Bien sûr on aurait pu parler de la guerre qui se déroule au Mali. Bien sûr on aurait pu parler de la fin de la prise d’otages à In Amenas en Algérie. Bien sur on aurait pu parler du début du procès des cinq accusés dans le viol d’une étudiante en Inde. Bien sûr on aurait pu parler du serment de Barack Obama pour son deuxième mandat. Mais bien sûr on n’en parlera pas… Parce que depuis deux jours il NEIGE.
Chaque année, elle revient à la même période, de façon sournoise et froide. La neige ne nous laisse aucun répit dans une saison qui est déjà bien pourrie pour qui n’aime pas le froid, les nuages et l’humidité. C’est vrai que les premiers flocons sont jolis, nous amusent et, dans un moment de faiblesse, nous ramènent en enfance, où on tentait de les avaler en levant la tête bien en l’air et en ouvrant grand la bouche (depuis on a appris que la neige n’était que de l’eau issue de l’évaporation des fleuves, des mers, des océans qui véhiculaient un vrai bouillon de culture : pesticides, pollution, produit chimique, etc, etc, etc…).
Mais alors, si on sait tout ça, pourquoi les médias se sentent-ils obligés d’envoyer trois pauvres reporters aux quatre coins de la France pour nous dire que « oui il neige, oui ça circule mal, et oui il fait froid » ? Aucun besoin d’aller chercher la réponse du côté d’un complot généralisé (même si certaines sources affirment qu’il existerait bel et bien). Les médias forment une industrie, et plutôt orientée capitalisme acharné qu’entreprise sociale et solidaire. L’explication découle alors logiquement. « Nous sommes une industrie, nous vivons donc grâce à la publicité, elle-même dictée par le taux d’audience, notamment la fameuse ménagère de moins de 50 ans ». Les responsables des médias ne sont pas fous. Après quelques analyses d’audiences, de pics et de baisses, de sondages, ils ont pu constater que la neige, ça ramène plus d’audience que le conflit au Mali. Bon en même temps, c’est plus près… Et puis la guerre au Mali ça n’empêchera pas de prendre la voiture pour aller au travail demain matin. C’est cynique…mais vrai.
Quand les grands manitous suivent le mouvement
Alors quand on s’en prend aux médias qui parlent seulement de la neige, qui n’en font pas assez sur l’actualité internationale et sur l’Europe qui nous intéresse tant, posons nous un peu et prenons du recul. Arrêtons de croire que les médias sont là dans une mission d’intérêt général. Il s’agit d’une industrie, pas de « Martine est journaliste ». Le jour où l’audience manifestera plus d’intérêt pour les morts en Syrie tous les jours, la neige repassera en fin d’édition, aussi vite qu’elle fond au soleil.
En attendant, on plaint ces trois journalistes qui ont attendu dans leur voiture toute la journée pour faire ce direct dans le froid qui n’amuse personne, surtout pas eux. Et la prochaine fois on regardera plutôt Envoyé Spécial que Camping Paradis.
Il est 20h14. Fin du dossier#neige du #jt. Heureusement qu’il n’y a pas de guerre ou de prise d’otages pour ouvrir le journal.
— martin bartoletti (@mbartoletti69) Janvier 20, 2013