Par: Jules
Je la trouve magnifique, cette séquence, car elle veut à la fois tout et rien dire, elle possède ce degré d’interprétation équivoque qu’ont toutes les grandes ouvres d’art. La majorité des gens la voient comme une provocation, une façon de dire « je vous emmerde, j’ai quand même gagné, nananananère, et après tout il me reste encore assez d’argent pour me prélasser dans mon sofa ». « Je suis encore un chêne », diront les lettreux.
Et si finalement, Lance n’avait rien compris ? S’il considérait, ce qu’on est tenté de croire en voyant ce passage, qu’il profite du repos du guerrier après avoir pédalé (c’est le cas de le dire) toute sa vie. Il est au top dans un monde qui l’a lâché et qui maintenant lui crache à la gueule, mais il est au top malgré tout. Ceci n’est pas sans rappeler l’une des plus formidables oeuvres de tous les temps. Quelqu’un de médiocre, au sens étymologique du terme, qui vit sa vie en chevauchant comme dans un rêve alors que cette vie n’est qu’un aride cauchemar.
Réécrivons l’histoire, la littérature est aussi faite pour ça, après tout: » En un village de la Manche, du nom duquel je ne me veux souvenir, demeurait, il n’y a pas longtemps, un gentilhomme de ceux qui ont lance au râtelier, targe antique, roussin maigre et levrier bon coureur… » Tout cela n’est qu’un rêve, notre vie n’est qu’une chimère. Lance a gagné, Lance a perdu, qu’est-ce que cela importe ? Si pour lui il a gagné après tout ça, alors il a mérité ses maillots. Qu’il les garde, et merci Lance de nous montrer que tout ça c’est du vent.