Aggripa d'Aubigné - 1552-1630
Mille oiseaux de nuit, mille chansons mortelles
M'environnent, volant par ordre sur mon front;
Que l'air, en contrepoids, fâché de mes querelles
Soit noirci de hiboux et de corbeaux en rond !
Les herbes sécheront sous mes pas, à la vue
Des misérables yeux dont les tristes regards
Feront tomber les fleurs et cacher dans la nue
La lune et le soleil et les astres épars.
Ma présence fera dessécher les fontaines,
Et les oiseaux passants tomber morts à mes pieds,
Étouffés de l'odeur et du vent de mes peines;
Ma peine étouffe-moi comme ils sont étouffés !