En ce lundi 07 avril 2008, le parcours de la flamme olympique devant traverser la capitale française, Paris, a été, à la suite de ce qui s'est passé à Londres,
confronté à l'organisation de manifestation en faveur du Tibet. Personnellement, je ne pouvais pas être à Paris, mais j'avais écrit au député de ma circonscription pour qu'il se mobilise en faveur
du Tibet et surtout contre la vague de répressions subie ces derniers par le peuple tibétain et infligée par un régime chinois qui voudrait faire en sorte de préserver la fête de l'olympisme coûte
que coûte. J'ai eu plaisir de voir qu'une cinquantaine de députés de tous bords politiques se sont mobilisés à leur manière contre un silence inacceptable des autorités tant politiques que de
l'olympisme. On peut se demander « pourquoi un tel silence ? » Pourquoi la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme [dont la mission si je comprends bien son profil de poste est tout de
même de défendre au nom de la France le principe du respect des droits de l'homme dont le premier n'est-il pas la liberté d'expression] se trouve-t-elle contrainte de rectifier dans une confusion
totale des propos qu'elle n'a jamais, prétend-elle, tenu au motif que ceux-ci laisseraient à penser que le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, ne se rendrait à la cérémonie d'ouverture des
Jeux Olympiques que sous trois conditions ? Disons-le, les capitales occidentales, les gouvernements occidentaux craignent l'incident diplomatique et les rétorsions du Gouvernement chinois.
Il est certes triste de voir ainsi gâché un événement qui devrait être une fête rassemblant les peuples dans le respect de leur
différence. Mais faut-il fermer les yeux ? Le peuple chinois, non uniforme d'ailleurs dans sa [ses] culture[s] mérite le respect de tous. Mais est-ce pour autant un argument pour taire les
exactions du régime autoritaire chinois ? Peut-on se contenter, devant une répression qui n'a pour d'autre motif que de taire l'aspiration d'un peuple à un peu plus de liberté, de la position de
pure réthorique d'un Bernard Kouchner pronant de manière cynique que l'on ne pouvait quand même pas lui demander d'être plus tibétain que le Dalaï-Lama lui-même, faisant allusion, ce faisant, au
fait que la Dalaï-Lama ne revendiquait pas l'indépendance du Tibet ni le boycott des Jeux Olympiques de Pékin [Bejing 2008] ? Ainsi donc, il aurait été préférable [pour qui ? et pour quoi ?] que
les militants des droits de l'homme restent au chaud chez eux à méditer le beau symbole que représente la flamme. Nous aurions pu voir un David Douillet courir au milieu des rues de Paris, fier
comme artaban. Nous aurions, avec quelque ironie, remarqué son embonpoint de sportif retraité. Nous aurions ignoré qu'à l'autre bout du monde se jouer un drame humain, avec des individus mis en
prison pour le seul motif de leurs opinions. Nous aurions eu une belle fête dans une belle ville. Les gouvernements auraient applaudi. Tout serait bien dans le meilleur des mondes.
Mais voilà comme le signifie parfaitement, au final, le médaillon tristement arborré par les athlètes français au slogan « Pour un
monde meilleur », cette image idyllique de l'humanité n'est qu'un doux rêve de personnes dont, au mieux, on dira qu'elles sont naïves et, au pire, cyniques. Les athlètes français ont pu
aujourd'hui se sentir frustrés de ne pas avoir pu jouer leur rôle d'ambassadeur. Mais il y a des moments pour tout. Comment reprocher aux militants des droits de l'homme d'user de l'impact
médiatique que représente ce parcours de la flamme ? C'est bien parce qu'il existe des motifs graves qu'il faut des femmes et des hommes pour se mobiliser ! Je vous ai mis ci-après une petite
vidéo trouvée facilement sur Youtube montrant une manifestation sur le thème des Jeux Olympiques et du Tibet mise en ligne le 09 août 2007. Regarder le nombre de manifestants, et combien parmi
nous, parmi les médias avaient traité cette information comme importante, combien parmi les responsables politiques avaient pris en considération l'importance de ce qui se jouait là. La réponse
est évidente : peu, trop peu.
Alors oui, il fallait siasir cette occasion unique pour parler du Tibet, pour parler des chinois eux-mêmes. Et ce dernier point est
important aujourd'hui, car se développe une argumentation pernicieuse parmi ceux qui voudraient que l'on croit que le « monde meilleur » c'est aujourd'hui. Cette argumentation consiste
à culpabiliser les citoyens occidentaux dans leur volonté de se mobiliser en prétextant que c'est agir contre les chinois eux-mêmes que de manifester à l'occasion des différentes cérémonies. Mais
c'est oublié que c'est les chinois eux-mêmes qui sont victimes des dérives d'un régime totalitaire. Mais chut, cela ne nous concerne pas. Après tout, qu'en savons-nous, les chinois ne réclament
peut-être pas ce pour quoi nous militons ? Pour paraphraser ce cher Bernard Kouchner, il ne faudrait pas être plus chinois que les chinois eux-mêmes !
Aujourd'hui, nous ne pouvons que former un voeu : que les chinois eux-mêmes prennent conscience de leur force en tant que peuple, en tant
que citoyens. Il est vrai que nous les avons déjà laissé sur la place Tian'anmen ...
Alors pour répondre à David Douillet qui s'est insurgé contre la violence des manifestants [personnellement, j'ai surtout constaté la
violence déployée par les forces de l'ordre], j'ai choisi de mettre le drapeau tibétain à l'honneur en guise d'action de soutien et non violente. Bienvenue dans un monde meilleur ...