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L’odyssée de Pi (Ang Lee) et the Master (Paul Thomas Anderson)

Par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

A l’inverse des critiques

Second volet du rattrapage de la période des fêtes, L’odyssée de Pi fait partie pour moi des films que je voulais voir si j’en avais l’occasion.

Avant d’y aller, j’ai pourtant entendu et lu beaucoup de critiques négatives, disant notamment car il s’agit d’une histoire inadaptable à l’écran et que le film ne parvient pas à en rendre compte. J’y suis allée sans a priori et sans connaître le livre d’origine, en sachant tout juste que le héros était originaire de Pondichéry (et qu’on verrait peut être la maison de famille au détour d’un plan), et qu’il était plus ou moins question d’un jeune homme et de sa survie en compagnie d’un tigre.

Personnellement j’ai eu une jolie surprise en regardant le film, qui évoque bon nombre de notions et de valeurs fondamentales à propos desquelles le spectateur peut librement réfléchir.

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Guidés par le récit du héros, qu’il fait lui-même étant adulte, nous sommes d’emblée mis en position d’écoute, dans une situation de conte. En effet, Pi rapporte à un romancier en panne d’inspiration, son histoire, afin que ce dernier puisse écrire à nouveau. Si ce dernier fait preuve d’impatience, pour parvenir à la manière dont Pi a affronté son abandon en mer, notre héros prend plaisir à planter le décor et nous embarque chez lui en Inde.

Dans une atmosphère idyllique, dont émane sa nostalgie, nous abordons son cadre familial, et ses questionnements métaphysiques sur le sens de la vie. Pondichéry, comme ancien comptoir français de l’Inde, se prête bien à ces interrogations. Diverses religions y cohabitent, différents courants de pensée influencent les mentalités. Ainsi face à la foi de son fils, le père de Pi oppose la rationalité, lui demandant d’explorer aussi cette voie. Même la présentation de la danse traditionnelle du Sud de l’Inde, le bharata natyam n’est pas un simple clin d’œil. Elle est abordée dans son langage précis, dans la signification de ses gestes.

LodyssedePi_cohabitation
Lorsque le film bascule dans l’aventure extraordinaire vécu par Pi, resté en mer pendant plus de 230 jours, on en prend plein les yeux. Les images sont soignées et spectaculaires.
L’histoire de la survie fait écho à la notion fondamentale d’amour et de conservation de soi. Ce sont ici les instincts premiers qui s’expriment mettant en question la notion d’humanité. La présence du tigre est une menace et en même temps nécessaire pour se garder en vie. Vraisemblable, le félin est davantage dans un registre réaliste que dans celui du conte et de l’imaginaire. A aucun moment on le verra devenir une sorte de peluche, à qui ont peut prêter des « émotions ». L’imaginaire pourtant présent, est davantage attribué à la mer : successivement reflet de l’âme, miroir de la solitude, puissance destructrice.
Inoculant en dernier lieu, le doute, dans son récit, Pi termine son histoire extraordinaire et qu’il est seul à pouvoir attester devant une audience touchée.
On en ressort un peu rêveur si on a réussi à s’embarquer avec lui en mer. 

En revanche, The Master, film encensé par la critique m’a laissée perplexe. Le propos est séduisant : traiter des balbutiements de la scientologie par l’intermédiaire d’un vétéran, tout juste débarqué de la guerre. Les deux acteurs sont excellents, Joaquin Phoenix, méconnaissable en marin violent abîmé par l’alcool et son vécu de guerre, et Philip Seymour Hoffman, personnage jovial et charismatique, dispensant sa pensée avec une douceur mêlée d’une certaine violence.

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A peine a-t-il posé le pied à terre, Freddie Quell réembarque, cette fois sur le bateau de Lancaster Dodd, et c’est le début d’un rapport intrinsèque entre les deux hommes, qui entrent tous les deux dans une interdépendance. Ce penseur critiqué est obligé de fuir des dissidents et de partir en mer pour tenter de cesser de se justifier. Sa famille qu’il dresse devant lui comme pour se donner de la contenance et se conforter dans ses convictions  n’est pas exactement ce qu’il pense. Sa femme radicalise ses principes et le ramène lui-même hors de ses additions, tandis que les plus jeunes mènent une conduite douteuse. Si le travail des plans ou de la photographie sont indéniables, le scénario peine à livrer le message. Que veut-on montrer : l’enrôlement ? Une certaine relation maître-esclave ? Ces tentatives semblent n’aboutir à rien. Ni le rapport entre les deux hommes, ni la psychologie détraquée de Freddie Quell ne sont explorées en profondeur malgré le jeu des acteurs. J’aurais aimé apprécier le film, qui a été pour moi davantage une déception.

A voir :
L’odyssée de Pi, un film américain de Ang Lee (2h05)
&
The Master, un film américain de Paul Thomas Anderson (2h17)


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