Le logement intergénérationnel est-il une fausse bonne idée ?

Depuis quelques temps de nombreux interlocuteurs me vantent les bienfaits du logement intergénérationnel.

Le principe, très simple, peut être schématisé de la façon suivante :

une personne âgée isolée disposant d’un grand logement offre (ou loue à prix modéré) une pièce de sa maison à un étudiant contre un peu de compagnie et quelques services.

A en croire les spécialistes, les avantages ne manquent pas. Ce type de dispositif permettrait de réduire la pénurie de logement, d’assurer une présence pour les personnes âgée tout en développant le lien entre les générations. Un consensus semble se dégager entre les pouvoirs publics et le monde associatif pour encourager ce type d’initiatives. Les médias relayent le phénomène et réalisent de sympathiques sujets sur ces collocations d’un nouveau genre.

Fervent partisan du rapprochement entre les générations, je devrais donc en théorie être enthousiaste. Et pourtant, je ne le suis pas. Je n’ai pas à ce stade de vision tranchée mais je me pose les questions suivantes :

• A un âge critique de la vie où la prise d’autonomie compte pour le développement de soi, faut-il se satisfaire de ces dispositifs qui maintiennent les étudiants dans la dépendance des seniors ?

Le reportage que j’ai visionné le montrait clairement : c’est la personne âgée accueillante qui fixe les règles de vie. En l’espèce, interdiction d’accueillir des copains/copines, pas de musique, etc. Et le jeune doit s’exécuter sans broncher s’il souhaite conserver son logement.

Autre interrogation plus taquine : comment la génération 68, qui encourage aujourd’hui ces dispositifs, aurait-elle réagit si on lui avait proposé ce type de logement à 20 ans ? Se serait-elle réjouit à l’idée ne pas pouvoir recevoir d’amis ou de devoir rentrer avant une certaine heure ? Il est permit d’en douter.

Et sur le fond, peut-on parler de rapprochement des générations lorsqu’une personne impose à l’autre ses normes de comportement ?

• Ne serait-il pas préférable de se fixer comme objectif que chaque étudiant puisse accéder au logement par lui-même ?

L’objectif est-il à ce point inatteignable qu’il faille y renoncer ?

Ne peut-on pas, à l’image de la ville d’Amsterdam et de ses conteneurs recyclés en studio, innover pour permettre aux étudiants de se loger par eux-même pour un prix décent ?

Une chose est sûre, lorsque les étudiants auront les moyens de se loger décemment par eux même, on ne pourra que saluer le logement intergénérationnel car il relèvera d’un choix et non d’une contrainte économique.