Depuis la mise en place en 2005 de la directive européenne 2002/96/CE qui rend obligatoire la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), le traitement et la collecte sont en progression constante en France. Une nouvelle directive européenne vient de fixer des objectifs de traitement des déchets électroniques plus ambitieux et s’accompagne en France de la mise en place d’une filière DEEE pour les professionnels. Pour les consommateurs, cette évolution se traduit par une meilleure visibilité de l’ensemble de la filière et un éventail de solutions de recyclage beaucoup plus vaste qu’il y a quelques années.
Avec 283,500 tonnes, 393,000 t. et 434,000 t. de DEEE ménagers collectés en 2008, 2009 et 2010 respectivement, la performance relative au traitement des déchets électroniques est en progression constante. Selon l’ADEME, « l’objectif de la collecte des DEEE ménagers fixé à 4kg/hab./an a été dépassé en 2010 avec 6.4kg/hab./an. » Dans le même temps, l’éco-organisme Eco-systèmes cite les résultats d’une étude réalisée en 2011 qui mettent en évidence qu’un Français sur deux stocke ses équipements usagés au lieu de les recycler. A cet effet, une nouvelle directive européenne entrée en vigueur en Août 2012 dernier (et applicable sous les prochains 18 mois par les états membres) introduit
« à partir de 2016, un objectif de collecte de 45 % des équipements électroniques vendus. Cet objectif est porté, dans un deuxième temps (à partir de 2019), à 65 % des équipements vendus.»
Au niveau européen, ces objectifs représenteront en 2020 la collecte de 10 millions de tonnes de DEEE, soit 20kg/hab./an. La même directive va autoriser la collecte des petits articles comme les téléphones portables par les supermarchés et les magasins d’électroménager et ce sans obligation d’achat.
Pour les usagers, ces changements se traduisent déjà sur le terrain par des initiatives concrètes. Il y a maintenant quatre éco-organismes agréés par les pouvoirs publics qui assurent depuis 2006 la collecte et le recyclage des DEEE usagés (Ecologic, ERP France, Recyclum [spécialisé dans le recyclage des lampes] et Eco-systèmes). Pour sensibiliser les 18/30 ans (gros consommateurs de produits électroniques), ERP France organise maintenant depuis quatre ans le Recycling Party Tour, une série de concerts gratuits contre échange d’appareil électrique usagé. Eco-systèmes vient de mettre en place une plateforme de service en ligne interactive très simple d’utilisation destinée à conseiller les utilisateurs et leur suggérer un éventail de solutions pratiques en fonction de leur lieu de résidence. Selon leur état de fonctionnement, quatre solutions sont proposées pour donner une seconde vie aux d’appareils électriques regroupés en cinq grandes familles (téléphones portables, petits appareils, gros électroménager, appareils de froid et écrans).
- En fonction du code postal de l’utilisateur, le portail géo-localise toutes les déchèteries agréées ou les points de ventes qui reprendront l’appareil à recycler.
- Eco-systèmes s’est associé à Emmaüs France et au réseau Envie pour faciliter le don ou la rénovation des appareils en bon état de marche.
- Le portail propose aussi aux usagers de publier leur annonce d’échange sur Facebook
- Finalement, la plateforme suggère la réparation des appareils en proposant un diagnostic simplifié en vue d’identifier l’origine d’une panne ainsi qu’une liste géo-localisée de réparateurs professionnels (SAV marques et distributeurs ou réparateurs indépendants).
D’un point de vue économique, l’entrée en vigueur de nouvelles directives Européenne plus ambitieuses en vue d’une intensification du traitement des DEEE est à placer dans le contexte à la fois de la production exponentielle de DEEE en Europe (dix fois plus qu’il y a dix ans), mais aussi de la hausse constante des cours mondiaux des métaux précieux. En clair, le recyclage des DEEE est devenu un marché très lucratif. On commence même aujourd’hui à décrire les DEEE en termes de « gisements » de matières premières « secondaires ».
Puisqu’il y a de plus en plus d’appareils électriques et électroniques sur le marché, on peut aussi rappeler l’existence de tout un univers « parallèle » du recyclage et de la réparation, lui aussi en pleine expansion grâce à la prolifération de sites, de forums et de réseaux sociaux sur internet. Les traditionnelles braderies et vide-greniers restent bien sûr un circuit important de redistribution d’appareils électriques en état de marche ou réparables. Pour réparer et par la même occasion agir contre l’« obsolescence programmée », on trouve sur YouTube ou sur des sites comme Comment Réparer toute une palette de tutoriels, guides pratiques et documentations diverses pour remettre en état des appareils de consommation courante. Fonctionnant selon le même principe que le covoiturage, des sites comme co-recyclage, donnons.org et freecycle.org mettent en relations les internautes qui souhaitent donner ou récupérer (entre autre) des appareils électriques en état de marche et ce sur l’ensemble du territoire.
Voir aussi : consommation, Recyclage