec la fille de Gérard Oury, Danielle Thompson”, a raconté récemment à l’AFP Dany Boon, qui joue le rôle du facteur dans les Ch’tis.
“J’espère qu’on ira jusqu’à battre +Titanic+”, ajoutait-il.
Le record absolu de fréquentation en France est détenu en effet par la superproduction de James Cameron, avec le duo Leonardo DiCaprio/Kate Winslet, sortie en 1998 et qui totalise 20.758.841 millions d’entrées.
“Et maintenant en route pour aller couler le bateau!”, s’exclamait dès lundi midi Henri Demoulin, responsable de la distribution chez Pathé, producteur et distributeur du film.
Pour M. Demoulin, battre ce record “semble raisonnable” mais pas question de donner d’échéance. “C’est impossible de savoir!”, juge-t-il. “Est-ce que les Ch’tis auront une tenue dans la durée qui fera qu’il ira (vers ce record, ndlr) ou est-ce qu’il s’arrêtera avant, on n’en sait rien”, a-t-il dit.
Même analyse au CNC, où l’on souligne que si les Ch’tis réalisent “des scores historiquement élevés”, le Titanic avait fait moins d’entrées par semaine, mais avait eu “une durée de vie exceptionnellement longue”.
En fait, résume M. Demoulin, le film a jusqu’au 20 octobre pour battre ce record. C’est à cette date que les Ch’tis, qui ont déjà rapporté quelque 100 millions d’euros de recette (pour un budget de 11 millions), sortiront en vidéo.
Qu’il batte le record absolu ou pas, le film de Dany Boon, parti des clichés qu’ont ceux qui ne connaissent pas le Nord-Pas-de-Calais n’imaginant que pauvreté, désespoir, chômage et mines de charbon, est devenu un véritable phénomène de société. Très vite, les spectateurs ont adopté le langage ch’ti tandis que le terme “biloute” est passé dans le langage courant.
L’identité nordiste est sortie renforcée de l’aventure alors que Bergues qui a accueilli le tournage organise depuis le début mars des visites de la ville.
Pour l’humoriste, “il y a un phénomène de société et un facteur chance” pour expliquer la réussite exceptionnelle de son deuxième long-métrage. Pour lui, son film est “plein d’humanité, de tendresse, de fraternité, d’authenticité et de dignité, des valeurs que connaît la région depuis longtemps et dans lesquelles j’ai été éduquées”. “Les gens s’y reconnaissent, ont besoin et ont envie de ce côté fraternel et rassembleur”, analyse-t-il.
Les Ch’tis ont eu aussi un impact sur la fréquentation des cinémas en France. Ainsi, elle a bondi de 14% au premier trimestre 2008 à 58,8 millions d’entrées contre 51,4 millions d’entrées au premier trimestre 2007.
Rien qu’en mars, les salles de cinéma en France ont battu leur record de fréquentation sur un mois, avec plus de 26 millions d’entrées.
Déjà vendu dans les pays francophones, dont la Suisse et la Belgique où il remporte un grand succès, le film va désormais tenter de s’attaquer aux autres marchés étrangers avec le titre, pour les anglophones, de “Welcome to the Sticks”, en substance, “Bienvenue à Trifouillis-les-oies”.
Dominique AGEORGES AFP