Quelques légendes pour accompagner sa visite de l’exposition « Dieu(x), mode d’emploi » au Petit Palais
Quand l’homme vient au monde, il a les poings serrés comme s’il voulait tout prendre du monde. Quand il meurt, ses mains sont ouvertes, comme s’il rendait tout ce que la terre lui avait donné. (Midrash Ecclesiastes)
Illustrant notre propos, en guise d’introduction, une stèle du 6ème siècle représentant des mains levées vers un croissant (issue du Musée d’Israël), une femme africaine (Dogon) qui implore les mains levées, un dieu comme celui de la pluie, et un tabernacle décrivant le mouvement des hommes et des dieux avec des lames de feu dirigées vers les 12 apôtres, il représente la Pentecôte (commémorant la venue de l’Esprit Saint sur les apôtres). Cette adresse au ciel pour prier les Dieux est commune et bien souvent les hommes amassent un petit tas de pierres à l’endroit où ils ont sentit la présence de Dieu.
Ayant eu l’occasion d’appréhender l’exposition « Dieu(x) » sous l’angle du conte grâce à ce mode de visite original proposé au Petit Palais, c’est de cette façon que j’aborderai l’article, en étant volontairement lacunaire sur certains aspects de l’exposition et certains dispositifs interactifs, convoquant davantage notre subjectivité. De même, le détail des histoires a suivi le rythme de la conférence qui s’est attardé au début de l’exposition et qui a été plus vite sur la suite.
C’est baignées d’une certaine pénombre, que les différentes salles présentent sur des socles les statuettes des dieux, et les différents objets de culte. Dans la première, les piédestaux présentent les Dieux pour en montrer les diverses représentations et la symbolique. Les textes sont affichés au pied du support, plaçant momentanément les spectateurs dans une attitude semblable à du recueillement.
Tout d’abord comme pour initier le cheminement, nous commençons par découvrir une très grande tablette de jade chinoise, datant de la dynastie Qing (18ème siècle), sont sculptées les 3 étoiles qui indiquent les 3 terrasses, qui sont l’enseignement de la voie du taoïsme.
Derrière, ce sont les dieux indiens, et le bouddha qui suivent.
Rayonnant, nous découvrons Shiva écrasant l’ignorance. Cette représentation commune, est celle qui met en scène le dieu de la destruction, dans une sculpture du 9ème siècle, alors qu’il effectue sa danse universelle appelée « Tandava », symbolisant la création, la préservation et la destruction. Cette dernière est nécessaire dans la pensée indienne, c’est à sa suite que le renouveau peut avoir lieu. Ainsi dans sa représentation, Shiva se constitue de tout et son contraire : dans sa main gauche, il tient le feu (mort et dissolution), dans sa main droite un tambour-sablier qui appelle à la naissance et à la musique (la vie). Il possède le 3ème œil qui signifie la sagesse, sa peau est souvent bleue (dans les représentations papier), car il a bu le poison pour sauver les hommes, ici dans ses cheveux on aperçoit sa femme, la déesse Ganga (qui a donné son nom au fleuve, le Gange) contenue ainsi pour ne pas balayer de son flot la terre entière. Sa jambe levée illustre la libération des âmes sous l’ignorance vaincue.
Une légende ancienne rapporte qu’il fut une époque où les hommes avaient tous les pouvoirs. Ils en usaient tellement que Brahmā, le dieu des Dieux, leur confisque. Mais il faut cacher les pouvoirs quelque part, en lieu sûr. Pour trouver cette cachette, il convoque les dieux mineurs, qui lui suggèrent plusieurs possibilités : « il faut les mettre sous terre », disent-ils, « mais ils finiront par creuser », répond le dieu, « et ils les trouveront ». « Mettons-les au fond des océans » rétorquèrent-ils, mais Brahmā se dit, que de la même manière, les hommes pourraient les déterrer. En réfléchissant, il se dit qu’il allait les cacher au plus profond des hommes eux-mêmes, endroit insoupçonné, dans lequel ils ne chercheraient pas…
Bouddha est né en Inde, prince opulent, il ne manque de rien et connait une vie heureuse. Marié à l’âge de 16 ans, son existence est préservée de tous les aspects négatifs du monde. Un jour qu’il se promène, il rencontre un vieil homme qui lui fait penser à la mort, et cela le touche. Puis son chemin croise celui d’un pauvre, et il pense à la misère, cela lui déchire le cœur. Enfin il passe près d’un malade, qui lui évoque la maladie et la souffrance : son âme est torturée. Il n’avait jamais vu et pensé à tout ça auparavant. Il sent que sa vie est vide, qu’elle n’a pas ce sens.
Au milieu de la pièce, nous voyons des pièces en référence aux 3 religions monothéistes.
Marie apparait dans une attitude d’étonnement et de recueillement, lors de l’Annonciation. Elle apprend alors qu’elle porte un enfant saint.
Ainsi, nous découvrons une toile de Chagall mettant en scène Moïse recevant les tables de la loi, avec seulement la main de dieu représentant la présence divine.
A côté, le candélabre (menora) destiné à célébrer Hanouka, la fête juive qui commémore la réinauguration de l’autel des offrandes dans au temple de Jérusalem. Lorsque le temple fut purifié, les lumières durent être allumées, mais il ne restait à ce moment là qu’une petite fiole d’huile. Mais, une fois versée les lumières brulent pendant 8 jours. La lumière du milieu sert ainsi à allumer les 8 autres, en souvenir de ces 8 jours. Le personnage qui est représenté est Judith coupant la tête de l’enfer. Sur les branches, sont représentées des fleurs et des boutons pour évoquer le printemps.
Suivent ensuite des objets qui symbolisent les dieux et leurs attributs :
Une légende Mauritanienne rapporte l’histoire d’Ahmed, qui fait commerce d’eau. Un jour, le désert qu’il avait l’habitude de voir jaune, lui semble plutôt de couleur verte. En fixant davantage les lieux, il aperçoit de l’herbe et des flaques d’eau. Soudain il aperçoit une forme blanche et brillante, en s’approchant il discerne un crâne recouvert d’eau. Il pense à voix haute, car il est effrayé « Qui t’a fait ça ? » et une voix lui répond « c’est la parole qui m’a amené ici ».
On part ensuite en Indonésie, en découvrant le crâne korvar indonésien. Il représente le réceptacle de l’âme. Il doit supporter l’esprit de l’ancêtre de la famille.
En Bolivie, on trouve des statues de Lucifer à l’entrée des grottes. Il leur est donné des offrandes pour être protégés durant le travail.
On aperçoit ensuite la Vierge à l’enfant de Notre Dame du Mur, on appelle cela les « vierge ouverte », la trinité apparait dans son ventre. Ces représentations ont désormais toutes été détruites.
Ensuite, le rideau d’arche de la sainte synagogue de Metz, masque la Torah qui est placée derrière lors des fêtes. On change le rideau suivant les occasions.
Le poteau en bois qui est à côté, provient du Chili. Dans la culture Mapuche, les femmes sont celles qui font le lien entre cette terre et l’au-delà. Le poteau est détruit lorsque le chaman meure. Lors des cérémonies, il monte les marches qu’il comporte, pour se placer en haut. Ce peuple a réussi à préserver son identité et à résister aux Incas. Aujourd’hui il demeure une communauté au centre du pays, près de Concepción.
Suivent également beaucoup d’objets qui accompagnent le culte, et la la vie sociale. Il est possible de voir les objets utilisés lors des cérémonies, des rites de passage, ou dans des coutumes diverses comme le candélabre africain, donné en cadeau de mariage, à placer dans le berceau près de la tête du premier enfant.
S’en suivent des dispositifs plus interactifs, mettant en scène les rites des différentes religions, qui questionnent aussi sur le rôle de la religion dans certains conflits d’envergure internationale.
Ces légendes complètent plutôt bien l’exposition, qui tente de sensibiliser le public aux différentes croyances par un voyage dans les religions d’aujourd’hui. Si nous avons l’habitude de vivre dans un environnement laïque, ce n’est pas toujours le cas dans certains autres pays. Pour les non-croyants c’est l’occasion de bien approcher le fait religieux, pour les croyants qui maîtrisent leur religion, c’est la possibilité d’en savoir plus sur celle les autres.
Une conférence à suivre en complément de la visite ! Vous pourrez ainsi prendre le temps de découvrir l’exposition à la lumières de ces légendes.
A voir :
Dieu(x), mode d’emploi au Petit Palais
Jusqu’au 3 février 2013
Avenue Winston Churchill
75008 Paris