Fashion Week de Paris : le résumé complet en 5 tendances et 24 défilés

Publié le 24 janvier 2013 par Modissimo

Voici donc les fashion week homme achevées. Une fois n’est pas coutume, nous commencerons par Paris avant de voir Milan plus tard dans la semaine.

Paris a été marquée par une certaine prudence des Maisons qui ont ponctué ce riche marathon de la mode.
Fidèles à leurs codes et à leur savoir faire, elles semblent avoir choisi la continuité ou la synthèse plus que l’innovation et l’évolution. Mais entre les grands noms qui façonnent les silhouettes des Hommes depuis des dizaines d’années, et les nouveaux arrivants venus des quatre coins du monde qui émergent en bouleversant les conventions, la diversité reste la grande gagnante de ce rendez-vous incontournable de la Mode… Pour notre plus grand plaisir !

Regroupant tous les goûts et tous les styles, voici le « Fashion week Issue » de l’Hiver 2013-2014 made in Paris.

En premier lieu, cinq tendances ont marqué les podiums de la capitale, cinq conceptions fortes du vestiaire masculin, cinq partis pris qui rassemblent, le temps d’une saison, des créateurs que tout oppose.

En second lieu, le passage en revue d’une vingtaine de défilés et présentations parmi les plus marquants, classés par ordre alphabétique. Carnet de note en main, les yeux grands ouverts, c’est avec passion et rigueur que les défilés ont été analysés, dans un soucis permanent d’objectivité mais sans la prétention de n’avoir succombé parfois à la subjectivité de l’affectif : les mots sont sincères, mais n’engagent que moi !

Les 5 grandes Tendances

Ceinturé, sanglé, fermé.

Dior Homme, Gustavo Lins, Balmain, Balenciaga

C’est une tendance particulièrement marquée pour l’hiver prochain, avec en chef de file Dior Homme, dont la plupart des blazers et manteaux étaient sanglés à la taille. Gustavo Lins est plus subtil et propose une ceinture fine, qui ne vise pas nécessairement à cintrer la taille mais plus simplement à fermer le manteau. Balmain s’inscrit plus dans un esprit kimono avec une ceinture large en cuir et lanière tissu assez féminine finalement. Enfin, Balenciaga ceinture un long manteau de laine de la façon la plus simple qui soit, sans doute simplement par convention.
Dans tous les cas la taille sera marquée, ce qui peut avoir l’avantage de mettre les épaules en valeur et de faire une jolie carrure. Enfin, quelques silhouettes affichent du carreau en couleurs vives qui viennent troubler le sombre défilé des couleurs hivernales.

Quid du manteau toujours plus long

Ann Demeulemeester, Rick Owens, Junya Watanabe, Maison Martin Margiela

Habituellement au dessus du genou, les manteaux ont tendance à s’allonger ! Demeulemeester, Owens, Watanabe ou Margiela : ils sont tous décidés à faire la part belle aux longs draps de laine.
L’avantage c’est principalement le confort (surtout en Hiver ou lors de week-end comme celui que l’on vient de passer) et l’allure qui se fait très imposante. En revanche, les manteaux longs nécessitent d’être assez grand pour les porter sinon on risque l’effet robe de chambre. Alors à vous de voir, mais en tout cas les grandes Maisons parisiennes seront ravies de vous proposer leurs créations.

Couleurs en couples

Hermès, Carven, KRISVANASSCHE, Melinda Gloss

Il y en a chaque saison, et l’hiver prochain confirme cette grande tendance du vestiaire masculin. Ce sont généralement sur des petites pièces que l’on retrouve cette cohabitation de couleurs : en pull chez Hermès et Carven, avec respectivement des associations de gris et de jaune puis de noir et de beige ficelle. Van Assche et Melinda Gloss ont, eux, opté pour le manteau avec une veste grise traversée d’une bande noire pour le créateur belge, et d’un trench en lainage gris et vert kaki pour le duo de français.
Sobre dans des couleurs foncées, pétillant lorsqu’il intègre une ou deux couleurs vives, laissez-vous aller à la bipolarité des couleurs pour donner un peu de peps au vestiaire de l’hiver.

Façon tartan

Valentino, Saint Laurent, Lanvin, Paul & Joe

Des carreaux grands, petits, fins, gros : il y en avait pour tous les goûts sur les podiums la semaine dernière.
Valentino et Saint Laurent osent la couleur avec du vert et du rouge, dont ressort un effet british pour le premier, plus punk pour le second. Beaucoup plus finement, Lanvin et Paul & Joe choisissent de se rapprocher de l’esprit « prince de galles » dans les tons beige avec des lignes rouge/orange.
Si le carreau tartan est presque devenu un indémodable, il reste cependant difficile à associer au niveau des couleurs et même des coupes. Cela dit ils apportent une touche chic et décalée à une tenue : à vous de trouver l’équilibre !

Size XXXXL

Issey Miyake, Lanvin, Givenchy, Juun J.

Si vous voulez « en imposer », alors vous allez être servi car nombre de maisons se sont mises d’accord pour exagérer la taille des épaules, des cols… et donc rejoindre le courant de l’oversize.
Miyake et Lanvin proposent une épaule tombante qui, à défaut d’être élégante, a le mérite d’offrir une certaine amplitude de mouvement ! Givenchy souligne la carrure par une application gris clair lacée sur les épaules. Enfin, la palme de l’oversize revient à Juun J, dont les manteaux sont presque aussi longs que larges, avec d’immenses cols de blousons rabattus et des manches très bombées. Difficile à porter tous les jours, mais au moins fun à regarder !

L’A.B.C. des défilés parisiens A/H 13-14

Alibellus +

© Alibellus+

Sol brut, fond blanc, nombreux blogueurs au 1er rang. Fondée en 2008, Alibellus est encore une toute jeune marque qui a le mérite de créer une ambiance très intimiste…
Une musique rock moderne accompagne le 1er mannequin qui annonce la tonalité de l’esprit de cette collection : un très jeune homme à la figure juvénile et fardée, et à la silhouette très androgyne, une lanière de cuir sanglée à ras-de-cou. Les combinaisons de cuir amples ceinturées à la taille se feront particulièrement remarquer. Des tuxedos aux épaules oversize et pantalons taille haute jambe ample viendront, pour un temps, radoucir et rationnaliser la collection, avant de repartir vers des choses plus conceptuelles. Du tulle travaillé avec des fils métalliques et de la soie enduite interpellent par leur grande originalité. Niveau couleur, Titi Kwan est resté très sobre, pour contraster avec les silhouettes très marquées : du noir et du prune pour l’essentiel.
Un bon point pour la création, plutôt cohérente, en revanche il reste certain que ce style très androgyne reste très perché

Balenciaga

© Balenciaga

Passons… La marque est forcément légèrement handicapée par le départ soudain de Ghesquière, et Wang n’a pas encore pris la main.
Donc très concrètement on nous a proposé quelques manteaux et quelques costumes, et ça ira très bien. De belles couleurs beige et bleu intense. Point barre.
Mais on ne leur en tiendra pas rigueur, dans l’attente du travail de Wang.

Balmain

© Balmain

Olivier Rousteing se met à la mode fusion, ici avec l’Asie.
Impossible d’attendre plus longtemps pour évoquer une pièce extraordinaire : une veste avec un col croisé kimono et une large ceinture obi, le tout dans une trame géométrique de cuirs dessinant des motifs architecturaux anciens.
L’effet est absolument saisissant, et c’est sans conteste la plus belle pièce vue depuis longtemps.
Presque une œuvre d’art, elle est portée avec un pantalon sarouel qui contraste parfaitement avec la coupe cintrée de la veste.

Et cette opposition entre haut près du corps et bas amples sera reprise sur l’ensemble de la collection.
Une veste à col smoking est rebrodée d’or et de perles à la manière des luxueuses tenues traditionnelles de Chine tel un véritable bijou.
Les ceintures obi viennent marquer les tailles des vestes  et des manteaux en rappel du thème choisit pour l’hiver prochain.

Balmain est une marque très snob et presque surfaite, mais cette collection est tout à fait exceptionnelle. L’inspiration et l’inimaginable qualité de la réalisation font rêver et nous renvoient en pleine figure ce qui fonde la notion de luxe : le rare, le beau et l’extrême qualité.

Carven

© Carven

Des chaussettes.
C’est sur cet accessoire que vous devrez travailler si vous portez du Carven l’hiver prochain.
Car Guillaume Henry semble penser que le pantalon est superflu, ou du moins qu’il n’est plus nécessaire de le faire tomber sur la cheville. En conséquence, ce sont des 3/4 et des shorts qui remplacent les pantalons de costume, découvrant mollets, chaussures et, logiquement, chaussettes.
En haut on reste classique : des vestes de costumes unies, avec parfois quelques notes inattendues dans des verts d’eau plus estivaux qu’hivernaux. Un imprimé traverse un pull angora d’une épaule à l’autre en suivant l’encolure : ce sont les fameux motifs géométriques vintage qui reviennent à la mode et que l’on trouvait sur toutes les écharpes il y a maintenant quelques années.
Une collection bien sage, dont le seul grand intérêt serait les pantalons si l’hiver n’était pas généralement synonyme de températures négatives.

Christian Lacroix

© Christian Lacroix

Réveil très attendu de la maison pourtant toujours synonyme de haute couture, comme le montre la salle qui était pleine à craquer !
Le pas assuré, le regard fixe et l’allure rapide des mannequins nous font passer un message clair : la détermination.
Les couleurs sont sans concession : bleu électrique et jaune tonique marquent cette collection à la perfection, dans une complémentarité rarement explorée mais néanmoins très intéressante.
Loin des affriolantes escapades fleuries de M. Lacroix, les imprimés sont ici géométriques, que ce soient les classiques rayures claires sur fond bleu marine, les carreaux, ou encore les rayures jaunes et noires obliques façon roadsign très urbaines qui figuraient sur l’invitation.
Seuls quelques prints graphiques « art abstrait » faisant apparaître une (la)croix apportent un peu de fraicheur.
Tout cela donne envie, on se sentira aussi bien à la ville qu’à la plage avec cette collection confirmant la résurrection d’une marque très prometteuse !

Damir Doma

© Damir Doma

Le jeune créateur est habituellement un grand nomade, s’inspirant de cultures diverses et variées des 4 coins du monde.
Cette fois il n’en fut rien…non pas que le créateur ne fut pas inspiré, mais il a dit aux journalistes après le défilé vouloir quelque chose de plus « futuriste ».
Ce n’est pas le mot qui paraît le plus pertinent, mais avec le recul ce n’est pas si loin de la réalité…Si les matières naturelles dominent, on remarque cependant de nombreuses apparitions de tissus techniques comme le nylon.
Et le futur sera synonyme d’un style urbain pour ce jeune créateur. Manteaux longs gris foncé, blousons aux reflets presque cuivrés, mais toujours avec une pièce récurrente. Le pantalon ample à taille haute est en effet très présent pour cette collection, dans un lainage fluide ou en tissu enduit et brillant.
Les costumes sont sages et sobres, rappelant que la marque émergente a malgré tout su trouver son style et faire preuve d’une certaine maturité.

Dior Homme

© Dior Homme

La dernière collection de la prestigieuse Maison française ne m’avait absolument pas convaincu.
Cette fois-ci, disons que le mot « minimalisme » a plus de sens ! Une musique électro des années 80 (Anne Clark – Our darkness) nous a tous fait tressaillir comme le coup de pied colérique d’une maison qui souhaite affirmer sa notoriété.
Le pas rapide et le regard sévère, ils se sont élancés sur un podium d’un blanc éclatant évoquant la perfection, l’immaculé, la propreté d’un bloc opératoire. Les blazers se ferment avec une fermeture éclair métallique cachée, les chemises collent à la peau et les pantalons sont très fittés.
Il y eut aussi du bicolore qui offre une structure intelligente aux blazers ainsi que des pardessus ceinturés blanc verni en rappel du podium. Un symbole vient semer le doute parmi l’assistance : Kris Van Assche voudrait-il jouer les rebelles anarchistes ou mystifier la collection en s’inspirant des Illuminatis ?
Car voici que sur les vestes et les polos bicolores à manches longues apparaît un signe étrange, composé d’un grand cercle à l’intérieur duquel se trouve un triangle. Lorsqu’on lui demande ce que cela signifie, il sourit et répond sereinement « you’re supposed to ask ». La fin en soi est donc de susciter l’interrogation et d’amener le mystère, ce qui fonctionne parfaitement.
En résumé, disons que le minimalisme prend ici un sens très intéressant car il va vers le futur. Il est affirmé à juste titre et tend cette fois ci vers la rigueur et la précision, non vers l’incertitude et le manque d’inspiration comme ce pût être le cas pour cet été. Dior Homme a très bien joué, il faut le reconnaître.

Givenchy

© Givenchy

Le dernier défilé de Tisci pour cet été avait été, on s’en souvient, une explosion mystique de créativité.
Disons que pour l’hiver prochain, Ricky s’est assagi.
Bien sûr il reste fidèle à ses codes avec beaucoup de print aux figures abstraites, mais aussi de l’american flag tout en nuances de gris. Un pantalon de costume d’un noir intense et épais apparaît comme étant l’élément de base de l’homme Givenchy de l’hiver (lorsqu’il porte un pantalon, ce qui, malheureusement, ne fut pas toujours le cas).
Egalement beaucoup de blanc en haut avec des chemises très près du corps. La fameuse doudoune de cuir est encore et toujours là, souvent nouée autour de la taille.
Mention spéciale pour les chaussures : de jolis souliers noirs pointus sur lesquels est apposée une bande métal à boucle, à la façon d’un rabat sur toute la largeur de la languette de laçage. Voyant, certes, mais très élégant, voire raffiné, parfait à porter comme ici avec une tenue noire sobre.
Une collection bien dans l’esprit Givenchy, avec un peu moins de zèle que d’habitude, ce qui a au moins le mérite d’offrir des pièces que se porteront beaucoup plus facilement.

Gustavo Lins

© Gustavo Lins

Intimité…Loin des grands espaces et des podiums s’étalant sur des dizaines de mètres, Gustavo Lins nous a réunis dans un espace très intime d’à peine 50m2.
Mais quel plaisir d’apercevoir à l’œil nu tous les détails si subtils de cette collection. Tout est affaire d’angle de vue, comme le précise le créateur Gustavo Lins, interviewé en toute simplicité : « Je ne travaille pas sur des planches figées car je n’aime pas ça, j’utilise un mannequin que je fais ensuite tourner. Le résultat c’est une forme d’asymétrie, avec des vêtements qui basculent d’un côté et pas de l’autre ».
Explorant des tonalités sombres de bleu, noir et vert, on retrouve en effet de nombreux manteaux dont le boutonnage, le col ou le revers sont asymétriques, tout en sobriété relevée d’une originalité délicate. « Je sais quels sont mes repères et mes signatures » confie le designer brésilien.
Cette collection synthétise en effet l’esprit dans lequel évolue la marque, alliant le conceptuel et le pratique. Après un tel degré de maturité dans le style, on se demande vers quoi se tournera ce vestiaire masculin…La réponse à cette question par Mr Lins fait rêver : « Il va y avoir un glissement vers un esprit Haute Couture ». Il serait le premier, et c’est avec impatience que nous attendrons la saison prochaine pour découvrir cela !

Hermès

© Hermès

La perfection à la Hermès est presque agaçante.
Elle est partout, dans les coupes, les matières, et les couleurs. Pourtant Véronique Nichanian n’a jamais privilégié les costumes et les chemises guindées…
Non, depuis plus de 20 ans qu’elle dessine le vestiaire masculin de la plus grande marque de (vrai) luxe au monde, son dada c’est le sportwear.
Oui, des vêtements casual qui sont pourtant souvent bien plus raffinés qu’un banal costume, même bien taillé. Car au delà de la coupe, le travail des couleurs et des matières est fulgurant. Un cardigan en crocodile, des gilets de laine et de cuir suédé, puis des pantalons et pulls jaunes et d’autres framboise ainsi que de nombreuses pièces bleu marine permettent sobriété et fantaisie pour une même saison.
Il est tellement conventionnel de dire que Hermès fait du beau à l’état brut…mais c’est pourtant un constat qui s’impose. A qui ou à quoi la faute ? A un atelier français dont le savoir faire est inégalé du fait d’un immense respect de la marque pour ses artisans ? A des matières plus luxueuses les unes que les autres, dont la perfection et la qualité dépassent parfois l’entendement ? Ou encore à une directrice artistique qui a si bien su intégrer les codes du casual dans l’univers du luxe qu’elle en devient la gardienne ? Sans doute un mélange de tout cela. En tout cas, c’est purement et simplement un plaisir.

Issey Miyake

© Issey Miyake

Passé maitre dans l’art du vêtement « technologique », Miyake n’a pas failli à sa réputation, quitte à flirter avec les tendances aluminium maintes fois déclinée pour cet été 2013.
Ce sont en effet de très nombreux blousons qui arborent un look « couverture de survie » dorés ou argentés. S’ils ne sont pas intégralement recouverts de ce film brillant, c’est sur les revers, les doublures ou en application que les manteaux déclineront la matière technique.
Cependant le défilé a aussi fait la part belle à des matières plus naturelles (lainages…) mais surtout aux couleurs. Du violet, du bleu, du rouge, du vert, du jaune : elles étaient tellement lumineuses qu’il était presque tentant de fermer les yeux au passage des mannequins à la démarche sereine bien qu’énergique.
S’il est clair que le style Miyake est plutôt perché, en revanche l’usage des couleurs offre des pièces qui donnent envie, et qui apporteront de la gaieté aux rayons des grands magasins l’hiver prochain, qui s’annoncent bien sombres.
Enfin, le créateur japonais a toujours fait preuve d’une grande cohérence dans son style et d’une démarche honnête d’innovation, sans jouer la répétition (pourtant facile) des codes de sa maison. On ne pourra donc pas lui reprocher de faire du réchauffé, ce qui mérite d’être souligné et salué !

Jean-Paul Gaultier

© Jean Paul Gaultier

Mr Gaultier a la flemme ces temps ci…ou bien il se fout littéralement de sa ligne masculine. Ou les deux.
Arrivé au 1er étage de son somptueux QG de la rue Saint Martin, énorme déception : la grande salle n’a pas de podium, mais des espèces de cabines éclairés par des néons roses façon sex shop. A l’intérieur, quelques gars se dessapent tranquillement et se retrouvent en marinière, en chemise ou en combi moulante. Le tout en 5mn, sans que l’on ne puisse voir grand chose car bien sûr l’essentiel de l’espace est squatté par des photographes qui hurlent pour captiver un regard. Et JP ne sera même pas aperçu, mais était-il au moins là ? En tout cas d’un point de vue créatif, clairement la réponse est non.
Si concevoir autre chose que des marinières est si difficile et laborieux, alors peut être vaut-il mieux arrêter la ligne masculine…

Juun J

© Juun J

L’invitation la plus marquante : une plaque rigide sur laquelle est collée un simili cuir cuivré brillant.
Même thème pour le cadeau : un petit portefeuille avec des motifs apparaissant en relief (étoiles, ronds…)… On sent qu’il va se passer quelque chose sur le podium de ce récent arrivant de la mode parisienne !
Et effectivement, dès les premières secondes du défilé, quelque chose se passe. Une musique très forte et improbable, un make-up très particulier pour celui qui ouvre le défilé et une silhouette aussi blanche qu’imposante…angélique ? Peut être.
Manteaux en lainage longs et bombardiers en toile… Tout y est démesuré : les cols qui montent haut le long de la nuque et s’étalent sur les épaules, qui elles aussi sont gigantesques, et surtout les manches dans lesquelles on peut facilement loger 4 bras. Les chaussures sont des boots à la semelle plutôt imposante exprimant l’esprit punk de la collection. Le défilé se termine par une succession de sweats aux imprimés pour le moins étonnants, dans un esprit tags/graffitis très (très) urbain, avec chiens, tigres… Soyons clairs : c’est too much. Mais c’est un choix assumé du jeune créateur, et surtout une véritable proposition : il sait parfaitement où il va, et cela se sent. Alors permettons-nous de le suivre…

KRISSVANASSCHE

© KRISSVANASSCHE

Décidément, l’automne-hiver 2013 réussit au jeune designer belge.
Alors qu’il s’enfermait dans un espèce de minimalisme qui avait bon dos pour évoquer des designs sans forme et fades, il nous offre pour l’hiver prochain un défilé où la fusion est à l’honneur.
Fusion de chemises : carreaux, rayures et tons unis s’assemblent en une pièce originale et fraiche. Fusion de pulls ensuite avec de la maille claire, foncée, torsadée… Et enfin Fusion pull/chemise qui relève de la prouesse technique car même vu de près, on se demande comment ce mariage a pu se faire de façon si nette et précise.
En revanche les tennis et les pantalons restent trop classiques pour apparaître sur un podium. Mais sans doute Kris a-t-il été trop plongé dans ses chemises et ses pulls pour travailler sur les pantalons, et on ne lui en veut même pas…

Lanvin

© Lanvin

De même que pour son homologue Givenchy, la marque parisienne (bien qu’appartenant à une femme d’affaires chinoise), avait été fortement inspirée par l’été 2013, Ossendrijver et Elbaz ayant proposé un alliage inédit de coton et de python.
Cet hiver, là aussi on se calme et on revient à des pièces beaucoup plus basiques.
A commencer par les pantalons, à plis et dans les tons foncés. Beaucoup de vestes et de manteau de laine à double boutonnage… Tout cela est assez décevant…Il n’y a pas d’identité spécifique à cette collection dont les principales pièces sont déjà dans notre penderie depuis longtemps.
On peut néanmoins retenir la présence d’une veste en agneau plongé dans un éclatant rose framboise.
Pas sûr que l’on ait envie de porter cela, mais la coupe et la fluidité de la matière étaient tout à fait remarquables : même du 4ème rang, on voyait parfaitement l’extrême qualité du cuir!

Maison Martin Margiela

© Maison Martin Margiela

C’était bien précisé « Garage de Turenne », mais malgré cela la surprise fut quand même au rendez vous. Gravie la voie en colimaçon encore imprégnée de taches d’huiles, voici le « podium » qui s’offre à nous : du béton blanc peint, des bancs en zig-zag et de jeunes pseudos garagistes à l’allure juvénile circulant en blouse blanche (symbole de la maison) ou bien carrément en tenue de garagiste immaculée. Sympathique.
Mais le défilé ne fut pas vraiment à la hauteur, la faute à une forme de schizophrénie stylistique. Des choses dans l’ensemble très basiques (costume bordeaux, manteau long noir, pantalons amples…) et de façon anecdotique très barrées (cape gigantesque en patchwork de fourrure puis en cuir). Pas de juste milieu, et finalement pas vraiment d’âme pour cette collection, même si les mailles sont assez sympathiques. Ni chaud ni froid. Ni réussie ni ratée. Une collection sans grand intérêt…

Melinda Gloss

© Melinda Gloss

Le duo de créateurs français tenait son tout premier défilé dimanche matin, donnant le ton de la collection de l’hiver prochain.
Sobre, avec un côté dandy et urbain : « so Melinda Gloss ». De très nombreux lainages, que ce soient du pull coll V basique, de la maille torsadée un brin XXL, ou bien des manteaux, notamment un trench bicolore ceinturé. Enfin bien sûr il y avait du col châles, qui semble devenir le détail fétiche du duo de stylistes frenchies, sur un manteau et sur une veste. Un imprimé art abstrait coloré vient casser la monotonie de l’uni, et c’est tant mieux : si les coupes sont impeccables et les matières très jolies, en revanche un brin de fantaisie et de fraicheur serait appréciable… En tout cas, voilà de vraies valeurs sûres pour un vestiaire masculin chic et efficace.

Mugler

© Thierry Mugler

Cette maison renaissante semble se chercher encore, mais sa réflexion reste toujours passionnante à regarder !
Nous verrons d’ailleurs qu’il y a de nombreuses similitudes avec la collection Dior Homme…jusqu’à causer quelques frayeurs. A commencer par les coupes des veste militaires : même matière, même esprit, mais heureusement fermeture avec boutons et poches plaquées.  On peut également souffler car le triangle qui apparaît sur quelques pièces n’est pas enfermé dans un cercle !
Niveau couleur, le gris sombre domine, ponctué ça et là de bleu roi, de rose vif et de vert pistache.
Cela vaut le coup d’œil, et l’esprit conceptuel du duo de créateurs avant-gardistes amène souvent une fraicheur trop rare dans les collections d’hiver !

Paul Smith

© Paul Smith

Devinez à qui revient la palme de la diversité des couleurs ? Sir Smith of course.
Une très large palette de couleurs a été explorée, avec une dominante de couleurs chaudes : saumon, rouge, bordeau, orange et jaune moutarde, dont un pull imprimé pied de poule en propose un joli dégradé. Pour les couleurs froides (mais non moins gaies), il y a du bleu, du vert, du gris et du noir bien sûr… Encore une fois, un pull en grosse maille nous ravis par un subtil mélange de couleurs sombres très plaisant. Des triangles, mais beaucoup moins lourds de sens que chez Dior ou Mugler…
Oui, c’est grâce à cela que l’effet Paul Smith fonctionne : la légèreté. Laissons nous aller !

Smalto

© Smalto

© Smalto

L’atelier Smalto s’est laissé tenté par une présentation plutôt qu’un défilé.
Cela dit, l’ensemble est bien plus sophistiqué que chez Gaultier. Chez le barbier, à une table de poker ou au bar d’un somptueux hôtel : l’esprit du maitre tailleur Francesco Smalto se décline partout.
Les smokings sont sans conteste la pièce maitresse de cette collection, que Young Chong Bak apprécie particulièrement et elle nous le dit très simplement : « La réputation de la Maison repose sur son savoir faire. Je voulais représenter l’homme Smalto dans ses différents voyages et scènes de vie chez le barbier, dans un club privé…c’est un gentlemen et un businessman ». C’est effectivement ce qui ressort de la présentation : un riche vestiaire aux coupes parfaites et aux matières luxueuses.
La créatrice assume son attachement aux racines de la maison quitte à occulter l’innovation, mais le résultat reste très convaincant.

Songzio

© Songzio

Sur l’invitation, une silhouette disproportionnée, toute en longueur, fine et sombre, laissant deviner costume, chemise blanche et cravate noire. Un lieu plutôt insipide, la salle des fêtes de la mairie du IVème…c’eût été trop simple.
Car en réalité, c’est à un étrange et inattendu ballet que nous avons assisté, tous bercés que nous étions par la complainte grave et aérienne d’un violon. Pantalons près de la jambes et blazers fittés furent récurrents, mais pas répétitifs : tantôt de cuir d’agneau aniline à col smoking, tantôt bardés d’imprimés abstraits (comme des lacérations) noirs et blancs, ils surprennent par l’aspect branché de la coupe et décalé de la matière.
Des gilet en grosse maille jusqu’au genou flottent au rythme du pas serein des mannequins, nous permettant soudain de percevoir la dimension spectrale de ces grandes silhouettes élancées. Des chaussures à la semelle épaisse dans le style motard font penser que ce cortège vient du futur et erre en plein chaos.
Vous l’aurez compris, le résultat est saisissant, puissant et poétique. Dur de porter un total look, en revanche de très nombreuses pièces prises seules donneront beaucoup de caractère à un look plus traditionnel !

Valentino

© Valentino

L’atmosphère luxueuse de l’Hôtel Rothschild se ressent indéniablement dans la collection.
L’élément principal est une bande de cuir qui coupe littéralement les silhouettes au niveau de la taille. L’effet est réussi car on aurait presque l’impression d’une ceinture géante qui s’incruste sur des manteaux en lainage, des blazers et même une cape. Cette cassure est finalement bien élégante et offrira un contraste très intéressant porté avec de l’uni.
Le second élément caractéristique a quatre cotés égaux et quatre angles droits : le carreau. Grand, petit, vert, rouge, discret, marqué : il a été utilisé sous de nombreuses formes, en conservant toujours un esprit tartan. Il est particulièrement marqué dans les tons beiges, offrant un résultat assez moyen…mais dans les tons verts, s’il ne s’agit pas d’une nouveauté et que nous en avons déjà vu, il est en revanche une valeur sûre qui assure un look british toujours élégant.
Enfin, la marque de Feu Garavani a bien sûr proposé de nombreux cuirs unis dans des tons bleu-gris foncés, très sobres voire presque même cérébraux. Une collection assez variée finalement, dont l’ADN ne ressort pas clairement, avec malgré tout, de belles choses pour débrider un peu sa garde robe tout en restant élégant.

Viktor & Rolf

© Viktor & Rolf

Le duo danois est sans doute le plus assagi des enfants terribles de la mode.
Il faut dire qu’ils nous avaient habitués à des concepts étranges et toujours très décalés… Le noir et le gris sont presque les seules couleurs de la collection, avec des matières texturées de « tubes » horizontaux, que l’on pourra porter facilement. Un pantalon bi-matière retient l’attention par son allure aussi chic que conceptuelle, alliant une toile noire enduite et la texture phare que l’on évoquait plus haut.
On aperçoit également une matière étonnante, faite d’un imprimé noir et blanc qui ferait presque penser à un écran de TV neigeux. C’est une vraie réussite lorsque cette matière apparaît sur le revers d’un col de costume. Pour résumer, il n’y a rien d’extraordinaire et surtout pas de prise de risque, cependant ce qui a été présenté reste élégant, bien coupé et très moderne. C’est déjà pas mal.

Wooyoungmi

© Wooyoungmi

Young-Mi a fait le pari d’une originalité qui reste exploitable à la scène mais surtout à la vie.
Des couleurs fortes comme le jaune moutarde ou le bleu/ultra violet se font toutes petites alors qu’elles apparaissent sur des pulls col V basiques, ou des costumes en drap de laine avec une coupe très simple. Mais la vraie réussite de cette collection réside dans l’utilisation de reliefs géométriques.
Sur les manches des manteaux, sur l’arrière des pantalons, sur l’avant des blousons : ces figures donnent au vêtement une texture sophistiquée, souvent contrastée avec la rigidité et l’uniformité du reste de la tenue.
Une fermeture vient, de temps en temps, marquer la ligne du genou jusqu’au pied sur l’avant des pantalons, renforçant l’impression de structure. Car c’est bien autour de cela que fonctionne cette collection : tout y est carré et net, il n’y a pas d’approximation et les coupes s’en ressentent grandement.
Ce sont donc des pièces impeccables que nous propose la jeune coréenne pour l’hiver prochain, dont les superbes couleurs donnent déjà envie.

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