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Wagner, une Défense d'aimer peu concaincante

Publié le 22 janvier 2013 par Luc-Henri Roger @munichandco

Dans le cadre de l'année Wagner, l'orchestre de la radiodiffusion munichoise (Münchner Rundfunkorchester) a proposé dimanche dernier au Prinzregententheater une version concertante d'une des oeuvres de jeunesse de Richard Wagner,  La défense d'aimer ou la novice de Palerme (Das Liebesverbot oder Die Novize von Palermo).
Une soirée en demi teinte qui a fait salle comble pour une oeuvre qu'on ne jouerait sans doute plus si elle ne portait une signature aussi prestigieuse. A l'écouter on est partagé entre l'amusement et l'ennui. L'opéra a été  joué à bureaux fermés pour un public qui a dû passer la soirée à se demander quels passages sont plus italiens et quelles sont les influences françaises. Un exercice à réserver aux seuls musicologues qui chercheront des phrases de Rossini, d'Auber ou de Meyerbeer; Guillaume Tell, la Muette de Portici ou Robert le diable y ont sans doute laissé des traces. D'aucuns se seront encore  demandés si on peut entendre ici ou là une préfiguration de Tannhaüser ou d'un air de Wotan. Ceux qui ne se seront pas creusés la cervelle auront sans doute passé une soirée souriante entre deux pétarades de castagnettes, mais un peu longuette tant l'oeuvre part dans tous les sens. On se souvient de l'affirmation attribuée à Joseph II qui au sortir de l'Enlèvement au sérail trouvait trop de notes à l'opéra de Mozart. Ici on a l'impression qu'il y a trop de texte et que parfois le texte a tendance à remplacer les notes. Et comme l'opéra n'est pas surtitré, et que sans doute personne ne le connaît de mémoire, si on ne s'est pas muni du livret on peut se sentir perdu, même avec une bonne pratique de l'allemand.
L'interprétation est inégale, l'orchestre au grand complet est emmené par un Ulf Schirmer fougueux qui en tire un volume sonore plus convaincu que convaincant. Si les choeurs pragois par soixante peuvent donner la même puissance et participer du volume de l'orchestre, une série de solistes ne passent pas le roulis sonore et ne semblent émettre qu'un filet de voix. Ce n'est certes pas le cas de Daniel Brenna qui déploie un ténor de stentor pour une interprétation sans nuance et quasi joyeuse d'un Claudio pourtant condamné à mort. Le Friedrich de Tuomas Prusio donne un Vice-Roi de Sicile de belle tenue et on s'amuse aux jeux vocaux très réussis de ténor de Bernhard Berchtold qui donne un Luzio plein d'agilité. Magdalena Hinterdobler interprète une Dorella qui si elle n'est pas inintéressante est dénuée de relief. Le beau soprano  étendu de l'Isabella d'Erika Sunnegård  retient l'attention et remporte sa part d'applaudissements. Mais on retiendra plus encore l'interprétation très juste, sensible et émouvante de Mariana par Marika Schönberg, une soprano suédoise que l'on peut entendre depuis une dizaine d'années à l'opéra de Leipzig et dont le travail vaut le détour.
En somme une soirée aussi composite que l'oeuvre présentée, avec quelques sourires musicaux et de rares points d'orgue.
On peut écouter ou réécouter  en ligne l'enregistrement  de l'interprétation du Münchner Rundfunkorchester  en cliquant ici, puis sur Konzert zum nachhören, das Liebesverbot. L'enregistrement reste en ligne jusqu'au 27 janvier.

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