Illustration d’un sursaut gamma
La présence importante des isotopes carbone-14 et béryllium-10 dans des cernes d’arbres datant de 775 suggère que notre planète fut bombardée de rayonnement gamma durant un court instant. Les astronomes sont sur les traces du responsable.
En présentant hier, la supergéante rouge Bételgeuse, monstre stellaire en peine de carburant (plus d’hydrogène, etc.) qui s’apprête à heurter des anneaux de poussières dans 5 000 ans, nous avons évoqué sa fin prochaine (d’ici quelques milliers d’années) en supernova. A cet instant de l’explosion, un puissant flash de rayonnement gamma — un “sursaut gamma » — envahira alors soudainement son environnement. Distant d’au maximum 640 années-lumière, nous devrions cependant et fort heureusement, nous êtres vivants établis sur la Terre, être épargné par ce puissant “jet de karscher” (sic) cosmique. Mais en fut-il toujours ainsi ?
La réponse est non. Au cours de son histoire, notre planète essuya bien sûr plusieurs “sursauts gamma ». Pour certains scientifiques, l’extinction de l’Ordovicien (il y a 450 millions d’années) a pu être provoquée par une supernova. L’ozone modifiée par le “sursaut” aurait entrainée un assombrissement global de l’atmosphère et une glaciation durable affectant la biosphère.
Illustration d’une vague de rayons gamma heurtant la Terre
Beaucoup plus récemment, plusieurs indices suggèrent à une équipe de chercheurs, qu’un “sursaut gamma” a heurté notre planète au cours du VIII ème siècle. En 2012, l’étude par le professeur Fusa Miyake de vieux cèdres au Japon a signalée un niveau très élevé des isotopes carbone-14 et beryllium-10 sur les cernes datant de 775 après Jesus-Christ. Formés par la collision des rayons cosmiques de haute-énergie avec les atomes d’azote de notre atmosphère, leurs présences dans ces organismes très anciens ne s’explique que par un “sursaut gamma”. Ne reste plus qu’à trouver le coupable …
S’agirait-il encore une fois d’une supernova ? Les recherches n’ont pour l’instant rien trouvé. Ni dans les archives ou récits historiques, aucune mention nulle part d’un astre nouveau (nova). Ni dans l’espace où les restes, les rémanents, seraient observables. Rien en tout cas qui daterait de 774 ou 775.
La piste d’une très forte éruption solaire fut également explorée. Mais dans ce cas aussi, il n’existe aucun témoignage de phénomènes inhabituels tels que d’intenses épisodes d’aurores. En outre, notre Soleil serait incapable d’exulter dans son agitation, l’énergie nécessaire pour produire de tels excès de carbone-14 !
Les astrophysiciens Valeri Hambaryan et Ralph Neuhauser (Institut d’Astrophysique de l’Université de Jena, Allemagne) proposent d’autres causes dans leur article publié dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society. Un événement cosmique qui aurait échappé à l’oeil humain car émis durant deux secondes seulement. Il pourrait s’agir de la collision de deux naines blanches — restes d’étoiles très compacts — ou encore d’étoiles à neutrons — noyaux d’étoiles encore plus petits et denses — voire la fusion de deux trous noirs stellaires. De tels phénomènes sont régulièrement observés au sein d’autres galaxies. Quoi qu’il en soit, selon les chercheurs, l’objet fusionné ne peut se situer à moins de 3 000 années-lumière. Si cela avait été le cas, nous ne pourrions pas être là pour en parler ou du moins, cela aurait affecté de nombreuses espèces vivantes. Il ne devrait pas non plus se situer dans un rayon supérieur à 12 000 années-lumière.
Comme le rappelle le Professeur Neuhauser, heureusement qu’il n’y avait pas d’électricité à cette époque car le même événement aujourd’hui “causerait des ravages importants sur nos systèmes électroniques dont nos sociétés modernes dépendent” ! Pannes générales qui pourraient vite semer le chaos. Quels sont les risques réels dans l’avenir que cela se reproduise ?
Crédit photo : NASA.