Les élections législatives du 22 janvier 2013 ont donné une vision éclatée de
la classe politique en Israël où cinq partis ont obtenu chacun plus de 10% des 120 sièges. Malgré un revers électoral, le Premier Ministre sortant Netanyahou les a quand même remportées et reste
maître de la situation.
Pour la troisième fois, Benyamin Netanyahou (63 ans) a en effet gagné ces élections législatives du mardi 22 janvier
2013. Comprendre la démocratie israélienne est assez difficile en raison de la multitude de formations politiques (sans cesse mouvante) et du scrutin à la proportionnelle intégrale qui dessine à la Knesset un visage émietté du paysage politique israélien,
ce qui encourage de nombreux types d’alliances.
Alors qu’il y a quatre ans, les précédentes élections avaient placé en tête le parti du gouvernement sortant d’Ehoud Olmert, Kadima, parti centriste issu du Likoud (droite avec Ariel Sharon, 84 ans,
toujours dans un coma profond depuis le 4 janvier 2006) et des travaillistes (avec Shimon Peres, 89 ans,
actuel Président de l’État israélien), cette fois-ci, dirigé par Shaud Mofaz (64 ans), il n’obtient aucun siège. Sa leader de 2009, Tzipi Livni, pressentie Premier Ministre, avait ensuite échoué
à rester à la tête du parti et était partie fonder un autre parti centriste, Hatnuah qui aurait obtenu 7 sièges sur les 120 que comptent la Knesset (sur 7 sortants).
La Knesset sortante issue des élections du 10 février 2009
Kadima, le parti du Premier Ministre Olmert, était effectivement arrivé en tête avec 28 sièges, devançant
d’un siège le Likoud de Netanyahou qui avait cependant plus que doublé sa représentation de 2006.
En s’étant allié avec des partis extrémistes, notamment Israel Beytenou dirigé par
Avigdor Liberman (54 ans) qui avait obtenu 15 sièges, Benyamin Netanayhou avait réussi à former un gouvernement le 31 mars 2009. Il avait été le Premier Ministre le plus jeune de toute
l’histoire israélienne (à 46 ans) du 18 juin 1996 au 6 juillet 1999, par les élections qui suivirent l’assassinat d’Itzhak Rabin (le 4 novembre 1995).
Quant au parti travailliste, il s’était effondré en perdant un tiers de ses sièges avec seulement 13
sièges.
La situation depuis le 22 janvier 2013
Selon les dernières estimations sur 99,5% bulletins de vote, le Likoud qui avait fait des listes communes
avec le parti d’extrême droite Israel Beytenou aurait obtenu 32 à 33 sièges (au lieu des 42 sortants) mais serait conforté en regroupant derrière la coalition de droite 61 sièges (certaines
estimations lui donneraient 31 élus).
La grande surprise de ce scrutin, c’est l’éruption d’un parti de centre gauche, Yesh Atid, créé en avril 2012
par le journaliste Yaïr Lapid (49 ans), qui a gagné la deuxième place avec 19 sièges, nettement devant les travaillistes, dirigés par l’ancienne présentatrice de télévision Shell Yachimovitch (52
ans), qui n’auraient gagné que deux sièges, avec 15 sièges (certaines estimations leur attribueraient 17 sièges).
Alors que le paysage politique avait été bouleversé par l’arrivée du parti centriste Kadima en 2006, celui-ci
n’a désormais plus d’existence parlementaire et ses "ressortissants", comme ceux du petit parti créé par Tzipi Livni (54 ans) en novembre 2012 et qui a fait campagne pour relancer le processus de
paix avec les Palestiniens, n’ont qu’une importance marginale (7 sièges).
L’autre percée concerne le parti extrémiste "La Maison juive" qui a prôné pendant la campagne l’accélération
de la colonisation dans les territoires palestiniens et qui obtiendrait 12 sièges (il quadruplerait son score de 2009 mais certains sondages l’avaient placé encore plus haut).
Les deux partis religieux (Shass et Judaïsme unifié de la Torah) devraient avoir une représentation
sensiblement identique à la précédente assemblée (respectivement 11 à 13 élus et 6 élus).
Que va faire Netanyahou ?
Deux possibilités s’offrent à lui. Ou rester dans un bloc de droite avec le Likoud-Israel Beytenou et les
partis religieux et extrémistes, ce qui lui donnerait une majorité très serrée estimée à 61 ou 62 sièges (sur 120). Ou décider de faire une grande coalition avec les "nouveaux" centristes et les
travaillistes, ce qui formerait un bloc gouvernemental qui pourrait compter sur environ 72 députés.
La solution de facilité serait bien sûr d’éviter la grande coalition. Mais la perspective de réunir les
principaux courants politiques d’Israël pour redéfinir un nouveau processus de paix avec les Palestiniens serait pour Benyamin Netanyahou un défi historique, celui de rattraper les Accords d’Oslo
qu’il avait lui-même rejetés à leur signature et de stabiliser une région tendue par de nouveaux foyers de violence en Syrie et en Égypte.
C’est en tout cas ce que souhaite Yaïr Lapid, qui pourrait obtenir, dans cette hypothèse, un grand ministère
(Défense, Affaires étrangères ou Finances) : « Je sens le poids de cette responsabilité et j’appelle les dirigeants de la classe politique de
faire tout leur possible pour créer un gouvernement aussi large que possible qui regroupera les forces modérées de gauche et de droite pour mener un véritable changement en Israël. »
(cité par RFI). En somme, ce que François Bayrou proposait de faire en France pendant la campagne
présidentielle de 2012 en prônant l’unité nationale.
Au moins, c’est la démocratie
Il y a une grande complexité dans la vie politique en Israël, certes, mais au moins, il y a une vie
démocratique réelle, ce qui, dans cette partie du monde, reste une exception. La recherche de la paix est
difficilement compatible avec la démagogie. Espérons que les différents acteurs politiques se responsabilisent enfin pour l’intérêt général…
Aussi sur le
blog.
Sylvain Rakotoarison (23 janvier
2013)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Ehoud Olmert (août
2008).
Shimon Peres (juin
2007).
(Illustration : répartition des sièges en 2009 schématisée par Wikipédia).
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/democratie-israelienne-explosive-129456