Comme tout le monde, on a été bercés par les teens movies américains, nourris aux soirées remplies de gobelet rouge et de conquêtes faciles. Malheureusement, cinq minutes après l’arrivée sur le campus situé en banlieue de la banlieue, on a compris que ça ne se passerait pas comme ça. C’est plutôt anonymat complet dans des amphis de 300 personnes, entouré de cinq syndicalistes de l’UNEF et trois hippies qui en sont à leur cinquième première année. Dans ces conditions, pas simple de trouver chaussure à son pied et bonjour misère affective et sexuelle. Et si par miracle une fille / un garçon plaît, on ose pas l’aborder, il/elle disparaît plus rapidement que Kamel de Loft Story 1.
La déception quand tu arrives à la fac
Heureusement, les étudiants sont malicieux. Depuis quelques jours, des pages Facebook sous le nom de Spotted – « repéré » en anglais – voient le jour un peu partout. Je ne suis pas fan de dire « ça c’est absolument la prochaine tendance » parce que la plupart du temps, le mouvement s’éteint dans les trois mois qui suivent et vice-versa (j’ai toujours pensé que Facebook allait s’écrouler, que Justin Bieber et Lady Gaga seraient éphémères et que la France allait gagner la Coupe du Monde de football). Mais force est de constater que depuis quelques jours les étudiants des facultés françaises s’enflamment autour de ce principe…vieux comme Libération.
Spotted, c’est juste la version moderne des courriers intime du célèbre journal. On envoie le lieu, une description de la personne croisée et le moment, en espérant qu’il ou elle se reconnaîtra (ou que par magie le cousin de l’ami du beau-frère de la copine de cette personne la reconnaisse et vous aide). C’est l’occasion de dire à une personne croisée brièvement à la fac comment votre cœur a fondu pour elle en moins de deux, dire que son père est un voleur, qu’il a pris toutes les étoiles du ciel pour les mettre dans ses yeux.
Bon, c’est vrai que certains messages sont moins clichés que ça. Quelques uns préfèrent la jouer courte (voir très courte)
« L2 GE
From a King to a Queen
Faisons des bébés »
ça peut aussi marcher pour se faire remarquer par ton élu(e)
D’autres se la jouent poète (avec plus ou moins de réussite, chacun se fera son jugement).
« Je me lance à mon tour,
Toi le musicien qui fait battre mon cœur tel un tambour
Je t’ai aperçu vendredi dernier avec ton instrument.. sur le dos,
Tu n’avais pas vraiment l’air dispo, muni de ton étui vert sapin,
Ma seule envie est de te proposer un verre, pour qu’on papote musique.
Tes petites lunettes noires te rendent très sexy, je veux connaître ton nom.
Tu es brun, et tu prends soin de recouvrir ta petite tête avec un étrange bonnet à pompon.
Ton style est changeant, tu me surprends chaque jour. Tantôt avec de petites chaussures noires (lorsque tu fais des concerts ? ) et parfois avec des baskets, sûrement pour être plus décontracté.
J’aimerais que tu viennes rythmer mes nuits, une seule ou plusieurs. A toi de voir… »
Comme souvent dans ces tendances, les britanniques et les ricains nous ont précédés. Par exemple la bibliothèque (pas l’université!) du Sussex compte plus de 3 426 « likes » sur sa page spotted. En France, les pages viennent à peine d’éclore et pourtant quelques universités tirent déjà leur épingle du jeu. C’est le cas pour Lyon III avec près de 5000 « likes », 4000 pour Paris Dauphine et 1 300 pour Sciences Po Paris.