evant l'espace disque considérable qu'a commencé à monopoliser le stockage de mes photos, je me suis finalement décidé à investir dans un petit NAS. Mon critère de choix principal n'a alors pas été la capacité, le support du RAID ou encore des fonctionnalités qu'on trouvait grosso modo chez tous les constructeurs. Ce que je voulais avant tout, c'était un boîtier qui tourne sous un OS libre auquel je puisse avoir un accès complet et privilégié en ligne de commande.
Trois raisons majeures ont orienté ce choix. D'abord, la curiosité bien évidemment : j'avais envie de pouvoir y accéder, tout simplement pour voir de quoi il retournait. Ensuite, la sécurité de mes données : parce que ça arrive aussi, je voulais pouvoir récupérer moi-même le contenu des disques en cas de panne du boîtier. Enfin, la flexibilité : je voulais pouvoir le personnaliser en supprimant, ajoutant ou remplaçant des applications. Autrement dit, pouvoir utiliser mon NAS comme je l'entendais...
Mon premier chois s'est porté sur un Western Digital MyBook World Edition II. Un nom bien long pour désigner un boîtier à deux disques supportant le RAID1, proposant quelques services réseaux utiles et tournant sur la base d'un bon vieux Linux facilement accessible en SSH et customisable à souhait via optware. Fort de quelques expériences précédentes du RAID Linux, je savais également qu'au besoin, je pourrais non seulement récupérer mes données en sortant les disques, mais aussi potentiellement étendre ma capacité de stockage en étendant la grappe en RAID5 sur un boîtier proposant plus de disques. Le tout pour un prix relativement modeste.
Globalement, je n'ai pas regretté ce choix, bien au contraire. Pourquoi ? Parce que cet accès root m'a sauvé, il faut bien le reconnaître, d'une dotation logicielle assez pauvre. Outre une interface web pas géniale, ce boîtier propose par exemple un serveur DLNA qui, non content de ne pas s'intégrer dans l'interface sus-mentionnée, manque singulièrement de... tenue... Buggé, instable et lent, c'est tout ce que j'en retiens... Or comme la Freebox ne sait pas monter un partage réseau[1], c'est le seul moyen de lui streamer du contenu multimédia via une fonctionnalité standard du boîtier. Ce logiciel s'est donc rapidement vu remplacé par un MediaTomb qui, lui au moins, a le bon goût de fonctionner...
Quant au gestionnaire de téléchargements, il ne soutient pas le moins du monde la comparaison avec un démon Transmission par exemple.
Ensuite, la dotation de base ne comprend pas, entre autres exemples, de serveur d'impression, de terminaison VPN ou de solution de backup ouverte. Autant de fonctionnalités installables simplement en ligne de commande, et qui permettent de passer d'un NAS pas trop cher plutôt moyen à quelque chose qui répond à nombre de besoins comme pourraient le faire des solutions sensiblement plus chères, mais pas forcément utilisées à fond.
Et puis le temps passant, quand on change de boîtier reflex, qu'on se met à prendre ses en RAW et qu'on commence à faire des vidéo, l'espace disponible commence à fondre. Et période de soldes aidant, on se prend à vouloir se ré-équiper. Genre avec un bon gros boîtier à quatre disques flambant neufs, gros et rapides, le tout en RAID5 par exemple. Là, pour le coup, il y a moins de constructeurs sur le marché, et quoi qu'on en dise, sauf à privilégier des aspects particulier, quelques uns se valent. Encore une fois, j'ai opté pour un produit qui propose en guise d'OS un Linux accessible, de bonnes performance et, cerise sur le gâteau, une dotation logicielle de base plutôt sympathique.
Et c'est là, une fois ce nouveau NAS installé, configuré et prêt à recevoir les données de l'ancien que j'ai mis le doigt sur une quatrième excellente raison de préférer une plate-forme accessible. À savoir réaliser efficacement des opérations de maintenance. Car transférer l'intégralité des données présentes sur le NAS actuel, soit environ 1.6To, vers le nouveau peut prendre un certain temps. Voire un temps certain...
En effet, l'approche la plus commune du problème consistera à monter sur sa machine les partages réseau de chacun, en CIFS, NFS ou tout autre protocole supporté de son choix, pour lancer une copie de l'ancien vers le nouveau. Ce qui évidemment, du fait de la charge réseau importante due à l'aller-retour des données entre les NAS et votre machine, et d'une surchage protocolaire clairement pas négligeable, bref d'une inadaptation totale de la méthode au but recherché, va prendre des plombes. Un temps considérable estimé dans mon cas à un peu plus de quarante heures...
Or il se trouve qu'en ayant accès à ses NAS en SSH[2], on peut tout simplement effectuer le transfert directement de l'un à l'autre en utilisant un protocole beaucoup plus adapté. En se loguant sur le premier, on peut lancer le client qui va bien pour accéder aux système de fichiers de l'autre en FTP, SFTP ou tout autre moyen de transfert jugé pertinent, comme par exemple piper un tar dans SSH. Et c'est parti. Restera éventuellement à repositionner les droits d'accès qui vont bien et on sera bon.
Et comme vous ne voulez certainement pas immobiliser votre machine jusqu'à la fin du transfert, vous serez bien inspirés d'installer screen avant de commencer ;)
Bilan des courses, au lieu de pleurer devant la maigre dizaine de Mo/s que me permettait d'atteindre la méthode de base, je suis allègrement passé autour de la soixantaine de Mo/s en moyenne sur l'intégralité du transfert. Ou comment diviser par six le temps de transfert, et sans bloquer le laptop. Pour deux francs six sous, et en ligne de commande...
Bref, mon conseil à deux balles de la matinée : si vous prenez un NAS, quel qu'il soit, vérifiez avant que vous pouvez y accéder. Ça sert certes à bidouiller au besoin, mais ça dépanne infiniment quand il s'agit de réaliser des tas d'opérations de maintenance, a priori simples, mais consommatrices de ressources...
Notes
[1] Ou alors je n'ai pas trouvé comment faire...
[2] Pas forcément les deux, un seul peut suffire.