1905 Toulouse, France |
Je n'écris avec rien J'écris avec la mousse
de l'encre Qu'elle est loin écoliers aux doigts noirs
la pâte du pupitre et qui pourtant vous pousse
à mettre l'univers en poèmes le soir
Savonneux policés les jours n'ont pas raison
d'un coeur qui s'est vendu jadis à l'innocence
Mon enfer écoliers le vôtre en plus profond
c'est qu'entre plusieurs mots je choisis l'ignorance
Je n'écris avec rien J'écris avec les yeux
de mon chien chaque fois qu'au miroir il s'étonne
de voir un ennemi lui-même mais si peu
il mordrait volontiers ce double qu'on lui donne
L'homme croit vivre en paix face avec ses images
Que ne tente-t-il pas pour les amadouer
il leur prête sa vie il accepte la cage
Des miroirs comme un chien je me suis détourné
Je n'écris avec rien J'écris avec l'épée
du phare qui s'ennuie à lutter contre l'ombre
Photographe des nuits il doit développer
et rien qu'en négatif des ruines des décombres
Le sommeil c'est l'envers le plus grossier des pièges
à l'âme il vient voler ses éclats ses éclats de soleil
et le corps fait semblant de se résoudre en neige
Le rêve sachez-le n'est pas votre pareil
Encre sommeil miroirs sont les philtres de Dieu
Devant le tableau noir il place le poète
La torture des mots vous conduit aux aveux
Si vous êtes rebelle il saura que vous l'êtes
Mais faites comme moi quand vous avez trop peur
J'écris avec de l'eau j'écris avec l'absence
Dieu n'y reconnait pas mes amours ou mes pleurs
Effacez raturez c'est votre seule chance