Le dernier salon Maison & Objets qui vient de se terminer n’a pas été un grand cru en termes de tendances…mais Darkplanneur a eu la chance de tomber sur une pépite, une collaboration aussi inattendue qu’inspirante et inspirée: la création d’une pop-up collection entre la créatrice Chantal Thomass et la mythique maison italienne de céramique Rometti: nous avons pu les interviewer en exclusivité, magnéto!
Darkplanneur: Comment avez-vous connu la maison Rometti ?
Chantal Thomass: J’ai connu la maison Rometti au Salon Maison & Objet, il y a un an et demi. Ils exposaient dans la scène intérieure. Leur noir et blanc et leurs rayures m’ont frappé car c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Je me suis arrêtée et j’ai regardé le travail de cette maison que je ne connaissais pas. J’ai trouvé cela jolie. Le temps est passé avant que j’y retourne, six mois plus tard. J’ai à nouveau vu leur collection et à ce moment là, Massimo m’a demandé si je voulais faire une collection pour eux. J’ai dit oui tant j’étais séduite par leur travail, leur savoir-faire formidable ! Je suis allé chez eux en Italie, travailler quelques jours.
Darkplanneur: Mr Massimo Monini (Directeur Général de la maison ) …Présentez la maison Rometti..
Massimo Monini: La maison Rometti est une maison historique italienne. C’est la culture de la céramique avec des ouvriers qui travaillent avec nous depuis 30 ans. C’est une maison de tradition : la terre qu’on utilise vient d’un fleuve près de chez nous. On a une ancienne cave étrusque. C’est une manufacture prestigieuse et en même temps, chaque pièce est différente. Tout est fait à la main. C’est un savoir faire italien de la terre.
D: Pourquoi le choix de Chantal Thomass ?
MM:La vie fait bien les choses ! C’est une rencontre de deux mondes parallèles. Il fallait mettre de la féminité dans le monde masculin de la céramique et qui était mieux placé pour cela que Chantal Thomass ?
D: Mme Thomass pourquoi ce besoin d’aller tout les six mois chez Maison & Objet ?
CT: Parce que j’ai toujours beaucoup aimé la déco et entretenue pour elle un intérêt doublé d’une curiosité. Aussi parce que j’ai fait des maisons pour moi, et, depuis 2 ans, je fais des hôtels également. J’ai donc besoin de me renseigner, de m’enrichir, de voir les nouveautés : les carrelages, les salles de bain, les lumières…J’en ai besoin pour moi et pour mes hôtels.
D: Qu’est ce qui vous a poussé dans cette aventure Rometti ?
CT: Cela m’a plu de par sa nouveauté : en effet, c’était quelque chose que je n’avais jamais fait ! Poussé par ma curiosité, j’ai toujours envie de prouver que je peux faire autre chose que de la lingerie. Et cela me fait plaisir et me nourrit de toucher à d’autres métiers. En plus, j’adore aller dans les usines, y observer comment les choses sont faites.
D: Quelles ont été vos inspirations pour cette collection ?
CT: Mes inspirations viennent tout simplement de ce que j’aime : la dentelle, les couleurs (comme le noir, le blanc, le rose), le côté féminin. Ce sont d’ailleurs des côtés qui manquaient dans leur collection. Celles-ci étaient certes très belles mais elle étaient très masculines. En faisant appel à moi, ils avaient envie que j’apporte un côté féminin.
D: Quelle histoire raconte votre collection ?
Je n’ai pas voulu raconter une histoire à travers cette collection mais plutôt présenter de jolis objets de décoration. Il s’agissait plus d’une envie esthétique: le miroir, par exemple, c’était un vieux fantasme d’en avoir un comme celui là dans ma salle de bain.
D: Peut-on faire des parallèles dans l’approche artisanale du travail de la céramique et la dentelle ?
CT: L’un comme l’autre représente six à dix mois de travail pour élaborer une collection. Même si je mets moins de temps quand je travaille dans la céramique que dans la dentelle parce que ce ne sont que des pièces uniques: c’est très artisanal, et très stimulant finalement. Dans le vêtement, disons que c’est une forme d’artisanat plus industriel. C’est plus facile d’adopter une approche artisanale avec Rometti, car on peut ajouter une touche au dernier moment. Dans l’industrie, six mois avant que ça sorte, on ne peut déjà plus rien faire !
D: Cela vous excite ce côté inattendu, le fait que jusqu’à la dernière minute on puisse encore intervenir ?
CT: Oui ça m’excite beaucoup, j’adore! C’est vraiment très agréable. C’est si frustrant dans la création de lingerie ou de prêt-à-porter…il faut penser longtemps avant et on ne peut pas rectifier…Dans la lingerie ou le prêt-à-porter, il faut faire 2 000 pièces pour que cela soit rentable !
D: Vous êtes une icône dans le monde de la lingerie. Aujourd’hui, vous étendez vos inspirations à l’hôtellerie, et maintenant à la céramique. Où trouvez-vous votre motivation ?
CT: Ce qui me stimule, c’est qu’on me propose des choses nouvelles. Cela me fait avancer.
D: Peut-on dire que vous êtes dans une démarche de vampirisation à la Karl Lagerfeld ? Vous vous nourrissez de l’ère du temps pour capter les choses…pourriez-vous à l’instar de ce dernier faire une collection capsule pour H&M par exemple ?
CT: Pourquoi pas, avec plaisir ! Il y a des tas de choses qui me tentent ! Il y a des choses auxquelles on ne pense pas, qui viennent d’un coup comme ce fut le cas de la céramique, et que vous acceptez. J’aime le travail alors quand en plus, on peut joindre l’utile à l’agréable comme ce fut le cas avec la maison Rometti, je ne peux que m’en réjouir: c’est aussi à travers des collaborations inattendues comme celle-ci que je continue à apprendre, à me nourrir et à grandir.