Billet également disponible sur le blogue de Raymond Viger.
L’industrie du cinéma homophobe?
Un film « trop gay » pour Hollywood?
Behind The Candelabra, le prochain film du réalisateur Steven Soderbergh sur la vie de Liberace, ne sortira pas en salles. La raison invoquée par les grands studios hollywoodiens pour refuser de le projeter dans les salles est que le film serait « trop gay ».
Anders Turgeon Dossiers Homosexualité, Cinéma
Mais voilà qu’aucun grand studio d’Hollywood ne veut financer la distribution du film dans les grandes salles. Ces studios justifient leur refus de projeter le long-métrage dans les salles, car ils trouvent Behind The Candelabra « trop gay », selon des articles du Huffington Post, des Inrocks et du Nouvel Observateur. Steven Soderbergh partage sa déception par rapport à la frilosité d’Hollywood devant son film :
Personne ne voulait le faire. Nous sommes allés voir tout le monde. Nous avions besoin de 5 millions de dollars. Personne ne voulait le faire. Ils trouvaient le film trop gay. Tout le monde. C’était pourtant après Brokeback Mountain, qui n’est pas aussi drôle que ce film-ci. J’étais abasourdi. Ça n’avait pas de sens pour nous. (…) Les studios nous disaient “on ne sait pas comment le vendre”. Ils avaient peur.
Il est difficile de ne pas partager la déception de Soderbergh. Il était permis de croire qu’Hollywood avait changé sa mentalité conservatrice en projetant, à grande échelle, des films abordant de front l’homosexualité comme Brokeback Mountain, Harvey Milk et I Love You Philip Morris. Mais nous avions tort.
Pourtant, Behind The Candelabra pourrait être vendu comme un film biographique sur un personnage qui se démarquait dans le paysage culturel américain de par son image extraordinaire et résolument kitsch. Ses acteurs principaux, Michael Douglas et Matt Damon, sont très populaires et acceptent volontiers de mettre leur hétérosexualité en veilleuse, le temps d’incarner deux personnages homosexuels.
Et un film biographique sur Liberace ne peut pas passer sous silence la flamboyance de ce personnage. À l’instar d’Elton John, lors de ses concerts ou de ses apparitions publiques, il ne se gênait pas pour étaler ses goûts fantasques et adorait les paillettes. Et tout ce qui comporte de l’excentricité et des paillettes est très prisé dans la communauté gaie. Mais paradoxalement, Liberace n’a jamais voulu admettre son homosexualité de son vivant.
Bref, l’exubérance de Liberace fait visiblement peur aux bonzes des grands studios dans Behind The Candelabra. Ils craignent que le film ne soit pas assez rentable quant au public plus restreint visé par ce dernier. Pourtant, Brokeback Mountain a réalisé des recettes de 83M $ sur un budget de 14M $, preuve qu’un film « gay » peut connaître du succès au box-office.
En attendant, Behind The Candelabra connaîtra une seconde vie sur la chaîne câblée américaine HBO au printemps prochain. C’est peut-être révélateur du fait que la télévision américaine se fait plus ouverte et audacieuse qu’à Hollywood…
Citation tirée de l’article des Inrocks.
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