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Tout près le bout du monde, Maud Lethielleux

Publié le 25 janvier 2013 par Faelys

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©Flammarion 2010, Maud Lethielleux


Trois âmes écorchées, une maison isolée à la campagne, une éducatrice pas comme les autres qui croit au pouvoir de l'écriture et au projet de retaper une grange...des fils de destins fragiles qui se croisent et se dévoilent avec émotion dans les pages de leurs cahiers d'écriture!!

« Moi j'aime bien l'idée du journal. Il paraît que personne ne lira ce que j'écris alors je peux tout dire, c'est pratique, j'aime bien tout dire quand personne ne peut l'entendre. Je sais pas ce que je peux raconter, si je dois dire mon âge et me présenter, par exemple écrire sur la première page " Bonjour, je m'appelle Malo, je viens d'arriver chez Marlène... " ou si je dois parler de ce qu'on fait tous les jours, ou plutôt de mes pensées, de mes rêves ou de mes cauchemars. Je sais pas si je peux parler de Jul et de Solam. Je sais pas si je dois expliquer pourquoi je suis là, toute façon, je suis pas sûr et certain de savoir. »

Il a longtemps traîné sur ma table, ce livre. La couverture est déjà un appel à la rêverie, une fenêtre pour s'échapper vers la nature, vers sa propre nature. Très tentant. Et puis il y avait ces nombreux avis enthousiastes, ceux même de mes zélèves et collègues.

Mais j'ai préféré attendre. Je n'étais pas à la bonne "température de lecture" pour des extraits de journaux intimes, des témoignages d'enfances cabossées qui font monter les larmes au yeux et gonflent la poitrine de colère devant les aléas injustes de la vie. Le petit Malo, son mal de ventre et sa maman si spéciale que les services sociaux ont du mal à faire tenir dans leurs cases. Solam, l'ado rebelle qui aboie son indépendance et qui pourtant sait faire tant de bien aux autres quand il veut. Et Jul, la jeune fille qui a vu son amour la conduire dans la rue sous les coups et qui pourtant n'écrit qu'à celui à qui son coeur s'accroche encore. Trois différences, trois journaux qui s'alternent dans des caractères de police adaptés à chacun, trois blessures qui se soignent au contact d'un quatrième personnage que l'on découvre en même temps, Marlène.

Ce roman est poignant, j'ai souvent voulu en noter des citations, notamment celles de Jul et de son incompréhensible obsession de penser à celui qui l'a laissée blessée alors qu'il est déjà passé à autre chose, ou celles de Malo dont l'innocence se confronte à la dureté de la vie.

Un roman qui remue et qui fait croire à l'espoir du renouveau même après des départs tragiques pour les jeunes. Qui donne envie d'expluser ses pensées sur papier. Qui fait penser que les travaux n'embellissent pas que les murs mais aussi ceux qui les retapent. Qui donne de l'importance au temps qu'on s'accorde, aux retraites destinées à se reconstruire, à se retrouver et à trouver les autres.

A destination des adolescents et des adultes, quand même. 

Feuilleter les premières pages:

Tout près, le bout du monde

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