Pour ce nouvel épisode de « Et si on en parlait vraiment », Jean-François Hauteville a décidé de nous parler d’une molécule qui fait débat : le Baclofène, autorisée sur le marché depuis 40 ans comme relaxant musculaire est utilisée depuis une dizaine d’années comme traitement de la dépendance à l’alcool. L’agence du médicament est en train de l’analyser pour pouvoir la légaliser, dans un premier temps temporairement, dans les six mois à venir.
Je sais pertinemment que les propos à venir vont me valoir quelques inimitiés mais je souhaite amener quelques éléments de réalité autour de ce produit et du « traitement » médiatique dont il a fait l’objet.
La couverture du Nouvel Obs de mai 2012 : « On a trouvé un remède contre l’alcoolisme », fait partie de ces effets d’annonce racoleurs qui ne s’appuient sur aucune étude médicale digne de ce nom (elles sont seulement en cours…). Décrire le baclofène comme un médicament « miracle » pour traiter l’alcoolisme est au mieux une contre information. Avaler un comprimé suffirait pour supprimer les angoisses, la dépression, les envies de boire, retrouver un bien-être, etc… Permettez moi juste d’être sceptique. Si la chimie peut aider, c’est incontestable, elle ne peut suffire pour traiter une pathologie qui n’est pas que somatique ou psychique mais également une pathologie du lien, une pathologie du mal-être, une pathologie sociale…
Jean-François Hauteville est infirmier en Centre Hospitalier à Lyon et a suivi de nombreuses formations dans l’addictologie, notamment en alcoologie, toxicomanie, jeux pathologiques et troubles compulsifs alimentaires.
Quels effets secondaires ?
Le Dr Ameisen a une conception particulière de la « normalité » quand il explique qu’avec le baclofène il a pu recommencer à boire « raisonnablement » et revenir « dans le monde des gens normaux » ! Olivier Ameisen, c’est ce médecin qui, depuis l’enfance est tenaillé par de profonds sentiments d’insécurité et d’inadéquation, anxiété qu’il soulage en sombrant dans l’alcool. Cardiologue d’exception, pianiste brillant, il n’est plus que l’ombre de lui-même, titubant d’une cuite à l’autre, alternant cures de désintoxication et réunions chez les Alcooliques Anonymes. Pourtant, il connaîtra une guérison miracle, affirmant n’avoir même plus envie de boire grâce au traitement par la baclofène.
Avant toute chose, il est important de se poser quelques questions : boire est-il indispensable ? Un verre d’alcool de temps en temps ? Pourquoi faire ? Pour paraître socialement normal ? Mentalement normal ? Pour s’en convaincre… plus qu’aux autres ? Pour le goût…sans les effets ? C’est oublier aussi que les posologies recommandées par ce médecin sont jusqu’à 6 fois la posologie conseillée pour traiter les spasmes musculaires de la sclérose en plaque ! Et sans aucune étude pour en évaluer les conséquences !
Aurait-on déjà oublié le Médiator ?
La liste des effets secondaires à posologie adaptée « connus » serait déjà trop longue pour cet article ! Citons juste les troubles de la conscience pouvant aller jusqu’au coma, une hypotonie, (faiblesse) musculaire pouvant atteindre les muscles respiratoires…
En résumé oui, pourquoi pas le baclofène dans le traitement de l’alcoolodépendance… Mais ne surmédicalisons pas cette pathologie et attendons le résultat des études qui ont débuté depuis peu !