15 février 1920 |
Je vous ai tout donné.
Sur mes mains, sur mon sang,
Je vous ai promené.
Pour vous plaire, j’ai dû
Me soulever du monde,
Éloigner mes poumons
Des cryptes enfumées,
Reprendre au jour nouveau
Son butin de solfège,
Et ses vitraux couverts
De graffiti, de neige
Peu d’années ont suffi
Pour voiler mon regard.
J’ai pâli, j’ai vieilli,
Mon coeur a fait sa part.
Dans la mansarde bleue
Qui me gardait des branches
J’ai vu mon front s’ouvrir
Sous une étoile blanche.
Que voulez-vous de moi,
Maintenant que je n’ai
Pas même, pour saluer,
La grâce des poneys?
Dans le cirque des mots
J’ai trop fait de voltige,
Trop d’oiseaux sont venus
S’appuyer à ma tige.
Je ne puis rien pour vous,
Pas même vous soumettre
A la lumière, au vent,
Au dernier kilomètre.