Au même titre que l’excision il s’agit d’une pratique barbare. Elle vise à éviter que les garçons ne soient attirés par les filles jeunes.
Au Cameroun on estime à 24% le nombre de femmes qui ont les seins repassés à ce jour. Dans certaines bourgades, pratiquant fortement la tradition, jusqu’à 80% des femmes ont eu à subir ces atrocités. C’est au nord du Cameroun qu’on retrouve plus particulièrement cet acte et il s’étend aux pays limitrophes tels que le Nigéria, le Burkina Faso, le Togo, la Côte d’ivoire.
A force de repasser leurs seins, les fillettes et les femmes voient naître des abcès, des ampoules, des cicatrices sur leur peau. Elles pourront rarement donner le sein à leur progéniture.
Le Cameroun est malheureusement un pays où adolescence et grossesse vont ensemble. Les jeunes filles tombent enceinte dès l’âge de 14-15 ans. Il n’existe pas d’éducation sexuelle dans les écoles là-bas.
« A force de repasser mes seins, des abcès et des ampoules ont commencé à sortir », relate Catherine Gisèle Fouda, aujourd’hui âgée de 25 ans, et mère de deux enfants qu’elle n’a pas pu allaiter au lait maternel.
Après plusieurs cris et pleurs, sa maman s’est rendue compte des conséquences que cette pratique allait avoir sur la jeune dame.
« Elle m’a conduit à l’hôpital et là-bas, le médecin lui a prescrit de ne plus le faire. J’avais enfin trouvé quelqu’un qui pouvait convaincre ma maman de ne plus me repasser les seins. Quand j’ai eu mon premier fils à l’âge de 15 ans, j’ai dû l’allaiter avec le lait artificiel parce que de mes seins, il sortait un liquide noirâtre »
Pour aplanir les seins, on utilise souvent les pilons ou les pierres à écraser, préalablement chauffés. Mais on note aussi l’usage de peaux de bananes plantain, de feuilles et de serviettes chaudes. Tous ces moyens seront tous appliqués directement sur la poitrine nue et douloureuse à cause de la croissance. D’autres tactiques consistent à utiliser des « serres-seins » ou du sel et du pétrole avec lesquels on masse les seins naissants. Parfois, il y a en plus tout un rituel.
« Il y a une région où, après le massage, les filles doivent jeter les noyaux du fruit noir, que l’on mange ici, sur les garçons pour que leur poitrine reste plate. Une autre coutume consiste à embrasser le tronc d’un bananier et de tourner autour pour que la poitrine reste lisse comme le tronc », confie le Dr Flavien Ndonko.
« Je crois que c’est bien de repasser les seins des jeunes filles, parce que c’est un moyen de les protéger contre le cancer », pense Mba Elvis, habitant de la localité d’Akono au nord du Cameroun qui compte 12.000 habitants.
Le code pénal camerounais ne prévoit aucune sanction contre cette pratique. Les femmes qui l’ont subi et en possède encore les douleurs n’hésiteront pas à le faire aussi sur leur fille. L’association Tantines lutte activement contre le phénomène.
Soure : afrik.com