Ce manga compte plus de vingt tomes et il y a bien longtemps que je n’avais pas lu une série sur la longueur comme ça. Loin de l’image enfantine du manga, on rentre là dans un thriller complexe, déroutant, dérangeant. Les jeux d’enfants transformés en véritable hécatombe trente ans plus tard font froid dans le dos, et le personnage de Kenji, complètement dépassé par une catastrophe qu’il a lui-même imaginé, est tout particulièrement attachant et je l’ai tout simplement adoré, avec son dévouement à l’égard de sa nièce et ses rêves de musique qu’il a dû abandonner. Les personnages en général sont d’ailleurs très bien campés, qu’il s’agisse des gentils comme Otcho revenu de Thailande après la mort de son fils, Yukiji la fille la plus forte de l’école, ou des méchants comme Yando et Manbo les pires jumeaux de l’univers ou le terrifiant Manjume le bras droit d’Ami. Et il vaut mieux qu’ils soient particulièrement fort vu qu’ils ne cessent de se multiplier et surtout, de se promener dans l’intrigue. Car le gros point fort de cette série, outre le mystère qu’elle laisse planer sur l’identité et les projets d’Ami dont Kenji essaye désespérément de se rappeler, c’est qu’elle ne cesse de faire des allers-retours entre l’avènement d’Ami, le passé et l’enfance des héros, ou l’après Ami loin dans le futur. Donc il faut suivre, et on suit, comment un leader charismatique parvient à embrigader toute une société jusqu’à se faire presque canoniser. Fascinant et sidérant. Un bémol néanmoins: l’histoire ne cesse de se relancer, de se complexifier, comme si on ne devait jamais s’en sortir, comme si aucune des intrigues lancées ne devait arriver à un aboutissement. Un défaut peut-être de vouloir toujours rallonger un peu.
La note de Mélu:
Un manga qui mérite clairement ses nombreux prix et qui vaut les meilleurs thrillers.
Un mot sur l’auteur: Naoki Urasawa (né en 1960) est un mangaka japonais. D’autres de ses oeuvres sur Ma Bouquinerie: