Au carrefour de mes 20 ans…
C'était un mois d'août, chaud, humide… C'était en 1991, il me semble ; j'avais déjà mon minolta X700 donné par mon père, appareil qui ne m'a pas quitté depuis. Pendant trois jours, j'ai photographié New York en noir et blanc, tandis que mon amoureux de voyage la photographiait en couleur.
New York, août 1991 - La fille du carrefour
New York est une ville qui m’avait saisie, perdue, emportée durant ces quelques jours : la chaleur m'empêchait de dormir, je voulais tout voir, marcher au hasard, je me rappelle des zones dévastées, de grands bâtiments de briques abandonnés, des hôtels pour la plupart, je me souviens d'une odeur pestilencielle par endroits, de chaussées défoncées, de vieux hispaniques jouant aux dominos sur les trottoirs, de la musique à fond grésillant d'un poste posé sur une chaise ; je me souviens aussi de petites filles afro-américaines dans de robes blanches à dentelles, marchant toutes droites, vers une église sans doute… Je me souviens que je ne savais pas vraiment où j'allais dans mes études, que je rêvais de changer de voie, de franchir la ligne blanche de mes désirs…
J'aime bien cette fille que je vois là, un peu pensive, avec cette robe qu'elle avait achetée à Montréal, avec ce sac emprunté à son frère, la main posée sur l'objectif, prête à faire le point sur la photo à venir, imminente… Le double de ma jeunesse. Aujourd'hui, je peux dire que je suis passée de l'autre côté de cette ligne qui me semblait alors si difficile à traverser.