Pendant que je rédige ce billet sur le thriller « Les anonymes », j’écoute en direct le second discours d’investiture du Président Obama. Et c’est une autre image de la vie publique à Washington que celle qui vient de m’être livrée au long des 731 pages de ce roman noir, écrit dans la tradition la plus classique par un écrivain britannique au parcours personnel pour le moins chaotique. Car R.J. Ellory est né en 1965 en Angleterre et a connu dans sa courte vie bien des vicissitudes : l’orphelinat, la prison, la musique, la photographie, l’écriture. Et il fait bien de se tenir à ce dernier talent.
« A simple act of violence » est le titre original de ce roman haletant. Paradoxal, alors qu’il s’ouvre sur une série de meurtres de femmes, étranglées, avec un fin ruban de couleur pastel autour du cou et portant une étiquette vierge, telles celles qu’on attache au gros orteil des cadavres, à la morgue. L’inspecteur Robert Miller est en charge de la dernière affaire, le meurtre de Catherine Sheridan, chez elle … Mais il doute qu’il y ait un lien entre ce nouvel assassinat et les précédents.
Robert Miller nous est d’emblée sympathique. Pourtant, il relève d’une mise à pied pour une sombre affaire de maquereau tué dans des conditions obscures. Il a été blanchi par les affaires internes, mais a laissé beaucoup de plumes dans cette histoire. Seul, acharné, il découvre bientôt que cette Catherine Sheridan, et aussi les autres victimes du « tueur au ruban » n’ont aucune existence légale : un numéro de sécurité sociale correspondant à des personnes décédées, aucunes empreintes digitales répertoriées, pas de famille, un salaire viré par une banque obscure … Tout est faux, rien n’aboutit à la plus mince piste. Et lorsque se manifeste un témoin, celui-ci est liquidé juste après sa rencontre avec Miller et son co-équipier.
Dans le même temps, un mystérieux narrateur explique avec luxe détails des événements politiques dramatiques, survenus au Nicaragua au temps du soutien apporté par les Etats-Unis – et son bras armé la CIA - à la rébellion des Contras. Bien vite, on comprend que c’est le tueur qui s’explique … tout en semant des petits cailloux d’indices en direction de Robert Miller. Il va le manipuler jusqu’à l’extrême. Mais qui est-il ? Il n’est pas possible qu’il soit ce professeur d’université si élégant …
Avec ce rappel pas très reluisant des activités occultes des grandes agences gouvernementales (NSA, FBI, CIA …) dans différents pays jugés sensibles par la première puissance du monde libre, nous sommes plongés dans l’ambiance des différents commissariats de la capitale fédérale. Avec de nombreuses références aux séries comme « Les Experts », voici le capitaine, le coroner, le procureur adjoint, le juge, les co-équipiers, les flics de base en uniforme qui s’affairent à élucider cette énigme où le tueur semble toujours posséder un temps d’avance sur les inspecteurs. On comprendra vite pourquoi.
Si l’intrigue historico-politique est un peu difficile à avaler, le style d’écriture – en tous cas bien servi par une excellente traduction – et la dramaturgie savamment élaborée en vrille ascendante, font qu’il est difficile de lâcher le livre avant d’en avoir tourné la dernière page.
Merci à Nicolas de m’avoir offert cet excellent bouquin !
Les anonymes « A Simple Act of Violence », roman de R.J. Ellory, traduit de l’anglais par Clément Baude, Editions Sonatine, en poche, 731 p. 8,10€
Bonjour,
Je viens de lire vos commentaires sur le livre de R.J. ELLORY. Je pensais que ELLORY était un écrivain américain et non britannique. Sur ce je n'ai jamais lu ses livres mais je suis toujours attirée par ce qu'il fait car je trouve que malgré un parcours chaotique il est arrivé aujourd'hui écrivain et suis admirative de son courage.
Merci à vous Bigmmamy pour vos commentaires sur le cinéma, les livres, les ouvrages, les expositions etc.... je vous lis bien agréablement. Bonne continuation et à bientôt