Par: Jon
« Moi non plus je n’avais jamais supporté ce pseudo-poète médiocre et maniéré, ce malhabile imitateur de Joyce qui n’avait même pas eu la chance de disposer de l’élan qui, chez l’Irlandais insane, permet parfois de passer sur l’accumulation de lourdeurs. Une pâte feuilletée ratée, voilà à quoi m’avait toujours fait penser le style de Nabokov. »
Michel Houellebecq, La Possibilité d’une île, p.32.
Voici l’opinion du narrateur de La Possibilité d’un île de Michel Houellebecq sur Nabokov, qui serait donc un « pseudo-poète médiocre et maniéré ».
En lisant cette sentence définitive sur le grand auteur russe, écrivant en américain, j’ai eu l’envie de réagir sur ce blog. Démonter le style houellebecquien, ou plutôt l’absence de style ; rappeler que s’il parle de lourdeurs chez Nabokov, c’est quand même Houellebecq qui remporte la coupe ‘Poids-lourd’ stylistique (cf. la phrase citée en exemple : « qui n’avait même pas eu la chance de disposer de l’élan »… disposer de l’élan ? Quelle horreur) ; que jamais aucun livre de Houellebecq (ou son œuvre complète) n’arrivera à la hauteur, à la pureté de phrase d’un quelconque extrait de Lolita ou de Ada, ou l’ardeur.
Puis, je me suis dit que c’était beaucoup d’efforts pour pas grand-chose. Je me suis souvenu d’une phrase de Sabato, qui dit en substance qu’il faut beaucoup de hauteur d’âme et d’humilité pour pouvoir admirer (et donc mettre son ego de côté). J’ai enfin pensé que la preuve ultime viendrait des textes, et pas de mes arguments.
Lisez Houellebecq.
Puis lisez Nabokov.
Et comparez : qui est médiocre ? Nabokov, vraiment ?