La guerre contre les djihadistes devrait être assez facilement gagnée. Ils ne sont pas si nombreux que cela, la fermeture des frontières de tous les voisins du Mali leur interdit d'aller se "resourcer" dans des zones protégées, inaccessibles aux militaires français et maliens et le désert, vide d'habitants ou presque, ne leur apportera pas le soutien des populations nécessaire aux guérillas pour se protéger, trouver des forces et renverser l'opinion à leur avantage (à défaut de pouvoir cibler les adversaires, on tape dans la foule suscitant rapidement l'opposition de ceux que l'on est censé protéger). Bien loin d'une situation à la vietnamienne, à la chinoise ou à l'algérienne, les djihadistes risquent de se retrouver dans la situation des guérillas latino-américaines condamnées à végéter dans des zones peu peuplées.
Mais une fois "gagnée" cette guerre (gagner pouvant vouloir dire : cantonner les groupes djihadistes dans des zones où ils peuvent difficilement survivre et se développer), il faudra gagner l'autre : celle de la reconstruction du Mali qui passe par la reconnaissance de l'autonomie du Nord du pays pour régler la question touareg, l'installation de la démocratie et d'un Etat efficace. Or, les choses promettent d'être beaucoup plus compliquées :
- la reconnaissance d''une certaine autonomie du Nord du Mali va se heurter aux craintes des voisins du Mali, notamment de l'Algérie, de voir pareilles revendications s'installer chez eux,
- la reconstruction d'un Etat et de la démocratie au Mali même sera difficile du fait même de la fragmentation politique et ethnique de ce pays, des pratiques clientélistes de sa classe politique, de ce qui rend si instable tant de pays de l'Afrique subsaharienne depuis qu'ils sont devenus indépendants,
- la France deviendra alors la première cible, accusée de néo-colonialisme, de vouloir s'insérer dans les affaires intérieures de l'Etat.