C’est donc un euro sur cinq qui échappe à l’impôt. Soit près de deux fois ce que rapporte l’impôt sur le revenu (50 milliards). Un montant en augmentation de 30 à 40 % en l’espace de quelques années.
Ce montant dépasse largement le montant de 50 milliards régulièrement évoqués par nos dirigeants de quel bord que ce soit, histoire de minimiser leur incurie et surtout l’estimation du Sénat de 2012 – 30 à 36 milliards d’euros- que le Sénat lui -même avait qualifié de basse.
Il démontre en tout les cas que la baisse des dépenses publiques par la suppression des fonctionnaires est loin d’être l’alpha et l’oméga d’une bonne gestion des finances publiques.
Recruter quelques centaines de fonctionnaires chargés de lutter contre cette fraude serait largement bénéficiaire, or le rapport constate que le service chargé de cette lutte a perdu plus de 18% de ses effectifs en 10 ans , soit 26 000 postes.
Le tableau des effectifs de plusieurs pays européens figurant sur le rapport montre bien cette contradiction.
A la vue des effectifs, certains vont vite cesser de considérer le modèle allemand comme un exemple à suivre. Et pourtant, pour une fois, nous le considérons pertinent.
Reste que la lutte est loin d’être gagnée. Le manque de volonté politique est évident et que la fraude soit en augmentation en est un signe évident. L’évasion fiscale rappelons-le, est un jeu d’enfant et le cas d’Apple en est un parfait exemple. L’optimisation fiscale, légale, est florissante.
Au niveau des pays Européens, la fraude a été estimée à 1 000 milliards d’euros par an par la Commission européenne qui s’ajoutent aux 200 milliards de fraude aux subventions européennes.
Si l’on revient en France, un rapide calcul permet d’établir un enrichissement pour la collectivité assez conséquent pour peu qu’on s’en donne la peine.
- 7o milliards d’euros (coupons la poire en deux) de fraude
- 120 milliards d’économies certaines (voir notre article)
- niches fiscales (il y en près de 500 pour la majorité inutiles): 70 milliards
- fraude aux cotisations sociales: 20 milliards
On en est déjà à près de 300 milliards… par an.
Le journaliste Antoine Peillon, grand reporter au journal La Croix a estimé dans son livre, « Ces 600 milliards qui manquent à la France » à 590 milliards d’euros l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux, dont 220 milliards appartenant aux Français les plus riches (le reste étant le fait des entreprises). Environ la moitié de ce total (108 milliards) seraient dissimulés en Suisse
900 milliards donc . Paraît-il qu’il n’y a plus d’argent, que c’est la crise et qu’il faut se serrer la ceinture. Bon.
Source: Le Monde