Avec Jodie Foster, Terence Howard, Mary Steenburgen
Warner Home Vidéo
Au moment de sa sortie cinéma, on avait déjà dit tout le bien qu’on pensait du film de Neil Jordan. Quelques mois plus tard, et une volée de bois vert des critiques plus loin (les mêmes qui défendirent le « Contre-enquête » avec jean Dujardin, autre film de vengeance version Française, assez lourdingue et où le vengeur est un flic, n’est-ce pas pire ?…), la sortie en DVD et en Blu-ray permet de revenir sur « A vif » et de confirmer ses indéniables qualités, n’en déplaise aux esprits chagrins cités plus haut…
Erica Brain vit et travaille à New-York. Elle y trouve l’équilibre de sa vie, en enregistrant les bruits et conversations du quotidien pour son émission de radio, en retrouvant David chaque soir, l’homme de sa vie, son futur mari dans quelques semaines. Pourtant, un soir, tout est détruit. Une balade dans Central Park, une agression « gratuite » par trois petits gangsters, un tabassage à mort dont seule en réchappe Erica. Pour elle, la vie n’est plus pareille, un vide s’est creusé en elle. Des angoisses profondes la poussent à acheter une arme. Un soir, elle s’en sert en légitime défense mais réalise en même temps que cela lui ôte un peu de son malaise. Erica continue son chemin de vengeance, envers des inconnus, envers un beau-père psychopathe, et envers ceux qui ont brisé à jamais son existence. Seul l’inspecteur Mercer se doute de ses actes, mais comprend aussi l’énorme blessure que supporte dorénavant Erica. Mais jusqu’à quel point peut-il « autoriser » cette vendetta dont Erica semble vouloir sortir tout en persévérant à chercher ceux qui l’ont ainsi blessée à vie ?
Encore une fois, on a tout lu sur ce film et le pire, ce sont ces avis moralisateurs et limite hypocrites (mais qui font bien…) de certain(e)s qui quelques mois avant défendaient le « Contre-enquête » avec Dujardin en flic-père vengeur froid et méthodique. En soi, et au vu des évènements, difficile de condamner ouvertement ce qu’on voit. Celui qui dira l’inverse veut se donner plus souvent bonne conscience. Mais « Contre-enquête » pêchait par pas mal de défauts scénaristiques qui empêchaient le film de mieux « défendre » son propos. Maintenant, « A vif » y réussit plus que bien. Dans les bonus, il y a des interviews de Neil Jordan qui reconnaît que c’est la première fois qu’il signe un film dont il n’est pas l’auteur tout en ayant retravaillé pas mal le script. Et c’est de là que vient certainement la réussite du film. Car à la revoyure, ce polar urbain est tout de même doublé d’un poignant drame, celui d’une femme vidée de ce qui la faisait vivre chaque jour. Le chagrin est plus que perceptible, et l’émotion est souvent présente, au travers il est vrai du talent remarquable d’une Jodie Foster impressionnante. Bien sûr, ses actes sont plus que condamnables ; mais son chagrin est là et comme elle le dit à un moment donné à un souvenir de David, « Tu m’as laissé un trop grand vide en moi ! ». Tout est là, et l’élément policier vengeur trouve en ce point une force bien plus grande que dans la majorité des films du genre, qui sombrent souvent dans le racolage pur et simple. Alors oui, il y a cette fin. Mais elle est logique avec le personnage d’Erica, avec celui de Mercer qui se réfère à la meilleure scène du film, celle où ils se parlent tous deux via leur reflet dans un miroir. Enfin, pour résumer tout ça, qui ne changera rien à certains avis (qui m’énervent à un point, quand je lis d’autres sur « Contre-enquête » encore une fois…), de nouveau dans les interviews, Jodie Foster résume bien « A vif » : « Humainement, c’est tout à fait compréhensible ; moralement, c’est abject, plus que condamnable ! ». Voilà, au moins, ça met d’aplomb pas mal de choses. Reste maintenant les qualités du film, superbes, où Jordan filme New-York avec Philippe Rousselot comme un complice du drame, où « l’action » se partage l’intrigue avec le drame réaliste, l’émotion, limite le documentaire. L’édition Blu-ray donne au film toute la puissance du support quant à ses qualités esthétiques. Que dire de plus ? Comme il y a quelques mois, et encore plus aujourd’hui après une nouvelle vision, il s’agit là d’un des meilleurs films de Neil Jordan. Et il prend aux tripes, et il peut même vous tirer des larmes…
Film : 9/10. Blu-ray : copie excellente, image 1080p Haute Définition 16×9 2.40 :1 - Bonus : 7/10 : scènes coupées - reportages sur le tournage - bande-annonce. .
Source : Sfmag