Ne dites pas à ma mère que je suis vivant - Lyne Richard

Par Venise19 @VeniseLandry
L’histoire commence par l’éclatement d’une famille de quatre personnes ; parents, garçon et fille. La mère surprend le père et la fille en train de faire l’amour, les deux explicitement consentants. Le lecteur n’est pas seul à être sous le choc, la mère, incapable d’assimiler ce qu’elle vient de voir, perd instantanément la mémoire. J’ai apprécié que l’auteure ne se soit pas attardée sur le fait mais plutôt les conséquences sur le fils et la mère.
Dix années s’écoulent et nous reprenons le fil par les yeux de Thomas, le fils. Il a voulu en finir avec la vie et on le retrouve dans une clinique soignant les problèmes psychologiques, et pas n’importe quelle clinique ! Madame Lyne Richard s’est fait plaisir en nous présentant l’endroit idéal pour guérison de maux psychologiques. Cette clinique à l’Ile d’Orléans est entourée de beauté. Les arts, une nature splendide, de la liberté, et des psychiatres non conventionnels sont en place pour panser les blessures de l’esprit. Thomas et sa mère en bénéficient, la mère depuis 10 ans, le fils depuis peu. C’est le père qui défraie leurs soins.
L’histoire d’une infirmière de la clinique, Mathilde, se lit en parallèle de celle de Thomas. On entre dans l’intimité de la relation amoureuse de Mathilde et son conjoint. L’intense appétit des sens de la jeune femme est laissé en plan depuis des années avec son mari qui l’adore mais qui a une relation sexuelle mensuelle. C’est un pianiste, désincarné de ses besoins physiques et fermé aux besoins de son épouse. Celle-ci en souffre beaucoup et a accumulé tant de frustrations qu’elle lui en veut terriblement.
Nous suivrons les destins de Thomas et Mathilde et celui de la mère également. Ceux du père et de la sœur seront laissés à notre imagination. J’ai vu deux parties au roman, la première se déroule à la clinique où Thomas rode aux alentours de la demeure de Mathilde et l’autre partie, en Gaspésie. Ce voyage dans la péninsule à pour but d’éclaircir un fait qui pourrait aider la guérison de sa mère.
Les prémisses, assez longues mais sans trop de longueurs, ne laissent pas présager la complexité à venir des intrigues. La persistance du lecteur est récompensée par un enchevêtrement de destins à démêler. En exagérant un peu, c’est presque de l’ordre du roman policier !
Comme je tiens à taire les intrigues, il n’est pas évident de communiquer mon appréciation. Je peux par contre révéler que le style aérien aux empreintes poétiques m’est apparu idéal pour magnifier la beauté sous toutes ses formes, et particulièrement la peinture. Madame Richard porte avec efficacité et distinction le thème majeur de cette œuvre : l’art guérit, même les âmes les plus chagrines. J’ai pas mal moins accroché à la souffrance de Mathilde et ses sens aux abois. Je n’ai pas beaucoup cru à son plaidoyer de victime du manque de désir de son mari. Les appétits peuvent différer d’une personne à l’autre et il me semble que l’amour est présent, on peut arriver à un terrain d’entente. Lyne Richard désirait probablement encenser le plaisir des sens, et le rendre primordial, mais par cette histoire maladroite, le message n’est pas passé pour moi.
Une histoire riche où Lyne Richard nous fait plonger dans les eaux troubles des affres psychologiques, en nous ancrant suffisamment pour qu’on ne parte pas à la dérive. Et puis, cette clinique idéale, qui sait, elle existera peut-être un jour !
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Une primeur, je vous envoie à la critique littéraire Danielle Laurin pour ce titre.  J’aurais pu prendre plusieurs de ses idées et les transposer ici en mes mots, puisque je les partageais. Je me suis bien sûr abstenue, puisqu’avant de la lire, je n’ai pas été capable de les verbaliser.