Les films de la semaine passée :
Les petits/moyens films latinos tardent à nous arriver depuis quelques mois. Une bonne raison pour ne pas manquer cet El Último Elvis premier long métrage de l'argentin Armando Bo. Donc, il s'agit d'un ouvrier quarantenaire qui, le soir, est Elvis Presley. Il n'est pas Elvis à la manière dont un travelo devient quelqu'un d'autre pour le plaisir ou pour l'argent. Non, Carlos Gutiérrez n'est pas un simple sosie, il est quelqu'un à la frontière, en devenir ou en voie de s'éteindre, quelqu'un à qui Dieu a fait le don de la voix du King, quelqu'un qui est le King. L'acteur non-professionnel John Mac Inerny interprête Carlos Gutiérrez et lui fait don (on donne beaucoup ici) de la grâce de n'être pas une contrefaçon, une imitation ou, pire, une caricature d'Elvis, Carlos EST Elvis, sa femme est Priscilla, sa fille Lisa-Marie.
Il est vrai que John Mac Inerny a une voix étonnante. Aussi belle est modulée que celle du King et ce n'est pas la voix d'un imitateur, écoutez la bande-son.
Au final, ce film enchante (ça a été le premier vrai bonheur ciné de l'année, bien plus sincère que le classieux The Master), mais il surprend aussi, jusqu'à un certain malaise. Car la mise en abyme est totale : un personnage qui n'est pas Elvis, mais qui se veut Elvis, interprété par un acteur qui n'en est pas un mais, lui aussi, fait le métier, en dehors du film, d'être Elvis. Avec un regard, un sourire, tu sais, un oeil triste, l'autre qui s'en moque.
Et un jeune réalisateur qui, dans ce grand puzzle carcéral (un homme prisonnier d'un personnage joué par un acteur prisonnier de son personnage, lui-même prisonnier du mythe) a su percevoir et restituer, au-delà du strass ou dans les reflets scintillants du strass, une sorte de vérité dernière, montrer la profonde mélancolie, la nostalgie dévorante d'Elvis Presley, le king du rock, le prisonnier de sa légende, de ses sandwiches banane-beurre de cacahuète et de son palais/prison de stuc.
Quand on est sorti du MK2 Hautefeuille, la neige tombait lentement du ciel comme une pluie d'anges, le Boulevard Saint-Michel était désert et la nuit silencieuse nous absorbait dans une irréalité cotonneuse. Love me tender, love me sweet...
Sinon, évidemment, le film de la semaine, à ne surtout pas manquer, c'était Django unchained. Mais tout le monde en a tellement parlé que je ne saurais quoi en dire, sinon une triste prise de conscience : Quentin Tarentino, de film en film et le silence se faisant autour de lui, résume à lui seul le cinéma d'action américain, populaire, démocratique et généreux et c'est un peu triste. Où sont les autres ? Quel autre cinéaste américain a proposé depuis douze mois un film aussi complet, dense, passionnant ? Allez, depuis 24 mois ?
C'est la vie qui va...
Dans la série Les français parlent aux français, Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-point, s'adresse à nous :
J'ai invité JMR à s'expliquer ici à propos du mariage pour tous, car je voulais évoquer cette question, sans vraiment (avoir le temps de) trouver les bons mots. Et, opportunément, Le Théâtre du Rond-Point, en partenariat avec Les Inrockuptibles, Témoignage Chrétien, le Bondy Blog, Respect Magazine, Rue 89 et un collectif présidé par Pierre Bergé, organise
le dimanche 27 janvier
une soirée de soutien au mariage pour tous.
La réservation est terminée, mais la soirée sera diffusée en direct en live stream sur Dailymotion. Et dimanche après-midi, c'est manif...
Bonne semaine, amis homos, hétéros et autres, bons films, bonne manif, belles découvertes.