Près d'un an après se l'être imposé, chercheurs sur la grippe mettent fin au moratoire des expériences controversées impliquant le virus de la grippe aviaire H5N1. La « controverse » H5N1, débutée fin 2011 –avec le développement en laboratoire d'un supervirus hautement pathogène et transmissible à l'Homme- avait déjà pris un tournant lors des publications respectives, en mai et juin dernier, dans les revues Nature et Science, de la première des 2 études bloquées depuis janvier par les autorités américaines et d'un bilan consacré aux recherches déjà menées. Ces publications alertaient ou informaient pleinement de la menace potentielle posée par ce virus à l'humanité et montraient tout l'intérêt de ces recherches pour la santé publique. La controverse aura aussi imposé entretemps, d'entamer la révision, sous la gouverne de l'OMS, des mécanismes de validation de principe de telles recherches et incité les États-Unis et d'autres pays comme les Pays-Bas, à imposer une plus grande surveillance aux recherches sur H5N1. Ainsi, en décembre dernier, les experts des US National Institutes of Health, confirmaient, à l'issue d'une réunion de 2 jours, leur décision de mettre fin au moratoire.
Ce nouveau départ devrait s'effectuer en 2 étapes, précisent les chercheurs dans leur lettre publiée dans Science. Les scientifiques travaillant dans les pays ayant finalisé et le financement et les règles de sécurité seraient d'ores et déjà libres de reprendre leurs expériences sur la réingénierie du virus mais pas dans les pays où le cadre de recherches n'a pas encore été défini. Ainsi, concernant les études menées ou financées par les Etats-Unis, ce ne serait qu'une question de jours, tout comme au Japon, en phase finale d'approbation des règles de sécurité. L'objectif reste de mieux comprendre comment le virus H5N1 pourrait devenir plus dangereux pour l'homme et comment mieux arrêter une pandémie émergente.
Ron Fouchier, auteur de l'une des 2 études phares, virologue au centre Erasmus de Rotterdam explique que s'il faut du temps pour arrêter la recherche, et il faut du temps pour la remettre en marche. Son objectif, identifier d'autres mutations qui permettrait au virus H5N1 de se transmettre entre mammifères par voie aéroportée ou dans les gouttelettes respiratoires.
Source: Science Online January 23 2013 DOI: 10.1126/science.1235140 Transmission Studies Resume for Avian Flu (Visuels CDC)
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