Le froid
réitère l’insécurité des corps
et la renaissance des appels au secours
à nouveau, gerce, écorche l’écorce de l’air…
ils sont des appels qui fusent à chaque détour,
des protestations de vie nouvelle née
de chairs en voie d’isolement,
de sécession
qui ont perdu leur contenant et qui ont faim
le froid
remonte le cours des réseaux veineux
et s’installe s’enkyste en l’espace intérieur
il empiète telle une intrusion du
dehors
immense étendue nue qui n’a rien à offrir
il dévitalise peu à peu
les chemins
les plus intimes de l’être en les vitrifiant,
en les évidant pour en tirer un son creux
et guttural qui fouaille jusqu’aux tréfonds
le froid
intensifie la solitude amère
au point que même couverts, en lui nous errons
plus dénudés et plus vides
qu’au premier jour
poursuivis par les crocs d’une meute de loups
le froid
avec son aura de lune et de gel
fait de nos corps
des gibiers de Comte Zaroff !
Patricia Laranco