Tu voyages à travers une forêt sombre
d’illusions nées de ta poitrine
derrière le calme froid de la réalité.
Ton rêve produit cette grande force
qui forme ta propre vie, libre, qui te menace.
Elle grandit entre toi et ce qui vit,
et néanmoins rien n’est clair sur ce qui demeure entre eux.
Contre le pouvoir de ton corps et la force de ton âme
contre ton opinion, ton expérience, et tes croyances,
dans un silence sombre, et mystérieusement
l’énormité de ton rêve s’élève et en même temps tu diminues.
Et vois, tu tombes devant ton rêve :
la capitulation complète de l’homme vaincu.
Il referme sur toi ses longs bras,
et finalement tu es toi-même son propre rêve.
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Steinn Steinarr (1908-1958) – Voyage sans promesses (Ferð án fyrirheits, 1942) – Traduit de l’islandais par Romain Mathieux