Je partage totalement leurs craintes et je soutiens leur action qui va dans le bon sens pour l’intérêt des enfants, j’ai déjà exprimé mon sentiment concernant cette réforme sur ce blog (lire l’article). Car oui, les enseignants aussi ont à coeur l’intérêt des enfants et pas simplement le ministre et les chronobiologistes ! Hier le premier ministre a annoncé le report d’un mois de la décision des communes d’accepter ou non la mise en oeuvre dès septembre 2013. Saint-Maur a dors et déjà annoncé que ce ne serait pas pour 2013 mais pour 2014.
J’espère que tous s’opposeront à cette réforme mal pensée. Voici le texte distribué ce matin devant l’école maternelle des Tilleuls, le même texte est diffusé dans les autres écoles.
Lettre ouverte aux parents de nos élèves
Nous, enseignants de l’école maternelle« Le Parc-Tilleuls » à Saint-Maur, tenons à vous faire savoir les raisons pour lesquelles nous demandons l’abandon de « la réforme » dite des rythmes scolaires que le gouvernement et le Ministre Vincent Peillon voudraient nous imposer à la rentrée prochaine par décret. Ce projet de décret n’a reçu, à ce jour, aucun avis favorable des organisations syndicales enseignantes et des associations de parents d’élèves au Conseil Supérieur de l’Education Nationale et au Comité Technique Ministériel des 8 et 11 janvier.
Quelles sont les conséquences de ce projet pour vos enfants et pour l’école publique?
Aucun élève ne sortirait de l’école avant 16h30, nous dit le Ministre!
Les élèves auraient toujours 24h d’enseignement hebdomadaire mais devraient donc avoir un plus grand temps de présence dans l’enceinte de l’école, sans interruption de 8h30 à 16h30 pendant 4 jours (avec un temps péri-scolaire obligatoire), sans compter la garderie du soir jusqu’à 18h ou 19h et une demi-journée d’enseignement le mercredi matin, (qui pourrait se dérouler de 8h30 à 12h), avec cantine et garderie l’après-midi pour une partie importante des enfants. Est-ce répondre réellement à leurs rythmes ?
Plus de garderies collectives avec moins d’adultes pour les encadrer.
Dans le cadre de cette réforme le Ministre Peillon vient d’annoncer que les normes jeunesse et sport seront modifiées (pour les moins de 6 ans, le taux d’encadrement passerait de 10 à 14 et pour les plus de 6 ans, ce taux passerait de 14 à 18). Ainsi il y aurait plus d’enfants par animateur pour les activités périscolaires.
A qui peut-on faire croire que venir à l’école 5 jours de suite sans coupure, avec plus d’activités collectives périscolaires dans des groupes où les enfants seraient plus nombreux par animateur, pourrait être moins fatigant pour vos enfants ? Par ailleurs, ce seraient les conditions de sécurité des enfants et les conditions de travail des animateurs qui ne seraient plus respectées !
Pour apprendre à l’école les élèves ont besoin d’être reposés et détendus (dans des classes allégées, mais ça c’est hors sujet nous dit-on … ) … La coupure du mercredi leur permet d’avoir d’autres activités au sein des conservatoires, des associations sportives (dont l’existence risque d’être remise en cause), de bénéficier, dans le cadre des centres de loisirs, d’activités ou de sorties périscolaires adaptées et/ou de bénéficier d’un rythme différent sur une journée de détente. Pourquoi vouloir leur supprimer?
Des projets Educatifs territoriaux différents d’une école à l’autre. La fin de l’égalité des droits ?
De plus, le projet ministériel de réforme des rythmes scolaires prévoit la mise en place d’un « Projet Educatif Territorial » dans chaque école. Les enseignants que nous sommes, seraient ainsi placés sous la responsabilité de la Mairie pour une partie de notre temps de service où nous devrions mettre en oeuvre ce projet local.
Ce ne serait plus l’école de la République avec l’égalité des droits des enfants devant l’instruction mais l’école des territoires. A terme, il n’y aurait plus vraiment de programmes nationaux, donnant droit à des diplômes nationaux, mais des projets locaux différents d’une école à l’autre, selon les« territoires» …
Nous sommes enseignants et nous ne pouvons accepter que les droits de nos élèves, vos enfants, dépendent de décisions prises localement générant injustices et inégalités. Nous estimons que cela peut être dangereux pour vos enfants et pour l’àvenir de l’Ecole publique républicaine. Défendre notre indépendance professionnelle et donc notre statut de fonctionnaire d’État, c’est en définitif, défendre le droit à l’instruction pour tous les enfants.
Par ailleurs cette « réforme », dont tout le monde reconnait qu’elle va générer de nouvelles charges très importantes aux communes se traduirait inévitablement par une hausse des impôts locaux (ou par la diminution, voire la suppression, de certains services publics) et l’augmentation des tarifs des activités périscolaires.
Cette réforme ne comporte aucune amélioration des conditions d’apprentissage et de réussite scolaire pour les élèves. De plus, si elle s’appliquait, elle ne pourrait que contribuer à dégrader les conditions de travail et d’emploi de tous les personnels qui travaillent aux côtés de vos enfants (enseignants comme animateurs, Agents Territoriaux Spécialisés des Ecoles Maternelles, agents d’entretien).