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De la viande d’éprouvette bientôt dans nos assiettes

Par Eldon

frankenburger1 De la viande déprouvette bientôt dans nos assiettes« Rien ne se perd, tout se transforme ». La viande issue d’éprouvettes de laboratoire sera bientôt dans nos assiettes.

On en parle depuis un certain temps, mais ça y est, on y est. C’est ce qu’ assure le Docteur Mark Frost du département de Physiologie de l’Université de Maastricht qui dirige un projet de production de viande à partir de cellules souches.

Selon Mark Frost, on est à deux doigts de produire des hamburgers contenant de la viande cultivée, qu’il compte mettre définitivement au point au cours de l’année 2013, avec un an de retard par rapport à ses prévisions.

Mark Frost vient de participer à un colloque à Madrid avec des scientifiques du Monde entier, 
dont l’objectif était de faire connaître « la nourriture extrême » de chacun des participants et au cours duquel il a pu présenter ses recherches.

Selon lui, le processus de production à partir de la stimulation des cellules souches de viande bovine est relativement simple. Il s’agit de recueillir des cellules souches dans le muscle d’un animal adulte, de les isoler et de provoquer sa reproduction jusqu’à l’obtention d’un tissu, qu’on « nourrit » ensuite par l’introduction, de sucre, de protéines et de graisses. Reste en suite à stimuler le tissu  » par l’électro-stimulation.

Le plus grand frein à cette culture et production en masse va être toujours selon Frost, son acceptation sociale. Il faudra pour ce faire donner l’impression qu’il s’agit de « vraie »viande tant par sa couleur, sa texture et son goût qui devra être similaire à celui du salami ou de l’entrecôte par l’introduction de globules rouges et de caféine.

Il faudra aussi réussir l’ industrialisation de cette viande de laboratoire. A ce jour, une telle culture revient à des dizaines de milliers de dollars d’euros le kilo mais on pourrait la proposer raisonnablement à moins de 50 euros le kilo si elle devient un produit de masse.

Sa motivation, le bon docteur Frost la trouve dans l’inefficacité de l’élevage actuel. « Les animaux ne rendent que 15% de ce qu’ils ingurgitent, en consommant en passant des grandes quantités de ressources agricoles, énergétiques et d’eau. Avec une simple cellule, on pourrait cultiver des tonnes de viande, ce qui serait favorable à l’environnement, dès lors qu’on épuiserait plus les ressources agricoles et qu’on ne provoquerait pas la production de méthane. »

Sur ce point, il est clair que M Frost marque un point. L’empreinte environnementale de la viande est phénoménale et on ne pourra pas continuer autant de viande. 286,2 millions de tonnes de viande sont consommées chaque année dans le Monde. Ce sont plus de 9 tonnes de viande mangées par la population mondiale chaque seconde.

Une étude publiée le 26 août 2012 par l’Institut International d’étude de l’eau de Stockholm affirme que toute la planète devrait purement et simplement cesser de consommer de la viande. L’Homme, qui tire en moyenne 20% de ses protéines de la consommation de produits d’origine animale, dispose de quarante ans pour réduire ce chiffre à un ridicule petit 5%. Sans quoi, l’humanité devra se mettre au vert, ce qui est le cas pour une grande partie déjà. D’autant que l’évolution de l’état des océans ne semble pas permettre à l’avenir de se rattraper sur le poisson.

La responsable est  l’agriculture intensive qui prélève des quantités énormes d’eau . En effet 92% de l’eau potable dans le monde est consommée dans le monde par l’agriculture (La Chine , l’Inde et les Etats-Unis en représentent 38% à eux trois!Un Américain moyen consomme assez d’eau chaque année pour remplir une piscine olympique). Et chose aggravante, 20% de cette eau est prélevé sur des sources non durables comme l’ont démontré en 2011, des chercheurs de l’université d’Utrecht (Pays-Bas), menés par Marc Bierkens qui ont étudié la provenance des eaux d’irrigation utilisées dans le monde.

Or cette consommation d’eau s’explique en très grande partie par  l‘excès de consommation de viande comme le montre les données fournies par l’ UNESCO-IHE Institute for Water Education. C’est ce qu’on appelle l’eau virtuelle qui s’exprime  en litres d’eau nécessaires pour produire 1 kilo de viande. Si le boeuf est l’un des produits contenant le plus d’eau virtuelle (15 487 l/kg), d’autres viandes sont moins consommatrices : un kilo de porc par exemple « ne contient que » 4856 litres d’eau virtuelle, et le poulet 3918. Ce dernier est même en-dessous du fromage, qui « pèse » lui 4914 litres d’eau au kilo.  A titre de comparaison 1kg de pommes contient 700 l d’eau virtuelle, les pommes de terre 900l, les céréales moins de 2000 l en général par kg, 1 kg de riz nécessite 5 000 l d’eau. Hors jeu, le café qui contient plus de 20 000 l d’eau virtuelle. Précisons que les chiffres concernant la viande sont contestés par  l’Institut de l’élevage, ce qui n’étonnera personne.

L’élevage intensif pose également le problème de la  maltraitance animale dans les abattoirs, de la surface des terres agricoles -70% terres agricoles sont consacrées à l’élevage-  et de l’effet de serre (l’industrie de la viande est aujourd’hui la deuxième émettrice de gaz à effet de serre au monde, juste derrière l’industrie de l’énergie. Elle en produit 18 %, soit plus que tous les transports planétaires réunis – Source).

D’ailleurs il n’est pas improbable que les travaux de M Frost aient été financés par des associations de défense des animaux. Ainsi en 2008, l’ONG américaine Peta (People for the Ethical Treatment of Animals) avait  révélé qu’elle comptait sponsoriser les recherches sur les techniques de production de viande artificielle. Elle avait même annoncé qu’elle décernerait un prix doté d’un million de dollars (625.000 euros) à la «première personne qui mettra au point avant 2012 une méthode permettant de produire des quantités suffisantes de viande in vitro à un prix compétitif».(20 min).

L’aboutissement de cette recherche a quelque chose d’effrayant et risque de pousser à une consommation supplémentaire de viande rouge dont on connaît les risques pour la santé humaine au-delà d’une certaine quantité de consommation régulière.

Reste également que la démarche de Mark Frost ne va pas dans le sens d’un changement des comportements qui nous on menés là où nous en sommes. Sans tomber dans le végétalisme intégriste décrié avec raison ou défendre le végétarisme, il est évident que la consommation de viande dans les pays développés est excessive et injustifiable autrement que par des habitudes alimentaires néfastes pour les êtres comme pour la planète.

La science de M Frost, en allant au plus facile,  se met ainsi au service de nos mauvaises habitudes en permettant juste de contourner les obstacles qui nous empêchent de les vivre et il est évident que nous ne deviendrons jamais meilleurs  et passerons notre temps à résoudre les problèmes que nous nous créerons sans cesse, dans ce domaine comme dans d’autres. Le « Je surconsomme, donc je surproduis et donc je suis » doit s’arrêter.

Ou quand Tricatel devient réalité. Qui eut pensé un jour que « L’aile ou la cuisse » devienne un film prophétique?

Ce qu’on appelle progrès a parfois véritablement, quelque chose de terrifiant

Source : Publico.es


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